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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - «Design Now!» à l’auditorium de l’hôtel « Monroe » William Sawaya: conseils à ses jeunes confrères...

Son nom est devenu un label international, synonyme de design d’avant-garde et de luxe discret. William Sawaya n’est plus à présenter. Avec son associé Paolo Moroni, il a fondé, en 1984, à Milan, la Sawaya & Moroni Contemporary Furniture qui, outre ses propres créations, édite celles d’architectes célèbres hissés au rang d’icônes, comme Michael Graves, Zaha Hadid, Ettore Sottsass, Dominique Perrault (pour n’en citer que quelques-uns), mais aussi celles de jeunes talents. «Viscéralement imprégné de culture italienne et de lyrisme oriental, William Sawaya, dont l’œuvre évoque souvent la poésie et la dimension symbolique que peut véhiculer un meuble ou un objet du quotidien?»? (pour reprendre les propos de Josiane Torbey, architecte et responsable du comité de relations extérieures de l’ALBA), est aujourd’hui considéré comme l’une des valeurs sûres du design contemporain et, partant de là, l’une des personnalités emblématiques de la réussite libanaise à l’étranger. Ce créateur est, en effet, pour les étudiants libanais en architecture et design, un modèle. La preuve vivante que le talent d’où qu’il vienne peut être reconnu. Un «?exemple à suivre?» autant pour ses capacités que pour ses qualités humaines indéniables. Car William Sawaya n’est pas seulement un grand designer, il est également un homme de cœur, «?sincère, authentique, d’une amabilité et d’une modestie désarmantes face à son succès?» (toujours selon Josiane Torbey), et qui a prouvé à maintes reprises son attachement à son pays et son souci constant d’aider les nouvelles générations (voir cadre ci-joint). C’est d’ailleurs dans cet esprit, «?malgré ses projets qui l’amènent à parcourir le monde, ses obligations et ses échéances?» (comme l’a signalé dans son mot d’introduction Christiane Tawil, directrice de Déco Magazine), qu’il a répondu à l’invitation de l’ALBA à venir à Beyrouth faire le point, le temps d’une conférence-rencontre avec les étudiants, sur l’actualité du design. Une conférence qu’il a donnée à l’hôtel Monroe à un public composé non seulement d’étudiants, mais également d’architectes, de professeurs et de designers. Une rencontre fort intéressante, au cours de laquelle William Sawaya a abordé différentes facettes du design, ce domaine de la création qui fait désormais partie du quotidien de tout un chacun, au point qu’il va même jusqu’à «?solliciter nos émotions sans que l’on s’en aperçoive?!?» «?L’une des définitions du design, a commencé par indiquer le conférencier, pourrait être celle d’attribuer une meilleure forme à un objet existant?: une forme qui le rende plus convivial, plus pratique et ergonomique, plus actuel et commercialement viable, utilisant les possibilités offertes par les dernières technologies et, dans la mesure du possible, écologique, en harmonie avec l’environnement. Une autre définition pourrait être l’invention d’un nouvel objet ayant toutes les caractéristiques citées précédemment, mais ayant la particularité d’être innovateur, car répondant à un nouveau besoin né de l’évolution de notre mode de vie. (...) Le design peut être rationnel, onirique, poétique, minimal ou maximal mais, dans tous les cas de figure, il doit rester fonctionnel et aider à améliorer la qualité de vie de l’utilisateur.?» Objets de désir et produits industriels Ce constat posé, Sawaya a ensuite fait part de son expérience de designer et d’éditeur de produits « conceptuels » de grands architectes et «?industriels?», de designers de différentes cultures et nationalités. Dans ce dernier créneau, il a découvert, avec son associé, entre autres célébrités du design d’aujourd’hui, Borek Sipek et Ron Arad. «?Lorsqu’en 1987 ils ont dessiné leur première collection pour Sawaya et Moroni, les gens avaient de la difficulté à se rappeler leurs noms?»