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Actualités - OPINION

Le Point Dernière ligne droite Christian MERVILLE

Soyons équitables : l’homme qui s’apprête aujourd’hui à embarquer pour sa première tournée officielle dans « l’Orient complexe » est aussi le premier président américain à avoir reconnu la nécessité d’une Palestine indépendante. Dans une déclaration entrée dans l’histoire, il affirmait le 24 juillet 2002 que « toute solution au Proche-Orient devrait inclure deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». À l’époque, le monde avait applaudi à la reconnaissance, même tardive, d’une telle évidence, y voyant l’augure d’une aube nouvelle. Neuf mois plus tard, c’était l’invasion de l’Irak, avec des conséquences dont, des confins du Golfe aux contre-forts de l’Afghanistan, on n’a pas fini de mesurer les retombées. Il conviendrait charitablement d’oublier l’annonce, dans la foulée du déclenchement de l’opération « Shock and Awe » de mars 2003, que le terrorisme international vivait ses derniers instants et que la démocratie n’allait pas tarder à être instaurée dans l’ensemble de la région. Devenu aujourd’hui un canard boiteux, pis un boulet que le Parti républicain, embarqué dans les « caucuses » et les « primaries », voudrait bien oublier, George W. Bush n’en reste pas moins, pour un an encore, le locataire de la Maison-Blanche. Aussi, de le voir enfin réveillé aux réalités arabo-israéliennes n’ôte-t-il rien à l’importance de son périple, ni à la modestie des résultats qu’il conviendrait d’en attendre. Ultime effort pour rattraper les occasions perdues, ce voyage constitue aussi une tentative de sensibiliser les pays du Golfe au danger du nucléaire iranien, les démarches précédentes n’ayant produit aucun résultat significatif. Au contraire : le mois dernier, Mahmoud Ahmadinejad avait été requis, lors du sommet annuel tenu à Manama, de promettre qu’en cas de frappes américaines, son pays ne riposterait pas en attaquant le royaume wahhabite et les émirats. Ce sera précisément ce que nous ferons, avait-il asséné, sous les yeux horrifiés de ses hôtes. Puis, en pieux musulman, il s’en était allé accomplir le pèlerinage de La Mecque, invité par des Saoudiens résignés à devoir un jour affronter le pire. Au Koweït, à Bahreïn, dans les Émirats et en Arabie, le chef de l’Exécutif US trouvera en face de lui des dirigeants conscients du danger représenté par la République islamique mais convaincus que l’alternance carotte-bâton reste un meilleur argument que des menaces appelées à demeurer sans suite. Surtout que les Iraniens avaient choisi, à la veille de la visite américaine, de secouer le cocotier du royaume bahreïni, à majorité chiite et dont les eaux abritent les unités de la Ve flotte yankee. L’initiative bushienne s’inscrit dans la droite ligne de la conférence d’Annapolis, en novembre dernier, soit trente ans après les accords de Camp David conclus, sous l’égide de Jimmy Carter, par Anouar Sadate et Menahem Begin. Entre le traité de paix de mars 1979 et la feuille de route élaborée par le quartette, il y a eu, de la part d’Abou Ammar, la reconnaissance du droit d’Israël à l’existence et la condamnation du terrorisme, le processus débouchant sur les accords de Madrid, la rencontre Yasser Arafat-Rabin sous l’œil bienveillant de Bill Clinton, enfin la paix conclue entre le roi Hussein de Jordanie et l’État hébreu, en passant par Camp David II et les pourparlers de Taba. Il y a eu aussi, jalonnant les huit années de l’ère clintonienne, non moins de huit sommets palestino-israéliens, demeurés sans retombées significatives. Il est fort à parier que la tournée, à partir de demain, d’un président pourtant connu pour n’être pas un grand voyageur ne laissera pas des traces indélébiles dans la vie des nations de cette partie de la planète. On voit mal comment un traité pourrait être conclu dans les mois à venir, ainsi que prévu par la conférence du Maryland. Ou encore comment des groupes de travail, qui restent à constituer, parviendraient, dans un laps de temps aussi court, à régler les épineux problèmes de la délimitation des frontières, du sort de Jérusalem, de l’avenir des réfugiés, pour n’en citer que quelques-uns. Ehud Olmert promet de ne plus octroyer de nouveaux permis de construire aux colons sans s’engager sur le cas des implantations déjà existantes. Plus grave : il vient d’autoriser une adjudication pour la création de 300 nouveaux appartements à Har Homa dans le même temps que ses hélicoptères abattent comme à un stand forain d’anonymes victimes présentées comme étant des terroristes et que son armée multiplie les humiliations de la population civile. Espérer réaliser en une semaine ce qui n’a pu être qu’entamé, et aussitôt interrompu, sous dix précédentes présidences tient de l’impossible gageure. Surtout si l’homme qui voudrait la tenir n’a réussi aucun de ses paris. Pas plus en Afghanistan qu’en Irak, contre l’Iran ou encore dans sa bataille pour une économie à bout de souffle alors que le baril de pétrole flirte avec les 100 dollars. Vous n’avez pas aimé George W. ? Vous allez adorer Barack Obama.
Soyons équitables : l’homme qui s’apprête aujourd’hui à embarquer pour sa première tournée officielle dans « l’Orient complexe » est aussi le premier président américain à avoir reconnu la nécessité d’une Palestine indépendante. Dans une déclaration entrée dans l’histoire, il affirmait le 24 juillet 2002 que « toute solution au Proche-Orient devrait inclure deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». À l’époque, le monde avait applaudi à la reconnaissance, même tardive, d’une telle évidence, y voyant l’augure d’une aube nouvelle. Neuf mois plus tard, c’était l’invasion de l’Irak, avec des conséquences dont, des confins du Golfe aux contre-forts de l’Afghanistan, on n’a pas fini de mesurer les retombées.
Il conviendrait charitablement d’oublier l’annonce,...