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Actualités - ANALYSE

Éclairage L’offensive à Gaza accroît la popularité du Hamas et affaiblit Abbas

Les islamistes accusent le président palestinien de complicité avec Israël en vue d’une reprise du pouvoir à Gaza. L’offensive israélienne à Gaza renforce la popularité du Hamas auprès des Palestiniens et discrédite le président Mahmoud Abbas qui paraît impuissant. M. Abbas, qui n’exerce aucun contrôle à Gaza depuis qu’il en a été délogé par le Hamas en juin 2007, a beau multiplier les appels à « l’arrêt immédiat » de l’offensive israélienne, sa voix est éclipsée par les images macabres des victimes des raids et des manifestations dans le monde arabe qui passent en boucle sur les télévisions arabes, en premier lieu al-Jazira. Les porte-parole du Hamas multiplient quant à eux les attaques contre M. Abbas, à grand renfort d’images d’archives le montrant avec des dirigeants israéliens. Le chef du groupe parlementaire du Hamas, Moushir al-Masri, a ainsi affirmé que M. Abbas « savait exactement la date de l’opération israélienne surprise lancée à Gaza ». M. Abbas, qui prône un règlement pacifique négocié du conflit avec Israël, peut difficilement dans ce contexte continuer à défendre cette ligne politique déjà rejetée par nombre de Palestiniens au moment où les missiles israéliens font des centaines de morts et de blessés à Gaza. « Le président Abbas est dans une situation peu enviable », convient Samir Awad, doyen de la faculté des sciences politiques à l’université de Bir Zeit, en Cisjordanie. « Israël ne lui a pas laissé de marge de manœuvre. Il ne peut pas continuer à insister sur les négociations alors que celles-ci n’ont rien rapporté à son autorité », ajoute-t-il. Relancées en novembre 2007, les négociations, qui étaient censées aboutir en 2008, n’ont enregistré aucune percée depuis, se heurtant à la poursuite de la colonisation juive, les violences à Gaza, les divisions palestiniennes et les bouleversements politiques en Israël. « Israël a annoncé qu’il était engagé dans une guerre sans merci à Gaza et en tant que président de tous les Palestiniens, Mahmoud Abbas n’a d’autre choix que de proclamer son soutien à Gaza », bien que ce territoire soit contrôlé par ses rivaux du Hamas, ajoute M. Awad. George Giacaman, directeur de la Palestinian Institue for the Study of Democracy basée à Ramallah, estime que l’issue des hostilités à Gaza sera cruciale et décidera du maintien ou de l’effondrement de l’Autorité palestinienne de M. Abbas. « La poursuite de l’agression à Gaza fait monter la cote du Hamas. L’affaiblissement de Abbas est de la faute d’Israël et des États-Unis qui sont responsables de l’absence de progrès dans le processus de paix », souligne-t-il. « L’avenir de l’Autorité palestinienne est dans les mains des États-Unis et d’Israël. Si le peuple palestinien ne voit pas de progrès significatifs dans les négociations, l’Autorité sera affaiblie davantage et risque de ne pas s’en remettre », ajoute-t-il. Il relève que les mouvements ou les personnalités qui tiennent tête à Israël ou subissent ses attaques bénéficient traditionnellement d’un bond de popularité dans l’opinion publique. Ainsi, le chef historique des Palestiniens, Yasser Arafat, alors en perte de vitesse, avait atteint des sommets de popularité à partir de 2002 lorsque son QG à Ramallah avait été encerclé par les chars de l’armée israélienne jusqu’à son hospitalisation et sa mort en France en 2004. « Ce qui se passe actuellement renforce la popularité du Hamas car la rue palestinienne et arabe le voit comme la victime d’une injustice à qui on fait subir une mort quotidienne », affirme M. Giacaman.
Les islamistes accusent le président palestinien de complicité avec Israël en vue d’une reprise du pouvoir à Gaza.
L’offensive israélienne à Gaza renforce la popularité du Hamas auprès des Palestiniens et discrédite le président Mahmoud Abbas qui paraît impuissant.
M. Abbas, qui n’exerce aucun contrôle à Gaza depuis qu’il en a été délogé par le Hamas en...