?, a-t-il indiqué, à titre d’exemple. La philosophie?du tandem Sawaya-Moroni peut se formuler dans les termes suivants?: « Un composite d’expérimentations qui régit l’esprit même de notre société où le design est dérivé de l’architecture, où il est un instrument permettant à l’architecte de s’exprimer et de faire passer son message selon son propre langage (...). Une autre règle que nous nous sommes imposée et qui peut paraître paradoxale, poursuit le conférencier, est celle de ne pas nous engager dans des programmes à long terme, car nous estimons que le processus du design doit se renouveler chaque saison, en incorporant, à chaque fois, l’énergie émergente de la vie moderne en perpétuelle mutation.?» Dès le départ, Sawaya et Moroni ont choisi de privilégier un « design difficile » à un design rassurant et grand public. «?Un choix commercialement difficile aussi.?» Et cette exigence, qui s’applique aux deux lignes de produits que leur société présente, les «?objets de désir?», rares, numérotés, datés, signés, qui font partie d’une édition limitée, et les «?produits industriels?», au bon rapport qualité-prix, reproductibles à l’infini ou, plus précisément, tant que dure leur succès commercial, «?s’est avérée – avec l’intérêt croissant des musées et des collectionneurs privés – gratifiante à long terme?». Vers le design éthique Une expérience dont il a révélé moult détails techniques pouvant intéresser les futurs designers. Sauf que, plutôt que de se limiter à dessiner des produits de consommation comme l’a fait sa génération, Sawaya recommande à la nouvelle garde d’?«?aller dans la direction du design industriel de grande ampleur?», de s’impliquer dans des projets éthiques qui «?nécessitent non seulement une créativité, mais également un apport technologique et un vrai engagement social, intellectuel et économique de la part du principal investigateur, ainsi que de la part des gouvernements impliqués?». C’est sur ce dernier point que le bât blesse au Liban, car s’il perçoit parfaitement «?l’ouverture d’esprit, l’excellente préparation académique et la décence professionnelle des jeunes designers libanais?», William Sawaya relève néanmoins le décalage qui existe entre eux et les fabricants, à la mentalité figée. «?L’industrie du meuble au Liban laisse vraiment à désirer, déplore-t-il.?Il est grand temps que les industriels commencent à penser design et que les ministères et les organisations intéressées prennent les dispositions nécessaires pour encourager les initiatives dans cette direction. On pourrait, par exemple, porter un regard vers les sociétés des pays voisins, dans le but de créer des produits qui seraient appréciés dans la région d’abord, avant de se tourner progressivement vers des destinations mondiales?», a-t-il proposé. Avant de conclure par une série de petits conseils adressés à ses jeunes confrères qui voudraient s’aventurer dans le monde du design. Et que l’on pourrait abréger en deux mots?: persévérance et travail. Des morceaux choisis d’une conférence sans pédantisme aucun, dont l’unique propos était de partager une expérience réussie, d’informer et, par conséquent, d’aider... «?Sahat el-Borj?» dans la collection Baccarat Comme l’a rappelé Christiane Tawil dans sa présentation de «?l’homme qui se cache derrière le nom de William Sawaya?»?: «?l’attachement de William pour son pays ne s’est jamais démenti. En 2004, la pièce maîtresse de sa collection signée chez Baccarat s’appelle Sahet el-Borj. L’année suivante, il est, avec son associé Paolo Moroni, l’instigateur et l’organisateur de l’exposition “Switch on Lebanese Design” qui ouvre les portes du Salon du meuble de Paris à une quinzaine de designers libanais.» Zéna Zalzal
Son nom est devenu un label international, synonyme de design d’avant-garde et de luxe discret. William Sawaya n’est plus à présenter. Avec son associé Paolo Moroni, il a fondé, en 1984, à Milan, la Sawaya & Moroni Contemporary Furniture qui, outre ses propres créations, édite celles d’architectes célèbres hissés au rang d’icônes, comme Michael Graves, Zaha Hadid,...