C’est révoltant?!

Je persistais à être l’un des rares encore à croire que l’armement du Hezbollah ne se retournera jamais contre les Libanais, considérant que l’invasion des quartiers à majorité sunnite de Beyrouth, avec tout le mal et les horreurs qu’elle a engendrés, était un piège grossier dans lequel le parti de Dieu avait donné tête baissée et qu’avec le temps cette tragédie serait dépassée. J’avais également, au nom de la solidarité nationale et à l’instar de beaucoup d’autres, tenté d’oublier la désastreuse aventure de?l’été 2006 qui avait littéralement fait tomber le ciel sur nos têtes, et, paraphrasant Nasser, le chef du Hezbollah s’en était excusé en disant tout bonnement?: «?Si j’avais su…?» Oui, si j’avais su. C’est facile à dire et cela ne coûte rien, sauf une infrastructure qu’on ne finit pas de reconstruire, des milliers de gens à la rue, des morts gratuites qu’on a oubliées et, plus grave encore, des tentacules, qui ont poussé de partout, en silence, subrepticement et qui soudain nous tiennent à la gorge. Si celui ou ceux qui ont tiré sur l’hélicoptère avaient su discerner entre le cèdre et l’étoile de David, ce jeune officier – dont je salue la mémoire – ne serait pas mort, ou peut-être vaudrait-il mieux dire?: si ce capitaine de l’armée avait su que le Hezbollah aurait eu le culot de tracer des lignes rouges, il ne se serait pas aventuré dans cette montagne au péril de sa vie et celle de ses compagnons d’infortune. L’armée a-t-elle besoin de permission pour survoler telle ou telle région du Liban, ou se rendre où elle l’entend sur le territoire national et de qui prendrait-elle cette permission?? À qui doit elle montrer patte blanche?? Qui s’est arrogé le droit d’interdire à notre armée nationale l’accès à n’importe quelle parcelle du pays?? Il faut arrêter de se leurrer. Que ce mensonge qui a pris corps depuis le milieu des années 1960 pour culminer et éclater en 1975 et qu’on a pompeusement appelé?«sécurité à l’amiable» cesse, nous avons payé un prix exorbitant pour cette duperie?; nous avons détruit notre pays et nous avec. Je ne crois plus qu’au nom de hameaux perdus au fin fond du pays et dont l’identité libanaise reste douteuse il faille mettre en péril toute la nation. Je ne crois pas non plus que vociférer sur une chaîne de télévision puisse vraiment faire peur aux Israéliens qui ont démontré leur potentiel de nuisance, à moins de vouloir continuer à détruire notre pays comme gage de bon voisinage ou d’obédience alors que l’on assiste dans ces pays mêmes à un essor économique fulgurant. Le Liban, par sa diversité religieuse et culturelle, sa position géographique, son climat tempéré, le potentiel humain qu’il possède, est le seul pays de la région à se poser en menace économique pour Israël qui depuis toujours a juré sa perte et la destruction du mythe libanais basé sur le coexistence des religions. Comme coup de pouce on ne fait pas mieux, d’autant plus que jour après jour, le déclin économique se fait sentir dans toute son acuité. Heureusement qu’il y eut cette accalmie estivale, apportant avec elle une bouffée d’oxygène bienvenue. Le Hezbollah a dépassé toutes les bornes et tout entendement?; il ne peut pas et il ne faut pas qu’il devienne un État dans l’État, comme les Palestiniens en 1975. Je sais que dans ce parti il y a des gens de culture et des penseurs. Qu’ils relisent donc l’histoire récente et corrigent leurs torts et leur tir. Sur quoi veulent-ils étendre leur hégémonie?? Sur un pays exsangue, dont la jeunesse s’en va par avions entiers participer à l’essor des pays du Golfe?? Est-ce pour accélérer le processus d’émigration et vider le pays de son potentiel humain que ce parti s’amuse à tirer nos militaires? L’assassinat (parce que c’en est un) de ce jeune lieutenant de l’armée est révoltant. Qu’il s’agisse d’un message ou non (mais à qui??) ou d’une bévue – ce parti en a pris le pli semble-t-il –, l’armée nationale doit être la seule à détenir des armes?; rien ni nulle région ne saurait lui être interdit pour autant qu’elle agisse dans les règles de l’éthique militaire. Sinon, autant faire notre deuil et de cette institution et de la patrie. Georges TYAN Conseiller municipal de Beyrouth