Trois mois. Trois mois presque jour pour jour. Trois mois à attendre (quelqu’un, quelque chose). Trois mois pour essayer de résoudre l’équation la plus insensée qui soit : il ne peut pas ne pas y avoir, au matin du 25 novembre, un successeur à cet Émile Lahoud que la foule du 14/03/05 aurait dû mettre dans le premier avion pour Monaco – ou pour le...
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eN DENTS DE SCIE Délicieuse agonie
Par MAKHOUL ZIYAD, le 25 août 2007 à 00h00
Trente-quatrième semaine de 2007.
Trois mois. Trois mois presque jour pour jour. Trois mois à attendre (quelqu’un, quelque chose). Trois mois pour essayer de résoudre l’équation la plus insensée qui soit : il ne peut pas ne pas y avoir, au matin du 25 novembre, un successeur à cet Émile Lahoud que la foule du 14/03/05 aurait dû mettre dans le premier avion pour Monaco – ou pour le Brésil. Trois mois pendant lesquels tout le monde aura le champ libre pour affûter tout genre de canons. Trois mois dont abuseront tous ceux qui sont déjà à bout d’arguments pour copieusement insulter les médias. Trois mois pour savoir s’il y aura résurrection ou euthanasie. C’est long, très long, trop long, trois mois ; ces quatre-vingt-dix jours donnent pourtant à certains irréductibles des raisons de croire. Une façon de dire qu’en trois mois, il est impossible que rien ne se passe, que rien ne se fasse, localement, régionalement ou internationalement, à même de bousculer un petit peu cette chronique d’un chaos annoncé, cette espèce de somptueuse et lente mort.
Il est possible que quelque chose se passe. Une seule chose, toujours la même antienne : engager l’Iran, contenir la Syrie. Ou l’inverse : contenir l’Iran, engager la Syrie : un scénario catastrophe débile et débilisant sur lequel se sont cassé les dents bon nombre d’apprentis metteurs en scène trop pressés de jouer aux Zorro de pacotille, et qui n’ont rien compris à la nature et à la cutlure de la famille Assad. Reste l’option d’un Iran engagé – embedded même. Un Iran obnubilé par sa détermination, son besoin, son envie d’acquérir une dimension régionale irréversible, plus forts que tout autre considération ou calcul. Un Iran obnubilé tout autant par deux démons : la poursuite des massacres sunnito-chiites en Irak ou leur reproduction ailleurs, notamment au Liban, et le poids de nouvelles et surhandicapantes sanctions économiques dont le spectre aurait commencé, sous l’impulsion des bazaris et des pannes sèches aux stations-service, à épaissir les rangs d’une troisième voie perse, emmenée par l’énergique tandem Rasfandjani-Larijani.
Bien des signaux portent à croire en la mise en forme d’un deal saoudo-iranien sous le regard bienveillant de la Maison-Blanche et de l’Élysée (la dernière et très SR réunion saoudo-irano-française à Paris aurait laissé un positif impact), et à l’ombre des crises de tachycardie au palais des Mouhajirine : l’ultraviolente et inédite crise entre Ryad et Damas ; les aboiements à Beyrouth, notamment contre le royaume wahhabite, des marionnettes du régime baassiste ; la volonté iranienne, autant que saoudite, de voir un successeur à Émile Lahoud prendre les rênes du pays dans les délais constitutionnels ainsi que l’espèce de cuisine à laquelle se livreraient deux hommes que rien, au demeurant, ne rapproche : Nabih Berry et Abdel-Aziz Khoja. Et, last but not least, l’éventualité d’un cadeau en or pour Téhéran : on parle, d’ici à deux mois, deux mois et demi, d’un changement de gouvernement en Irak, d’un départ de Maliki en faveur d’un Premier ministre sunnite qui recevrait naturellement la bénédiction des ayatollahs voisins et de l’octroi de la vice-présidence à un chiite. L’Iran y gagnerait le silence des armes et des TNT des fondamentalistes sunnites, ainsi qu’un indiscutable protectorat sur l’Irak, sans oublier les bénéfiques ricochets collatéraux : sa place sur du velours à la table des décideurs régionaux, l’évaporation des sanctions et une relecture au calme de ses ambitions nucléaires.
À Damas, naturellement, on s’affole. On se précipite, comme toujours. On (ré)active les virus dormants. On essaie tous azimuts de s’introduire dans l’équation, dans le deal. On compte sur certains Européens, plus enclins à croire en de creuses promesses, ou on attend, presque en tricotant, un débarquement démocrate sur les rives du Potomac, en se persuadant que les choses vont changer. On ne pense même pas à cette hypothétique mais savoureuse réaction en chaîne du… changement : Bagdad, Beyrouth (puis Damas ?) : on est tranquille, tranquillité délicieuse puisqu’en Israël, décidément, c’est bec et ongles qu’on continue de protéger le régime. Et cela vaut toutes les (mauvaises) surprises que trois mois peuvent réserver…
Ziyad MAKHOUL
Trente-quatrième semaine de 2007.
Trois mois. Trois mois presque jour pour jour. Trois mois à attendre (quelqu’un, quelque chose). Trois mois pour essayer de résoudre l’équation la plus insensée qui soit : il ne peut pas ne pas y avoir, au matin du 25 novembre, un successeur à cet Émile Lahoud que la foule du 14/03/05 aurait dû mettre dans le premier avion pour Monaco – ou pour le...
Trois mois. Trois mois presque jour pour jour. Trois mois à attendre (quelqu’un, quelque chose). Trois mois pour essayer de résoudre l’équation la plus insensée qui soit : il ne peut pas ne pas y avoir, au matin du 25 novembre, un successeur à cet Émile Lahoud que la foule du 14/03/05 aurait dû mettre dans le premier avion pour Monaco – ou pour le...
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