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Actualités - REPORTAGE

Des avantages pour les étudiants, malgré les difficultés d’application La faculté des sciences médicales de l’UL se prépare à adopter le système de crédits européens Anne-Marie EL-HAGE

La faculté des sciences médicales de l’Université libanaise adoptera l’année prochaine le système de crédits européens transférables ECTS, basé sur les diplômes LMD (licence, mastère, doctorat), conformément au processus de Bologne de 1998. Cette décision dont fait part à « L’Orient-Le Jour » le doyen de la faculté, le professeur Philippe Chédid, est consécutive au décret signé en 2005 par le ministère de l’Éducation, officialisant le système dans l’ensemble des facultés de l’Université libanaise, tout en laissant à chaque faculté le libre choix de la date et des modalités d’application. Mais l’adaptation des cursus libanais des sciences médicales aux nouveaux programmes européens d’enseignement ne se fait pas sans difficultés. D’autant que ces difficultés n’ont toujours pas été dépassées en Europe même, et en France plus particulièrement, où le débat sévit sur l’adaptabilité du processus de Bologne et du système LMD aux études de médecine. Obtenir une reconnaissance européenne des diplômes qu’elle délivre, permettre à ses étudiants de poursuivre une spécialisation en Europe ou de bénéficier de programmes d’échanges durant leur cursus universitaire, telles sont quelques-unes des raisons qui poussent l’UL, et les universités francophones du pays de manière générale, à adopter le système des crédits européens ECTS. Les avantages de l’adoption d’un tel système étant la mise en place d’un système de crédits qui favorise la mobilité des hommes et des idées, et le développement de la recherche. « L’application du système européen à la faculté des sciences médicales de l’UL se fera progressivement », affirme le doyen de cette faculté, le docteur Philippe Chédid. Elle concernera, dans un premier temps, la première année universitaire qui est une année de sciences générales, et qui englobe au sein de la faculté des sciences les étudiants des trois branches des sciences médicales (médecine, pharmacie et médecine dentaire). « Mais nous espérons pouvoir rattacher la première année de médecine à la faculté des sciences médicales », précise-t-il. Et d’expliquer que les modalités d’application du système de crédits, de mise en place des cours communs aux différentes disciplines, des protocoles d’échanges et d’orientation concernant les deux premières années universitaires seront déterminées d’ici à deux mois par un comité d’étude de l’UL, à l’issue de la publication de son rapport final. Médecins mais pas docteurs Mais au-delà de ces deux années, durant lesquelles les cours sont limités aux sciences de base, les modalités d’application du système LMD demeurent floues, « car elles dépendent des décisions internationales qui devraient découler de la réunion d’évaluation du processus de Bologne qui s’est déroulée à Londres en juillet dernier », souligne le pédiatre. « Or ces décisions tardent à voir le jour, vu le débat qui fait rage en Europe concernant les difficultés d’insérer dans le processus de Bologne les études de médecine, généralement plus longues que le reste des cursus universitaires », remarque le docteur Chédid. En effet, le système LMD fixe l’année de licence à trois ans, celle de master à deux ans et le doctorat à deux ans. Or, rien que les études de médecine générale s’étalent sur sept années réparties en apprentissage des sciences de base, en études médicales et en stages cliniques, sans compter qu’ « au Liban, avant d’avoir l’autorisation d’ouvrir son cabinet, chaque médecin généraliste est tenu de pratiquer une année supplémentaire en milieu hospitalier ou rural », poursuit le médecin. Quant à la spécialisation, elle s’étale sur plusieurs années, selon le domaine. Mais là où réside le débat, c’est que le processus de Bologne remet en cause le titre de docteur accordé aux médecins, précisant qu’à l’issue de sept années d’études, les médecins n’obtiendraient qu’un diplôme de maîtrise ou master (trois années de licence et quatre de master complémentaire). « Seuls pourraient prétendre au titre de docteur les médecins ayant effectué deux années de recherche supplémentaire dans une école doctorale, à l’issue de leurs études. Même les spécialistes n’auraient pas droit au titre de docteur », affirme le docteur Chédid. Trop de sciences de base ? Des voix se sont aussitôt élevées dans les milieux médicaux français dénonçant la marginalisation par le processus de Bologne de l’expérience clinique et de l’enseignement, au bénéfice de la recherche. « Ce qui a poussé les médecins français à qualifier la médecine d’orpheline du processus de Bologne », observe-t-il encore. Un doyen avait aussi constaté lors de la conférence internationale des doyens des facultés de médecine d’expression française à Bruxelles, en juin 2007, concernant les avantages et les difficultés de l’application des nouveaux programmes d’enseignement universitaire aux sciences médicales, que « Bologne en médecine, c’est encore Babel ». D’ailleurs, à ce jour, 30 % des facultés de médecine d’Europe n’ont toujours pas appliqué le système ECTS. L’adaptation aux nouveaux programmes d’enseignement universitaire suscite une autre question, celle de la nécessité des sciences de base durant le premier cycle des études de médecine. « Durant les trois premières années d’études de médecine, trop de matières sont consacrées aux sciences de base, au détriment des études médicales et de l’expérience clinique », indique le pédiatre. « L’éventualité consisterait à introduire les cours de médecine plus tôt durant les trois premières années, afin que les années de maîtrise soient consacrées à l’expérience clinique », note-t-il encore. Les défis sont de taille, alors que les problématiques posées par le nouveau système risquent de susciter des remous au sein du corps médical libanais. Mais la faculté des sciences médicales de l’UL a-t-elle d’autre choix que celui de suivre le chemin qui donnera à ses diplômes une reconnaissance européenne ?
La faculté des sciences médicales de l’Université libanaise adoptera l’année prochaine le système de crédits européens transférables ECTS, basé sur les diplômes LMD (licence, mastère, doctorat), conformément au processus de Bologne de 1998. Cette décision dont fait part à « L’Orient-Le Jour » le doyen de la faculté, le professeur Philippe Chédid, est consécutive au...