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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Histoire du Borj Il y a juste un siècle, le 13 janvier 1908, parassait l’œuvre célèbre de Chekri Ghanem chez l’éditeur Fasquelle, Pages oubliées, qui peignait les mœurs du vieux Beyrouth comme jamais un écrivain libanais ne l’avait fait. L’histoire est celle d’un portefaix réputé pour sa force, qui passait ses journées à manier des poids énormes, des balles de cotonnade, à décourager dix hommes. On l’appelait el-Borj, ou la tour, tant il était grand et fort. Cet honnête homme, grâce à son travail, gagnait de deux à deux francs cinquante par jour à la bonne saison. Il rentrait chez lui le soir, trempé de sueur, mais il y trouvait un grand baquet d’eau chaude, des vêtements blancs, des enfants débarbouillés, sa femme coquettement parée, une fleur dans les cheveux. Et tous les jours, dans son jardinet, à la belle saison, il buvait, chantait, retenant un passant malheureux pour partager avec lui son arak, son dîner et sa joie. Il semblait être, ainsi, l’égal du plus puissant et du plus riche des hommes. Aujourd’hui, un siècle plus tard, que reste-t-il de cet homme brave, courageux, qui incarnait ce chef de famille ambitieux, entouré d’une famille unie et surtout solidaire, et qui a donné son nom à la place el-Borj, rebaptisée place des Canons ? Tout l’ancien décor a été rasé, des souvenirs effacés, l’eau de la capitale est devenue objet rare, faute d’électricité, on ne peut même plus la chauffer. Quant aux portefaix, ils ont déserté, on n’en trouve plus. Enfin, le niveau de vie a changé, la classe moyenne a disparu. On veut ériger une capitale de béton sans espaces verts, sans âme pour les super-riches, en oubliant qu’il faut de tout pour faire un monde. Antoine SABBAGHA L’EDL, encore (et toujours ?) Depuis trente-trois ans, tous les ministres n’ont pas vu venir l’explosion démographique et géographique du « Grand Beyrouth ». Ni prévenir, couvrir les besoins grandissants du Liban en courant électrique et mettre un terme aux vols de courant. Pas plus qu’ils n’ont pu, n’ont réussi à nommer des directeurs généraux capables, courageux, visionnaires. Pour l’exemple : l’EDL déposait chaque année une coquette somme à la Banque centrale. En un an, cette somme s’est envolée, dépensée en heures supplémentaires fictives. Une fois que le « chat » avait été muté, les souris ont dansé à leur guise. À force d’avoir côtoyé cet office, je me permets d’en parler. Convoqué par une commission parlementaire dans les années 80, le directeur général de l’époque, homme d’une honnêteté exemplaire, face aux critiques concernant les fréquentes coupures de courant, avait répondu par ces mots : « J’ai baissé les bras. Sortez donc mon ancien directeur général de sa tombe et tout ira bien. » Ironie du sort : nous vendions de l’électricité à la Syrie ; maintenant, nous lui en achetons. Lilian MOUSSAWER Unissons-nous Après avoir tué nos héros, débilité nos politiciens et exilé nos savants, que nous reste-t-il ? Quand la loi devient lettre morte, le droit un paillasson politique et la patrie une nation en deuil, quand les larmes d’une veuve, le chagrin d’un orphelin sont l’actualité permanente de notre histoire, que nous reste-t-il ? Que nous reste-t-il d’une société en voie d’élimination ? Feyrouz disait qu’il n’y a pas assez de prisons pour barricader un peuple, mais hélas, le paradis n’est jamais à court de place. Les stars du journal télévisé nous semblent préoccupées à trouver des solutions, et chacune de leurs solutions n’est plus que de la poudre qu’on nous jette aux yeux. Vous refusez de comprendre ? L’âge d’or est d’hier, l’apocalypse est de demain ! Réveillez-vous de votre ivresse aliénante, réalisez que notre défaite fera de nos hommes des esclaves, de nos femmes des domestiques et de nos enfants des miséreux. On pense tous que notre drapeau symbolise, par le rouge, le sang versé de nos martyrs, par le blanc, la neige de nos montagnes et, par le cèdre, la sainteté. Je m’en voudrais de blesser les croyances de certains, mais le rouge et le blanc sont en fait symboles des deux partis qui furent à la tête du pays jadis, et le cèdre liant les deux couleurs, lui, est symbole de la cause qui les a unis, jadis. Encore une fois, et avant qu’il ne soit trop tard, Libanais de tous pays, unissez-vous ! Mario C. MACARON Suffit ! Ouvrons les yeux et sachons lire avec clairvoyance et réalisme les événements qui se succèdent chez nous. Cette trajectoire terroriste à laquelle nous assistons ces temps-ci : de la Quarantaine au Chevrolet, à la route de l’aéroport, à Chiyah et Mar Mikhaël, à l’autoroute de Saïda et de Tyr, à Baalbeck, etc. Cette campagne de destruction et de mort qui se poursuit et qui a fauché des dizaines de personnes, qui a occasionné des dégâts considérables, qui a décapité des familles entières, qui en est l’instigateur ? Suffit, « kafa » ! Assez de discours enflammés, de mères et d’épouses veuves, d’enfants orphelins, assez d’étouffer l’espoir dans le cœur de nos jeunes, d’ébranler notre unité, de miner notre économie, de fouler aux pieds nos valeurs et de saper les fondements de l’État. Suffit d’entretenir ce climat de tension qui pousse tant de Libanais à l’exode. Ce peuple, dans sa grande majorité, ne rêve que de paix et de bonheur. Il y a droit. Qu’on le comprenne enfin !... Émile SFEIR NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance.
Histoire du Borj

Il y a juste un siècle, le 13 janvier 1908, parassait l’œuvre célèbre de Chekri Ghanem chez l’éditeur Fasquelle, Pages oubliées, qui peignait les mœurs du vieux Beyrouth comme jamais un écrivain libanais ne l’avait fait. L’histoire est celle d’un portefaix réputé pour sa force, qui passait ses journées à manier des poids énormes, des balles...