Charles ne rêvera pas. On l’en a...
Actualités - OPINION
Afin que nul ne meure
le 29 septembre 2007 à 00h00
Il s’appelait Charles. Je ne sais rien de lui. Sinon qu’il avait 28 ans. L’âge où l’avenir vous ouvre grand ses portes, où l’on envisage une carrière, où l’on pense à fonder sa propre famille, avoir une femme, des enfants, où l’on peut se permettre de rêver à ce que l’on construira demain. Ou tout simplement vivre. Oui, vivre !
Charles ne rêvera pas. On l’en a empêché, sans lui demander son avis. C’est aussi net que brutal. Sur l’horloge de sa vie, les aiguilles se sont arrêtées parce qu’il avait voulu s’enquérir, ce jour-là, du prix d’une voiture pour commencer sa nouvelle vie au Liban, son apprentissage à l’étranger étant terminé. Sur sa route, il y avait une autre voiture qui l’attendait, non pas celle qu’il voulait acquérir, mais une machine infernale, un véhicule piégé pour semer la mort.
Non. Ce n’était pas Charles qui était visé. Lui, pauvre citoyen sans importance. À preuve ? Il n’aura pas de funérailles nationales. Les commerces ne fermeront pas pour lui. On n’affichera sa photo ni à la une des journaux ni sur les murs de la capitale. Il n’y aura ni stèle, ni monument, ni plaque commémorative pour conserver son souvenir. On ne donnera son nom ni à une rue ni à une place.
Demain, qui parlera encore de lui, si ce n’est ceux qui l’ont connu, qui l’ont aimé et dont la douleur est inscrite dans leur chair ?
Quelles que soient les circonstances, il est toujours triste de mourir à 28 ans. Mais il est encore plus triste de mourir sans savoir pourquoi. Comme sont morts avant lui des dizaines, des centaines, des milliers d’autres innocents, aussi anonymes que Charles. Dont le sacrifice n’avait aucune connotation politique. Et la mort aucun sens.
Je ne t’ai pas connu, Charles, mais je te promets de penser à toi chaque fois qu’un innocent sera tué, que le sang d’un juste sera versé, sans raison.
Désormais chaque martyr aura pour moi un nom : Charles.
Alain PLISSON
Il s’appelait Charles. Je ne sais rien de lui. Sinon qu’il avait 28 ans. L’âge où l’avenir vous ouvre grand ses portes, où l’on envisage une carrière, où l’on pense à fonder sa propre famille, avoir une femme, des enfants, où l’on peut se permettre de rêver à ce que l’on construira demain. Ou tout simplement vivre. Oui, vivre !
Charles ne rêvera pas. On l’en a...
Charles ne rêvera pas. On l’en a...
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