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Actualités - OPINION

LE POINT En Terre trop promise Christian MERVILLE

Alors, Guy Mollet ou Charles de Gaulle ? L’un et l’autre, mon général. Dans les propos tenus par Nicolas Sarkozy à la faveur de son périple en Terre sainte, on peut dire que chacun a eu sa part, de louanges autant que de critiques, suscitant ainsi qu’il fallait s’y attendre satisfaction mais aussi regret. Comment pouvait-il en être autrement du moment que le président français semblait avoir décidé au départ de ne pas renoncer à ce « parler vrai », arme à double tranchant dont l’utilisation lui a été parfois reprochée mais qui, jamais autant qu’en la circonstance, ne s’imposait avec une telle force. Ébahis, les Israéliens ont entendu leur hôte puiser à deux reprises – fait sans précédent – dans la Torah lors de son discours devant la Knesset. Première citation : « Et l’Éternel dit à Moïse : monte sur cette montagne et regarde le pays que je donne aux enfants d’Israël. » Seconde citation : « Juifs, chrétiens et musulmans, ils se rappelleront la parole du prophète Isaïe : “Je ferai de Jérusalem mon allégresse. Et de mon peuple ma joie. On n’y entendra plus le bruit des pleurs et le bruit des cris. Ils bâtiront des maisons et les habiteront. Ils planteront des vignes et en mangeront les fruits. Ils ne travailleront plus en vain et ils n’auront plus des enfants pour les voir périr”. » C’est cela que les zélotes ont retenu. Les autres, en particulier les hommes politiques de l’État hébreu et surtout les Arabes, se sont arrêtés sur les nombreux rappels auxquels ils auront servi d’enrobage. Exemple : « La sécurité d’Israël ne sera véritablement assurée que lorsque, à ses côtés, on verra enfin un État palestinien indépendant, moderne, démocratique et viable. » Et encore : « Il ne peut y avoir de paix sans l’arrêt de la colonisation » (en Cisjordanie). Ou bien ceci, qui en aura fait rager plus d’un : « Il ne peut y avoir de paix sans la reconnaissance de Jérusalem comme capitale des deux États. » Pour moins que cela, François Mitterrand avait eu droit en 1982 à la vindicte des sionistes à tout crin, lesquels n’avaient cessé de lui reprocher la tiédeur de son soutien et un souci d’équité dans le jugement politique injustement mis au compte d’une hostilité à peine déguisée dont on avait accusé par le passé Giscard d’Estaing puis plus tard Jacques Chirac. Il faut dire que, s’il s’est montré prudent sur la date d’un règlement (« Un accord est possible demain », s’est-il contenté de dire), le successeur du proarabe Chirac n’en a pas moins posé les jalons du rôle que l’Union européenne pourrait assumer, de façon tout de même plus concrète que jusqu’à un passé récent, à partir de mardi prochain, date à laquelle il en prendra la tête pour six mois. Un semestre entier qui débouchera sur la fin d’une année marquant aussi, à trois semaines près, la fin du mandat de George W. Bush. Malgré un sprint de dernière minute couronné par un plan de relance élaboré à Annapolis et la promesse d’une solution avant fin 2008, un engagement auquel nul n’a feint de croire. Pas plus qu’il ne sera loisible au futur chef de l’Exécutif américain, qu’il ait nom Barack Obama ou John McCain, d’intervenir en force, dès les premières semaines de son mandat, dans une zone considérée, depuis la disparition du grand méchant loup soviétique, comme chasse gardée yankee. Néanmoins, il sera difficile aux Vingt-Sept de retenir, même comme « base de réflexion », le principe des frontières de juin 1967, ce qui signifierait, entre autres concessions majeures, la restitution de la Cisjordanie. Du côté palestinien, on aura noté un certain malaise dû au fait que, pour rencontrer Mahmoud Abbas et ses adjoints, l’illustre visiteur s’est rendu à Bethléem et non pas à Ramallah où siège l’Autorité palestinienne, tout comme a été ignorée Jérusalem-Est, en dépit de sa reconnaissance informelle de capitale de l’État à naître. On aura relevé aussi la charge, comme pour faire bonne mesure, contre l’Iran et son programme nucléaire auquel seul Mahmoud Ahmadinejad fait semblant de croire. Dans l’ensemble, chacun a délibérément voulu ne voir dans le grand discours de lundi que les aspects positifs. Les principaux points du projet de solution ? C’est pour permettre aux ambassadeurs français dans le monde arabe de faire passer l’amère pilule des premiers paragraphes, élogieux pour le pays hôte, dit-on à Tel-Aviv, pendant que, dans le camp arabe, on ne veut retenir que les références indirectes faites à la fameuse résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies. Oh certes, ce n’est pas encore la paix, pour laquelle Palestiniens et Israéliens étaient invités à « prendre des risques ». C’est, à tout le moins, une fenêtre entrouverte, laissant filtrer une lueur d’espoir. Les (faux) disciples d’Épicure que nous sommes savent quand il le faut se contenter de peu.
Alors, Guy Mollet ou Charles de Gaulle ? L’un et l’autre, mon général. Dans les propos tenus par Nicolas Sarkozy à la faveur de son périple en Terre sainte, on peut dire que chacun a eu sa part, de louanges autant que de critiques, suscitant ainsi qu’il fallait s’y attendre satisfaction mais aussi regret. Comment pouvait-il en être autrement du moment que le président français semblait avoir décidé au départ de ne pas renoncer à ce « parler vrai », arme à double tranchant dont l’utilisation lui a été parfois reprochée mais qui, jamais autant qu’en la circonstance, ne s’imposait avec une telle force.
Ébahis, les Israéliens ont entendu leur hôte puiser à deux reprises – fait sans précédent – dans la Torah lors de son discours devant la Knesset. Première citation : « Et l’Éternel dit à Moïse...