Rechercher
Rechercher

Actualités

Texto État de projet de Lélia Mezher

« Processus d’édification de l’État », ou encore et surtout « projet d’État ». Cette dernière expression revient, lancinante, dans la grande majorité des discours politiques de l’heure, et à chaque fois qu’un responsable tente de prouver qu’il est avec l’État de droit. Projet. Parmi les synonymes du mot « projet », le dictionnaire (Robert de poche) énumère notamment les mots esquisse, étude, ébauche et – légèrement plus prometteurs – planning, schéma, maquette. Projet connote ainsi une détermination plus ou moins vague, dont rien ne garantit d’ailleurs qu’elle débouchera effectivement sur un résultat concret. État. Là, les choses se corsent un peu plus. En effet, comment définir l’État ? Même les manuels de droit constitutionnel ont des difficultés à appréhender cette notion. « L’État est à la fois une idée et un fait, une abstraction et une organisation », mais de manière plus concrète, un État existe dès lors que se trouvent réunis une population, un territoire et un pouvoir de contrainte. L’État cesse donc d’être un simple projet lorsque les paramètres nécessaires à son fonctionnement normal existent. Au Liban, et tous les hommes de loi en attestent, l’ensemble du système juridique, qu’il soit constitutionnel ou légal, existe depuis l’indépendance. Certes, ni les difficultés ni les guerres n’ont pas épargné un pays qui regroupe au sein de sa population un canevas complexe de confessions et de communautés. Mais aujourd’hui, et quelque trois années après la fin officielle de l’occupation militaire syrienne, n’est-il pas temps de prouver aux citoyens en premier lieu, puis à la communauté internationale, que le Liban n’est pas par essence voué à être régi par les autres… Projet d’État. Les politiques de tout bord se rendent-ils réellement compte de l’impact de cette expression sur la perception qu’ont les citoyens de leur gouvernement ? Le fait de qualifier l’État de simple projet ne jette-t-il pas automatiquement – et irrémédiablement – le discrédit sur leur exercice du pouvoir et, au-delà, sur le rôle qui leur est en principe dûment imparti par la Constitution et les lois en vigueur ? Sont-ils conscients que ces deux mots, une fois associés, enlèvent toute envie au citoyen de respecter les normes et de remplir les obligations qui lui incombent ? Si la réponse à ces interrogations est positive, cela voudra dire qu’il existe en filigrane un désir de faire table rase de l’ensemble de l’ordonnancement juridique établi et en vigueur. Si elle s’avère en revanche négative, cela signifie qu’il est grand temps que les responsables de ce pays revoient leur stratégie de communication et qu’ils apprennent, de grâce, à peser leur discours et à en appréhender l’impact.
« Processus d’édification de l’État », ou encore et surtout « projet d’État ». Cette dernière expression revient, lancinante, dans la grande majorité des discours politiques de l’heure, et à chaque fois qu’un responsable tente de prouver qu’il est avec l’État de droit.
Projet. Parmi les synonymes du mot « projet », le dictionnaire (Robert de poche) énumère notamment les mots esquisse, étude, ébauche et – légèrement plus prometteurs – planning, schéma, maquette. Projet connote ainsi une détermination plus ou moins vague, dont rien ne garantit d’ailleurs qu’elle débouchera effectivement sur un résultat concret.
État. Là, les choses se corsent un peu plus. En effet, comment définir l’État ? Même les manuels de droit constitutionnel ont des difficultés à appréhender cette...