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Géorgie - L’Union européenne calme le jeu et assure ne pas prévoir de sanctions contre la Russie Tbilissi rompt ses relations avec Moscou

La crise entre la Russie et la Géorgie a franchi un nouveau cap hier avec la rupture par Tbilissi de ses relations diplomatiques avec son puissant voisin, mais la France a assuré que l’Union européenne ne prévoyait pas de sanctions contre Moscou dans l’immédiat. Les Vingt-Sept, qui se réuniront lundi en sommet extraordinaire à Bruxelles pour débattre de la situation dans le Caucase, semblent d’abord préoccupés par la volonté d’afficher un message d’unité sur un dossier qui les divise. L’UE a condamné « fermement » la reconnaissance, mardi par Moscou, de l’indépendance des régions sécessionnistes géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, et insiste pour que soit « pleinement » appliqué le plan de cessez-le-feu en six points conclu le 12 août sous l’égide de la France, qui assume depuis le 1er juillet la présidence de l’Union. Mais l’idée de sanctionner un pays qui fournit le quart des besoins énergétiques de l’UE n’est pas d’actualité, a fait savoir l’Élysée, alors que les diplomates voient dans certains signaux adressés par Moscou la menace de mesures punitives. « Au stade actuel, nous ne prévoyons pas de sanctions décidées par le Conseil européen. Nous sommes dans une phase de mise en œuvre, qui pour le moment est partielle et doit être complétée, de l’accord en six points », a souligné hier l’Élysée. Le message semble contredire des propos tenus la veille par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui avait indiqué que l’idée de « sanctions » était débattue. « Ce qu’il a dit, c’est que certains pays membres de l’Union européenne souhaitaient des sanctions », a-t-on précisé hier dans l’entourage du président français, Nicolas Sarkozy. L’allusion vise en particulier les anciens pays du bloc soviétique aujourd’hui membres de l’UE, favorables à une ligne dure vis-à-vis de Moscou. Un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que certains pays de l’UE, qu’il n’a pas nommés, cherchaient à mener les Vingt-Sept sur « la voie de la confrontation ». « Nous espérons que la raison prévaudra sur l’émotion, que les dirigeants de l’UE trouveront le courage de s’abstenir d’avoir une vision partiale du conflit », a déclaré Andreï Nesterenko, ajoutant que l’OTAN n’a pas « le droit moral » de se comporter en mentor dans les affaires internationales. Toutefois, hier soir, M. Kouchner a réaffirmé que la déclaration des Européens lors du sommet de lundi irait « plus loin » qu’un simple soutien au plan de paix. Il a aussi indiqué que les Européens devraient évoquer dans le cadre de ce sommet l’envoi « d’observateurs européens » sur le terrain en Géorgie. À Tbilissi, le vice-ministre géorgien des Affaires étrangères a annoncé la décision de son gouvernement de rompre les liens diplomatiques avec la Russie. « Les intérêts de la Géorgie seront représentés par l’ambassade d’un pays tiers » qui n’a pas encore été déterminé, a précisé Grigol Vachadze. La Russie a déploré aussitôt cette décision et annoncé la fermeture de son ambassade à Tbilissi. Moscou, qui a envoyé ses troupes en Géorgie après une offensive lancée par les forces géorgiennes dans la nuit du 7 au 8 août pour reprendre le contrôle de l’Ossétie du Sud, dénonce sans relâche la vision biaisée du conflit par les Occidentaux. Hier, Moscou a vertement critiqué la décision du G7 de condamner la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des républiques séparatistes géorgiennes. La diplomatie russe a jugé que ses collègues du groupe des pays les plus industrialisés avaient adopté une mesure qui « a un caractère de parti pris et vise à justifier les actes agressifs de la Géorgie », assurant aussi avoir « rempli tous les six points » de l’accord de cessez-le-feu. Les pays occidentaux accusent Moscou d’avoir fait un « usage excessif de la force » et de chercher à établir une présence permanente en Géorgie, un pays stratégique pour l’approvisionnement de l’Europe en pétrole et en gaz. Le Daily Telegraph, citant une source non identifiée, a affirmé que la Russie préparait une réduction des livraisons de pétrole à l’Europe en cas d’adoption de sanctions par l’UE lors du Conseil européen de Bruxelles. Le Kremlin et les groupes pétroliers russes ont démenti ces rumeurs. L’Allemagne s’est déclarée persuadée que les contrats seraient respectés. Les diplomates européens ne croient pas non plus à des mesures de rétorsion pétrolières. La compagnie publique pétrolière d’Azerbaïdjan, Socar, a de son côté annoncé qu’elle renonçait à son projet de transporter jusqu’à 400 000 tonnes de brut à compter de l’an prochain par l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) qui traverse la Géorgie, en raison de l’instabilité dans le pays, et choisirait à la place un oléoduc russe. En outre, le président du Parlement d’Ossétie du Sud a annoncé la signature d’un accord, mardi, sur la présence de bases militaires russes dans ce territoire. Au Conseil de sécurité de l’ONU, une nouvelle réunion sur la Géorgie, la sixième en trois semaines, n’a donné lieu à aucune décision concrète. Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères de Géorgie et de Russie sont attendus dans les prochains jours en Turquie pour des entretiens séparés avec les autorités turques. Le chef de la diplomatie turque Ali Babacan rencontrera son homologue géorgienne Eka Tkechelachvili, demain à Istanbul, puis deux jours plus tard dans la même ville le Russe Sergueï Lavrov. Aucune rencontre à trois n’est prévue. Enfin, des milliers de personnes ont été chassées par des miliciens armés de leurs villages de la zone tampon contrôlée par l’armée russe autour de l’Ossétie du Sud, a indiqué le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
La crise entre la Russie et la Géorgie a franchi un nouveau cap hier avec la rupture par Tbilissi de ses relations diplomatiques avec son puissant voisin, mais la France a assuré que l’Union européenne ne prévoyait pas de sanctions contre Moscou dans l’immédiat.
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