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La situation L’alerte a été chaude... en attendant le retour de Moussa Scarlett HADDAD

Le choc a été rude et l’alerte chaude. Hier, tous les Libanais ployaient sous le poids des images de la veille qui leur rappelaient de si mauvais souvenirs. Le fameux « plus jamais ça », crié et répété depuis plusieurs mois, leur semblait soudain comme une protestation dérisoire et ils avaient, pour la plupart, le sentiment que la situation était en train d’échapper à tout contrôle. Lentement, le pays leur semble glisser vers l’abîme en dépit des déclarations rassurantes des responsables et autres personnalités politiques. La journée d’hier a en tout cas été un test et les funérailles des victimes de dimanche se sont déroulées sans incident notoire, en dépit de la colère contenue de la foule et des coups de feu en l’air pour exprimer à la fois la douleur et la révolte. Les commandements d’Amal et du Hezbollah avaient donné des instructions strictes à leurs partisans pour éviter toute action qui servirait de prétexte au retour à la violence, conscients que, désormais, il suffirait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Mais cela n’a pas empêché ces mêmes commandements de réclamer à l’armée, à travers des communiqués officiels, une enquête rapide et sérieuse pour déterminer les responsabilités dans les tirs qui ont causé la mort de sept personnes. Si ce sont les militaires qui ont tiré, Amal et le Hezbollah voudront savoir qui leur en a donné l’ordre, et si c’est une troisième colonne, ils voudront qu’elle soit identifiée. C’est d’ailleurs ce qu’aurait déclaré le président de la Chambre, Nabih Berry, en recevant hier le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, en compagnie du chef des services de renseignements, le général Georges Khoury. De son côté, dans une réunion informelle de son gouvernement, le Premier ministre Fouad Siniora a appelé, par la voix du ministre de l’Information Ghazi Aridi, à ne pas mettre en difficulté l’armée, sur les épaules de laquelle pèse la lourde responsabilité de faire régner l’ordre et de préserver la paix civile dans des conditions difficiles. Au lendemain des terribles incidents de Mar Mikhaël, le pays se trouve donc devant l’équation suivante : Amal et le Hezbollah ont appelé leurs partisans au calme et à la retenue, mais réclament des explications à l’armée et à son chef, lesquels sont défendus par la majorité, qui se base sur les incidents de dimanche pour affirmer que le recours à la rue est dangereux et inutile dans les circonstances actuelles. Si majorité et opposition se lancent comme à l’accoutumée des accusations de vouloir pousser le pays vers la guerre civile, c’est quand même la première fois que l’armée est aussi clairement prise à partie par l’opposition, et plus particulièrement par le Hezbollah. Tout en affirmant sa volonté de déjouer le complot visant à l’entraîner dans des affrontements internes, ce dernier semble continuer à vouloir mettre la pression sur la troupe, au point que la question se pose dans les milieux politiques de savoir s’il n’y aurait pas, derrière cette position, une volonté de torpiller la candidature du général Sleimane à la présidence de la République. Cette question alimente d’ailleurs la polémique entre l’opposition et la majorité, qui affirme ainsi que les incidents d’hier sont la preuve que l’opposition entrave l’élection présidentielle. Par la voix du chef des Forces libanaises Samir Geagea, la majorité affirme en tout cas que les incidents de dimanche ont prouvé que les revendications sociales n’étaient pas à l’origine des manifestations, mais qu’il s’agissait bel et bien d’une manœuvre politico-sécuritaire destinée à court-circuiter la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire sous la houlette de la Ligue arabe. Ce qui est en tout cas sûr, dans une première lecture des incidents de dimanche, c’est que le Hezbollah et Amal avaient sinon encouragé, du moins laissé faire les manifestants, puisque ce sont eux qui ont réussi à obtenir leur retrait et à imposer la retenue pendant les funérailles des victimes. Autre constatation : le malaise se précise entre Amal et le Hezbollah d’une part, le général Sleimane de l’autre, alors que la position de l’allié des deux formations chiites, le général Michel Aoun, n’est pas très claire... De plus, si le plan d’action dont l’opposition menaçait le gouvernement consistait à lancer une vague de manifestations-surprises, mobiles et successives dans plusieurs secteurs de la capitale et régions du pays, elle devrait désormais le modifier, puisque le risque de dérapage est devenu une réalité. Enfin, dernière constatation : les incidents de dimanche ont fait oublier aux Libanais les résultats de la réunion des ministres arabes, qui n’a pas tranché toutes les questions en suspens, se contentant de confirmer l’appui des pays arabes à la médiation actuelle et de demander au secrétaire général de la Ligue arabe de poursuivre sa médiation. Amr Moussa devrait donc, dans la foulée de cette réunion, revenir à Beyrouth et, selon des sources diplomatiques, ses efforts viseraient essentiellement à organiser une nouvelle rencontre entre les représentants de la majorité et de l’opposition. Simple goutte d’eau dans la mer ou lueur d’espoir dans la nuit ?
Le choc a été rude et l’alerte chaude. Hier, tous les Libanais ployaient sous le poids des images de la veille qui leur rappelaient de si mauvais souvenirs. Le fameux « plus jamais ça », crié et répété depuis plusieurs mois, leur semblait soudain comme une protestation dérisoire et ils avaient, pour la plupart, le sentiment que la situation était en train d’échapper à tout...