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Cuba - La population espère une transition en douceur vers moins de monolithisme et plus de réformes Un Castro s’efface, un autre s’installe ?

D’un frère Castro à l’autre, Cuba vit une succession insolite dans l’attente flegmatique de la désignation, dimanche 24 février, de son nouveau président, et l’espoir discret d’une transition en douceur vers moins de monolithisme et plus de réformes. Au surlendemain de l’annonce historique par Fidel Castro qu’il renonçait à diriger l’île communiste, aucune fébrilité ni agitation de rue n’est venue troubler le scénario d’une succession soigneusement préparée par le vieux leader cubain et son frère Raul, archifavori pour la place de numéro un de Cuba. Disciplinée, la « rue » cubaine n’en est pas moins sous le choc : 7 Cubains sur 10 n’ont connu que le « lider maximo » comme président, qui, avec 49 ans à la tête de Cuba, aura battu tous les records historiques de longévité au pouvoir, monarchies exclues. Si beaucoup, à l’image de Dianelys Lemus, une universitaire de 25 ans, assurent avec un brin de nostalgie qu’il n’y aura pas à Cuba « un autre dirigeant comme Fidel », la plupart conviennent avec elle que « les réformes attendues se produiront avec Raul ». D’autres jeunes, visiblement excédés des rigidités du régime, glissent avec malice que le 19 février, « jour historique » aux dires de la plupart, devrait désormais être décrété « jour férié ». À la télévision et dans la presse officielle, le concert est unanime : « Nous soutenons le commandant en chef », « Nous sommes tous unis derrière lui », « Nous continuerons à lire ses réflexions et sa pensée va nous guider » et « Nous allons perfectionner notre socialisme et aller de l’avant », car « il sera toujours dans notre cœur ». Et, toujours à l’unisson du discours officiel, les mêmes soulignent devant les caméras et les micros que « tout continue comme avant », et qu’« on va continuer à lutter pour le socialisme, pour la révolution, pour un monde meilleur ». Mais en privé, les discussions sont âpres pour savoir, entre l’alimentation, les transports, les salaires, la double monnaie, le droit de voyager à l’étranger ou l’accès à Internet, par quelle réforme le prochain président devra commencer. La population cubaine cumule le paradoxe d’avoir un des niveaux d’éducation les plus élevés des pays en développement et un des niveaux de vie les plus faibles, avec une quinzaine de dollars de revenus mensuels en moyenne. La réunion dimanche de la nouvelle Assemblée nationale est attendue avec un certain détachement tant, aux yeux des Cubains, le suspense est faible : Raul Castro, ministre de la Défense depuis un demi-siècle, est une figure familière, et son intérim de 18 mois à la place de son aîné a fait de lui le successeur quasi naturel de Fidel. Cette succession, historiquement inédite entre deux frères dans un régime communiste, avait suscité l’ire de Washington qui avait dénoncé une « succession dynastique ». Longtemps craint et mystérieux, Raul Castro a en outre gagné une relative popularité en laissant les Cubains exprimer la longue liste de leurs griefs à l’égard de la puissante bureaucratie communiste. Désormais, même des écrivains honorés par le régime, tel Anton Arrufat, n’hésitent plus à réclamer devant lui l’ouverture de « voies nouvelles ». Un écho lointain aux demandes d’une opposition toujours muselée et d’une bonne partie de la communauté internationale, pressée de voir l’avènement à Cuba d’une « démocratie pluraliste », alors que Raul Castro n’a promis que des « petits pas » sur la voie d’un « perfectionnement du socialisme ».
D’un frère Castro à l’autre, Cuba vit une succession insolite dans l’attente flegmatique de la désignation, dimanche 24 février, de son nouveau président, et l’espoir discret d’une transition en douceur vers moins de monolithisme et plus de réformes.
Au surlendemain de l’annonce historique par Fidel Castro qu’il renonçait à diriger l’île communiste, aucune...