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Actualités - OPINION

LE POINT Yo-yo électoral Christian MERVILLE

« Une victoire de l’optimisme sur le pessimisme washingtonien. » « Nous sommes venus dire au peuple la vérité. » « Cette soirée marque le début d’un retour, le retour de l’Amérique. » Allons bon, la grande machine à fabriquer du mensonge continue de tourner à plein rendement, surtout en ces temps de campagne électorale, quand il s’agit de flatter les sentiments du bon peuple et de lui promettre, à défaut de la lune (on y est déjà), toutes les étoiles de la galaxie. Oiseau de mauvais augure, John McCain annonce-t-il que les « jobs » perdus ne reviendront pas ? C’est pour s’empresser d’ajouter : « Tout comme hier, je m’engage à ce que tous les États, qu’il s’agisse du Michigan, de la Caroline du Sud ou de tout autre région de ce pays béni, bénéficient de l’économie globale. » Un temps puis, devant un auditoire qui affiche la plus totale incompréhension : « Cette économie, elle est là, elle évolue constamment, comme vous le savez, et nous devons nous préparer à saisir toutes les opportunités qu’elle nous offre. » C’est alors le moment de ressortir le petit couplet patriotique, la main sur le cœur : « C’est ainsi que nous construirons une Amérique plus forte, plus prospère. » On croit voir étinceler une larme d’émotion dans l’œil du bon peuple de Lansing. À coups de millions puisés dans une fortune estimée à 200 millions de dollars amassée dans le capital-risque, ce diable de Mitt Romney est parvenu à relancer une bataille qui commençait à s’enliser, bien avant le « Super Tuesday » du 5 février, quand 22 États devront à leur tour désigner les délégués qui les représenteront à la convention de chacun des deux grands partis. L’Iowa à Mike Huckabee, le New Hampshire à McCain et, mardi, le berceau de l’automobile à un Mormon, voilà qui en dit long sur l’incertitude dans laquelle baigne la grand’fête de la présidentielle US. Pendant que George W. Bush s’obstine à agiter un épouvantail iranien face auquel tout le monde dans le Golfe préfère enterrer sa tête dans le sable, les candidats démocrates et républicains ne veulent voir que le spectre de la récession qui donne des sueurs froides à l’ensemble de la caste politique tout comme au patronat et aux « blue collars ». Sans doute les dirigeants du Grand Old Party qui ont veillé à la bonne tenue de la consultation de mardi n’attendaient-ils pas tant de cette journée. Néanmoins le fait est là : l’ex-gouverneur du Massachusetts est remis en selle ; l’ancien prisonnier du Vietcong devra réviser sa stratégie à moyen terme s’il ne veut pas mordre la poussière – à 71 ans… – comme lors des présidentielles de 2000 et 2008 ; enfin, les républicains, qui comptaient sur un candidat fort, se retrouvent, tout comme leurs adversaires démocrates, avec trois postulants (relativement et provisoirement peut-être) faibles. Les premiers héritent de huit années de gestion désastreuse avec, en point d’orgue, la perspective d’une récession dont le scandale des subprimes n’aura été que le signe avant-coureur. Avec, comme corollaire, un chômage qui pointe le bout de son nez, un danger terroriste que n’ont pas affaibli, bien au contraire, les guerres d’Irak et d’Afghanistan, une immigration qui ne concerne que certaines régions du pays et un système pédagogique que nul ne leur envie plus. Quant aux seconds, ils en sont toujours à espérer trouver enfin leurs repères. En 1992, un certain Bill Clinton avait trouvé la formule qui frappe, alors que le pays s’enfonçait dans la morosité. « It’s the economy, stupid », répétait-il à chacune de ses réunions. Le slogan est plus que jamais de rigueur en ces temps où la sinistrose refait surface. La preuve ? Romney vient de l’emporter dans un État qui souffre d’une anémie industrielle pernicieuse. La preuve encore ? Côté démocrate, Hillary Clinton est la grande favorite parce qu’elle caracole loin devant Barack Obama, chez les personnes disposant d’un revenu annuel inférieur à 50 000 dollars. Le paradoxe, il faut le chercher dans le fait que dans une situation de précrise, la présente campagne est de loin la plus chère de l’histoire de l’Amérique, avec une facture globale qui pourrait avoisiner le chiffre astronomique de 3 milliards de dollars. Mais n’est-ce pas que rien n’est trop beau, ni trop cher dès lors qu’il s’agit du service de la patrie ?… Il y a peu, les sondages donnaient l’ancienne First Lady comme le maillon faible de son parti, prédisant même qu’opposée à n’importe quel adversaire républicain, elle était assurée de perdre. Nul ne se hasarde plus à faire pareille prédiction. Il est vrai que l’on est loin encore du 4 novembre ; que persiste la grande énigme représentée par une possible entrée en lice du maire de New York Michael Bloomberg ; que l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, le Proche-Orient continuent de représenter autant de dangereux points d’interrogation ; qu’un candidat, quelque favori qu’il soit, demeure sujet à un claquage. Et qu’en contre écho à l’apostrophe célèbre, demeure cette évidence, hier rappelée par l’hebdomadaire Time : « It’s the voters, stupid. »
« Une victoire de l’optimisme sur le pessimisme washingtonien. » « Nous sommes venus dire au peuple la vérité. » « Cette soirée marque le début d’un retour, le retour de l’Amérique. » Allons bon, la grande machine à fabriquer du mensonge continue de tourner à plein rendement, surtout en ces temps de campagne électorale, quand il s’agit de flatter les sentiments du bon peuple et de lui promettre, à défaut de la lune (on y est déjà), toutes les étoiles de la galaxie. Oiseau de mauvais augure, John McCain annonce-t-il que les « jobs » perdus ne reviendront pas ? C’est pour s’empresser d’ajouter : « Tout comme hier, je m’engage à ce que tous les États, qu’il s’agisse du Michigan, de la Caroline du Sud ou de tout autre région de ce pays béni, bénéficient de l’économie globale. » Un temps...