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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Il sera au CCF ce soir, à 18h30, pour présenter son œuvre poétique Marwan Hoss?: «?Les mots ont suffi à ma vie…?»

Pourquoi la poésie ? Pour traduire la vie, exorciser les angoisses, s’habiller de rêve, mettre du bleu dans la grisaille du quotidien… À soixante ans, Marwan Hoss, résident depuis 1968 à Paris, est de passage à Beyrouth, sa ville natale. Les éditions Dar an-Nahar viennent de publier son œuvre poétique entre 1971 et 2004 qu’il présentera ce soir, au CCF, au cours d’une rencontre organisée par la Mission culturelle française et l’éditeur. Une œuvre courte, concise, claire, habitée de toutes les lumières et toutes les tourmentes de tout parcours humain. Avec une certaine transparence, apanage du monde de l’enfance dans sa frugale et vibrante simplicité… Présentées et traduites en arabe par Antoine Jokey, qui participera avec Farès Sassine à la rencontre de ce soir, ces cent soixante-cinq pages offrent au lecteur la possibilité d’entrer dans l’univers du poète francophone en termes sonores inédits. Ainsi, toute «?l’orientalité?» sous-jacente de ces poèmes, souvent très brefs et à la versification libre, refait brusquement surface. Entre images surréalistes et musicalité douce pour une expression jaillie conjointement de l’imaginaire et du cœur, les mots, échappés à une sensibilité d’écorché vif, renaissent dans un parfum à la fraîcheur et la chaleur doucement levantines… Rencontre pour une discussion à bâtons rompus avec un poète qui a autant aimé la peinture que le monde du Parnasse. Attiré aussi bien par Calder, Doucet, Matta, Soulages que René Char et Saint John Perse, Marwan Hoss, corpulence de Bouddha, tempes légèrement dégarnies aux cheveux annelés grisonnants, yeux pétillants, souligne, avec une voix basse et feutrée, sa passion pour les mots et les couleurs…Non pas partage, mais symbiose de deux mondes complémentaires. En substance, il dit?:?« Il y a des mots qui n’ont pas besoin de couleurs et des couleurs qui n’ont pas besoin de mots…?» Marwan Hoss évoque avec délectation l’échange des premières lettres avec René Char, publié en premières pages du recueil. Une rencontre capitale qui relève d’un conte bleu. Car choisir (selon l’alléchante offre de l’auteur des Feuillets d’Hypnos) entre un éditeur et se voir offrir une gravure de Miro, le jeune poète (il avait alors vingt ans) regrette une réponse trop spontanée… En se contentant d’avoir un éditeur, le jeune poète a bien inconsciemment jeté aux orties l’occasion de posséder une œuvre d’un peintre au faîte de sa gloire…Regrets certains, mais aujourd’hui bien vains. Amour attachant pour la peinture qui ne s’est jamais démenti. Amour dévorant, né à l’adolescence en voyant les premières ébauches d’Olga Limansky. Fascination du «?pouvoir d’exprimer un regard avec un peu d’eau et des couleurs?», dit le poète en se souvenant du pinceau et de la palette de la dame qui a immortalisé des scènes de la vie quotidienne, avec linge qui sèche au vent de Ain el-Mreissé… À Paris, c’est en travaillant à la librairie-galerie Le soleil dans la tête, de la rue Vaugirard, que Marwan Hoss garde ses liens avec le monde de la peinture. Voilà un autre conte bleu pour celui qui a la témérité de téléphoner à Sonia Delaunay, en pleine nuit, au hasard des pages d’un bottin, sous prétexte d’entendre une voix célèbre… Histoires invraisemblables de ces amitiés et de ces rencontres que le poète qualifie, avec le recul du temps, de parfaitement «?méritoires»… « À l’époque, tout le monde était accessible. Il suffisait d’avoir du bagout?», confie en toute candeur l’auteur de Ruptures. Parallèlement au monde du marchand d’art, il y a celui de faiseur de mots…Des écrits qui ponctuent une vie et témoignent des turbulences et remous intérieurs. Cinq petits recueils (Le tireur isolé, 1972, Le retour de la neige, 1982, Absente retrouvée, 1991, Ruptures,1998, Déchirures, 2004), séparés nettement dans le temps, attestent, de par leur titre explicite, de la pluie et du beau temps dans la vie d’un être ballotté par les événements. Des interrogations qui se posent, des certitudes qu’on commence à avoir, des tragédies qu’on vit, des inquiétudes qui nous assaillent… Alors, c’est quoi la poésie?? Comment la définir?? «?Le mieux pour la définir, déclare Marwan Hoss, en souriant un peu mystérieusement, c’est de me référer pour cela à mes poèmes.?» Il se saisit de son ouvrage, le feuillette et lit (après avoir emprunté mes lunettes car, dit-il,? « sans cela je ne vois plus rien?!)?: «Le poète donne sa vie La poésie est une fleur En état d’alerte.?» Et pour qui écrit-on de la poésie?? « Les mots m’ont suffi dans la vie. Je suis très attaché à certains mots et à la manière qu’ils s’articulent dans ma vie. On écrit d’abord pour soi…?», confie Marwan Hoss. Et d’enchaîner : « Ensuite on écrit pour certains autres. Pas pour tout le monde. Mon dernier recueil s’est vendu à cinq cents exemplaires. Un best-seller… (large sourire qui en dit long sur un commentaire sans ironie?!). La poésie c’est une contraction de l’intelligence qui arrive à traduire en mots ce qu’on comprend physiologiquement. C’est une alchimie, mais c’est aussi une chimie, un médicament contre la mort. Toute création, c’est un triomphe contre la mort…?» Dix voyages en tout pour quarante ans d’absence du pays du Cèdre. Qu’y a-t-il de changé au Liban pour Marwan Hoss?? « C’est le Liban qui m’a donné toute cette sensibilité… Un Liban miraculeusement vivant. Est-ce qu’il renaît de la bonne manière?? La situation politique me semble inquiétante. C’est un pays qui est en danger… Et moi je suis un homme en danger…?» Edgar DAVIDIAN
Pourquoi la poésie ? Pour traduire la vie, exorciser les angoisses, s’habiller de rêve, mettre du bleu dans la grisaille du quotidien… À soixante ans, Marwan Hoss, résident depuis 1968 à Paris, est de passage à Beyrouth, sa ville natale. Les éditions Dar an-Nahar viennent de publier son œuvre poétique entre 1971 et 2004 qu’il présentera ce soir, au CCF, au cours d’une...