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Actualités - CHRONOLOGIE

Afghanistan - La hausse des prix agricoles n’empêche pas de cultiver l’opium Les paysans abandonneront-ils le pavot pour le blé ?

La récente hausse des prix des denrées alimentaires va peut-être inciter des fermiers afghans à cultiver du blé plutôt que de l’opium, mais elle ne suffira pas à mettre fin à la culture du pavot, selon des spécialistes du secteur. La flambée des cours dans le monde (+ 53 % au cours des 4 premiers mois de 2008 par rapport à la même période en 2007) a aussi touché l’Afghanistan, où le coût du blé a doublé dans certaines régions. Or l’opium, dont plus de 90 % de la production mondiale vient d’Afghanistan, est planté à peu près à la même période que le blé, en octobre-novembre. Et les experts attendent l’automne prochain, pour savoir si des paysans vont abandonner le pavot pour le blé. « La crise alimentaire mondiale, qui frappe tant de personnes, va rendre évident pour tout le monde en Afghanistan que le pavot n’est pas une culture si intéressante », espère ainsi Loren Stoddard, de l’Agence américaine d’aide au développement USAid. « Le pavot, cela ne se mange pas... C’est une dure leçon apprise cette année », poursuit-il. Avec la hausse des cours, les paysans peuvent gagner davantage d’argent qu’auparavant en cultivant le blé, en particulier si leurs champs sont bien irrigués, les semences bien choisies, les engrais bien utilisés, énumère Tekeste Tekie, représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « Je ne sais pas jusqu’à quel point le basculement de l’opium vers le blé peut se faire, mais la hausse des prix est assurément un facteur d’incitation », juge-t-il. Pour autant, il y a encore un fossé entre les revenus du blé et ceux de l’opium : un hectare de blé bien irrigué peut rapporter à un paysan 1 500 dollars par récolte, selon la FAO. Mais la même surface d’opium peut lui en faire gagner 5 000, écrit l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) dans un rapport publié en février. De plus, l’opium peut être conservé pendant des années sans se détériorer, ce qui n’est pas le cas des cultures alimentaires, surtout dans un pays qui manque d’emplacement de stockage, fait observer Christina Oguz, de l’UNODC. La politique antidrogue du gouvernement afghan a cependant rencontré des succès cette année, selon le ministre en charge du dossier, le général Khodaidad. « Je m’attends à une baisse sensible de la production cette année, sur l’ensemble du pays. Vingt des 34 provinces de l’Afghanistan devraient être classées cette année libres de pavot », contre 13 en 2007 et 6 en 2006, a-t-il déclaré à l’AFP. « Mais si nous n’aidons pas les fermiers, ils vont bien sûr reprendre la culture de l’opium », a nuancé le général. La campagne d’éradication rencontre beaucoup de difficultés dans le sud du pays, en proie à l’insurrection des talibans, qui abritait l’an passé à lui seul 69 % de la production d’opium du pays. Une partie des revenus de l’opium, estimés à quelque 4 milliards de dollars par an, sert d’ailleurs à financer les talibans, qui protègent à l’occasion les champs de pavot et les routes empruntées par les trafiquants. Dans les provinces du sud, les champs de pavot se situent sur « les meilleures terres, bénéficiant de la meilleure irrigation et du meilleur raccordement au réseau routier », assure Loren Stoddard, balayant ainsi l’argument du « pauvre paysan » contraint de cultiver l’opium pour survivre. Et si la montée des prix des denrées alimentaires peut aider, un succès décisif de la lutte antidrogue ne peut venir que d’une action ferme et volontaire des autorités, selon lui. « Les avantages économiques ne suffisent pas à influencer les décisions des gens. Ce qui les fait basculer, c’est une stricte application de la loi et un gouvernement fort », assure-t-il.
La récente hausse des prix des denrées alimentaires va peut-être inciter des fermiers afghans à cultiver du blé plutôt que de l’opium, mais elle ne suffira pas à mettre fin à la culture du pavot, selon des spécialistes du secteur.
La flambée des cours dans le monde (+ 53 % au cours des 4 premiers mois de 2008 par rapport à la même période en 2007) a aussi touché...