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Actualités - OPINION

LE POINT Sanglante logique

Autres temps… Le pays n’est pas « en situation de guerre civile », a cru bon d’affirmer le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, dans une tentative de calmer les appréhensions de ses concitoyens, hantés par la tornade terroriste des années quatre-vingt-dix. Ali Belhadj, lui, a choisi d’appeler les deux camps à la raison : « Il faut s’asseoir autour d’une table et étudier les revendications des mouvements islamistes. Il n’y aura pas de paix sans solution politique et la répression ne servira qu’à compliquer les choses », a dit le cofondateur du FIS, un mouvement qui, longtemps, représenta un sanglant pendant au GIA dont est issu le Groupe salafiste pour la prédication et le combat. Difficile de faire plus complexe que la situation nouvelle créée par l’apparition de ce mouvement, voulu au départ par ses « pères fondateurs » comme une version modérée et moderne de son aîné, dont il promettait de ne pas épouser les mesures expéditives. Un engagement non tenu, une fois de plus : pour la seule année 2007, l’Algérie a eu droit à cinq attentats majeurs, dont une attaque-suicide, le 6 septembre à Batna, qui avait failli coûter la vie au président Abdelaziz Bouteflika. Bilan général pour les quelques semaines passées : une centaine de tués et un nombre indéterminé de blessés. Entre-temps, le GSPC aura fait acte d’allégeance à Oussama Ben Laden et pris en janvier de cette année le nom de Branche d’el-Qaëda au Maghreb islamique, réussissant ainsi son relookage quelque temps après le coup que lui avait porté l’armée, lors d’une opération d’envergure à Ifénaiène, dans la wilaya de Béjaia (Kabylie). À l’époque, on avait cru décapité l’état-major de l’organisation, avec l’élimination du numéro un Nabil Sahraoui, de son principal lieutenant Abi Abdelaziz dit Okacha le Para, du responsable des renseignements et de la communication Mourad Kettab et d’Abdelmalek Droukdal, grand spécialiste des attentats à la bombe. Il faut croire cependant que les assurances données à la population et le changement de nom ne constituaient en fait qu’une simple opération plastique. À ce propos, le jugement de Louis Caprioli, ancien chef du contre-terrorisme français devenu conseiller spécial de la firme GEOS spécialisée dans l’estimation des risques, ne laisse place à aucune illusion. « Ils sont toujours dans la logique de 1992, dit-il. L’objectif est de renverser l’État et de lui substituer le califat. Les chefs du mouvement veulent donner au monde l’impression qu’ils font partie du jihad international. En quinze ans, le soutien dont ils bénéficient s’est réduit comme peau de chagrin, mais ils demeurent capables de perpétrer des atrocités qui frappent l’imagination. » On en a eu l’effroyable preuve mardi, quand coup sur coup deux explosions gigantesques se sont produites devant le siège du Conseil constitutionnel et les bureaux abritant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ainsi que la représentation du PNUD, à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la capitale. Des observateurs n’ont pas manqué de relever qu’en Irak comme en Algérie, les islamistes évitent soigneusement de citer les noms donnés à ces deux pays par les Français ici, les Britanniques là, préférant évoquer le Maghreb et la Mésopotamie. Capables encore de porter des coups violents, les islamistes n’en donnent pas moins l’impression d’être parvenus au bout du rouleau, notamment depuis la mort de Sofiane Abou Heider, abattu à un barrage, le 6 octobre dernier. Depuis, les divergences internes se sont multipliées. La stratégie de la violence aveugle n’a pas que des partisans : Mountasser al-Zayat et Tartoussi, pour ne citer que ces deux noms, ne veulent plus entendre parler de voitures piégées ou de roquettes tirées contre des positions de l’armée. Encore moins de camps d’entraînement pour la formation de volontaires irakiens et tchétchènes. Les effectifs, selon des estimations concordantes, sont de 500 à 1 200 combattants, fort éloignés des quelque 40 000 extrémistes qui avaient pris les armes dans un passé récent et fait plus de 100 000 morts. Dans son ensemble, la presse algérienne ne veut pas croire à une résurgence des méthodes utilisées quand le gouvernement avait refusé d’avaliser les résultats des élections qui avaient vu la victoire du FIS. Certains journaux vont même jusqu’à parler de « coups médiatiques », tout en refusant la politique de la main de fer dans un gant de velours. À cet appel à la fermeté répondait hier la détermination affichée par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, à « frapper plus fort » les maquisards, qualifiés par lui de « récalcitrants ». N’ayant plus de cause défendable dans leur pays, il restera à ces derniers la possibilité de se replier sur la Somalie et le Waziristan. On comprendra que pareille perspective ne soit pas des plus exaltantes. Christian MERVILLE
Autres temps… Le pays n’est pas « en situation de guerre civile », a cru bon d’affirmer le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, dans une tentative de calmer les appréhensions de ses concitoyens, hantés par la tornade terroriste des années quatre-vingt-dix. Ali Belhadj, lui, a choisi d’appeler les deux camps à la raison : « Il faut s’asseoir autour d’une table et étudier les revendications des mouvements islamistes. Il n’y aura pas de paix sans solution politique et la répression ne servira qu’à compliquer les choses », a dit le cofondateur du FIS, un mouvement qui, longtemps, représenta un sanglant pendant au GIA dont est issu le Groupe salafiste pour la prédication et le combat.
Difficile de faire plus complexe que la situation nouvelle créée par l’apparition de ce mouvement, voulu au...