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La situation En attendant, pour la énième fois, Amr Moussa... Scarlett HADDAD

Après la lourde semaine qui vient de s’écouler, au cours de laquelle les incidents sur le terrain ont fait écho aux discours violents des deux camps, les Libanais retiennent leur souffle en attendant la nouvelle visite à Beyrouth du secrétaire général de la Ligue arabe, prévue pour dimanche. Même si elle se veut rassurante, la réunion sécuritaire de dimanche soir à l’initiative du chef des SR de l’armée, le général Georges Khoury, doit encore se concrétiser sur le terrain. Cette réunion, qui a regroupé, outre les représentants de l’armée, le directeur général des FSI et des représentants du Courant du futur, du mouvement Amal et du Hezbollah, n’est pas sans rappeler aux Libanais qui ont vécu la guerre de quinze ans les fameuses commissions de sécurité qui décrétaient un cessez-le-feu, rapidement violé dans les jours, voire dans les heures, qui le suivaient. D’ailleurs, les sources proches de l’armée se sont empressées de préciser qu’il n’était pas question de créer un comité permanent de nature à consacrer un état de fait sur le terrain. Au contraire, cette réunion visait essentiellement à placer les parties concernées face à leurs responsabilités et à les pousser à contrôler leurs partisans, car l’armée ne compte pas les laisser faire. Le premier résultat de cette réunion a été le calme qui a régné dans la journée d’hier au cours de laquelle les Libanais ont pu reprendre le cours normal de leur vie. S’ils attendaient un séisme géologique, c’est un séisme diplomatique qui s’est toutefois produit avec le communiqué officiel saoudien dans lequel les autorités du royaume wahhabite demandent à leurs concitoyens d’éviter de se rendre au Liban et, s’ils s’y trouvent déjà, d’y limiter leurs déplacements. C’est la première fois que les autorités saoudiennes adoptent une telle mesure depuis l’indépendance du Liban. Elle n’est donc pas sans inquiéter les Libanais qui y perçoivent les prémices d’une sérieuse menace pesant sur leur pays. D’autant que l’annonce saoudienne, rapportée par l’agence Reuters, a coïncidé avec une décision française de fermer provisoirement les instituts culturels relevant de l’ambassade à Saïda et à Tripoli, officiellement « pour des raisons de sécurité ». C’est dire qu’en dépit des efforts de l’armée pour faire régner le calme, la situation sécuritaire demeure inquiétante. Mais, selon certaines sources politiques, l’appel saoudien serait plutôt lié à la tension qui ne cesse de monter entre Damas et Ryad, au point d’ailleurs que des figures libanaises connues pour leur allégeance à la Syrie multiplient ces derniers temps les critiques à l’égard de l’Arabie saoudite pour ce qu’elles appellent « son rôle » dans la crise actuelle au Liban. On revient ainsi à la fameuse équation posée par le président de la Chambre depuis plusieurs semaines déjà : tant que les relations entre la Syrie et l’Arabie saoudite restent aussi mauvaises, il ne faut pas s’attendre à un déblocage au Liban. Pour lui, ce serait par là qu’il faudrait commencer, si l’on souhaite réellement aboutir à une solution. Mais rien n’indique pour l’instant que ces relations sont sur le point de s’améliorer. Dans ce contexte compliqué, où chaque partie fait assumer à l’autre la responsabilité du blocage, tout en campant sur ses positions, on se demande ce que vient faire exactement le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa. En principe, ce dernier devrait envoyer à Beyrouth le directeur de son cabinet Hicham Youssef au cours des prochains jours, en éclaireur. Si Amr Moussa a déjà annoncé la tenue d’une nouvelle réunion quadripartite avec le général Michel Aoun pour l’opposition, le président Amine Gemayel et Saad Hariri pour la majorité, l’ordre du jour de cette réunion reste encore à définir. Selon le général Aoun, la majorité devrait, au cours de cette rencontre, donner sa réponse définitive au sujet des formules proposées pour le futur gouvernement d’union nationale, soit le partage en trois séries de portefeuilles de dix, pour l’opposition, la majorité et le chef de l’État, soit le retour à un gouvernement dans lequel l’opposition aurait le tiers de blocage. De son côté, la majorité maintient son exigence d’élire en premier le président, avant de s’entendre sur les autres points en suspens. Selon des sources diplomatiques, si le blocage reste en apparence le même, la lueur d’espoir viendrait du fait que la France et le Qatar joueraient en coulisses un rôle pour tenter de rapprocher les points de vue entre les Syriens et les Saoudiens et entre les Libanais eux-mêmes, en se basant sur le fait que si la Syrie souhaite le succès du sommet arabe qui doit se tenir pour la première fois sur son territoire, elle devrait pouvoir y inviter le président libanais. Certains dirigeants arabes ont d’ailleurs menacé de boycotter cette réunion si le Liban n’y participe pas en la personne de son président. La tenue du prochain sommet serait d’ailleurs au cœur des entretiens du vice-président des Émirats arabes unis actuellement en visite à Damas... Si ces efforts de conciliation devaient se concrétiser, une nouvelle formule gouvernementale serait à l’étude et elle consisterait dans la formation d’un gouvernement de 14 ministres : cinq à la majorité, cinq à l’opposition et quatre au président de la République, selon l’équation : ni vainqueur ni vaincu. Une telle formule ne donnerait à aucune partie un droit de blocage ou un monopole et permettrait de dépasser la crise actuelle en attendant l’organisation de nouvelles élections législatives sur la base de la loi électorale de 1960. Le scénario peut sembler miraculeux et presque irréaliste après le climat lourd de menaces, d’accusations et d’incidents sécuritaires des derniers jours. Mais il n’est pas interdit d’espérer, d’autant que la politique du bord du gouffre à laquelle se livrent les protagonistes libanais pourrait échapper à tout contrôle et aboutir à une chute généralisée. Ce que, pour l’instant, nul ne semble vouloir...
Après la lourde semaine qui vient de s’écouler, au cours de laquelle les incidents sur le terrain ont fait écho aux discours violents des deux camps, les Libanais retiennent leur souffle en attendant la nouvelle visite à Beyrouth du secrétaire général de la Ligue arabe, prévue pour dimanche.
Même si elle se veut rassurante, la réunion sécuritaire de dimanche soir à l’initiative...