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Actualités - OPINION

De la bêtise de la censure Anne-Marie EL-HAGE

C’est avec une bonne semaine de retard et amputé de 6 bonnes pages qu’est finalement arrivé dans les kiosques et en librairie le numéro de L’Express du 27 février 2008. Et pour cause, la censure a sévi et décidé de charcuter la totalité de l’interview réalisée par le journaliste Marc Epstein d’un maître de conférences en psychologie, Nathalie Zadje, qui a créé, il y a près de 20 ans, les premières consultations pour survivants et enfants de survivants de la Shoah en France, au Centre Georges-Devereux de l’université Paris VIII. Cette interview, publiée sous le titre « Un aller-retour identitaire », met en relief la création par Mme Zadje de groupes de paroles à l’intention des enfants juifs cachés pendant la Seconde Guerre mondiale et relate quelques moments difficiles de leur existence d’« enfants cachés ». Elle met aussi en exergue les souffrances de ces enfants, souvent séparés de leurs parents, forcés de renoncer à leur identité pour échapper à l’extermination nazie, ainsi que les troubles psychologiques qu’ils ont longtemps présentés. Elle aborde enfin les allers-retours identitaires de ces enfants, entre la religion juive et la religion chrétienne, et la difficulté pour ces enfants de retrouver leur identité, à la Libération. Le texte est poignant, car il relate la souffrance des enfants juifs français durant la Shoah. D’Israël, il n’est question que deux fois : on apprend donc que c’est en Israël, en France et aux États-Unis que vivent aujourd’hui le nombre le plus important d’« enfants cachés ». On apprend aussi que Mme Zadje effectue cette recherche et ce travail clinique sur les « enfants cachés » en collaboration avec des associations, dont l’association « Aloumim » en Israël. Difficile, même après avoir lu, relu et épluché l’article, d’y trouver la « petite bête » qui a provoqué la colère de nos chers censeurs... Lesquels censeurs n’hésitent pas, depuis un certain temps, à charcuter articles, photos ou pièces de théâtres, sous des prétextes qui ne tiennent pas debout. Mais de quelle sorte d’arriération souffrent donc ces censeurs pour décider d’amputer un article qui n’a d’autre tort que celui de parler, 60 ans après, de la souffrance des juifs de France ? Quel danger représente donc cet article pour les lecteurs libanais qui ont vu défiler, au fil des années, des centaines d’articles sur la Shoah et sur les souffrances des juifs ? Et puis nos chers censeurs n’ont-ils pas envisagé le fait que L’Express et l’intégralité de ses articles se trouvent également en ligne et qu’il est donc très facile de les retrouver, de les lire, de les imprimer et même de les distribuer ? Bel exemple de sous-développement que l’on continue d’offrir au monde développé !
C’est avec une bonne semaine de retard et amputé de 6 bonnes pages qu’est finalement arrivé dans les kiosques et en librairie le numéro de L’Express du 27 février 2008. Et pour cause, la censure a sévi et décidé de charcuter la totalité de l’interview réalisée par le journaliste Marc Epstein d’un maître de conférences en psychologie, Nathalie Zadje, qui a créé, il y a...