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Actualités - OPINION

COMMENTAIRE Paix au Darfour !

La situation dramatique qui continue à régner au Darfour engendre d’immenses souffrances pour la population. Les deux parties en conflit – le gouvernement soudanais et ses alliés, et les groupes d’opposition au Darfour – doivent comprendre que les civils ne doivent plus être victimes de leur combat politique. Aussi, on ne peut que se réjouir de l’acceptation par le gouvernement soudanais du déploiement d’une mission conjointe de l’ONU et de l’Union africaine dans le but de rétablir de la paix. Mais le mandat de cette mission doit inclure clairement la protection complète de la population civile. En outre, cette force doit être dotée des moyens en hommes, en matériel et du financement voulu pour atteindre pleinement son objectif. On doit féliciter les pays et les institutions qui se sont engagés à accroître leur participation financière pour assurer le succès de cette mission, notamment la France, l’Espagne et la Commission européenne. Les acteurs internationaux doivent s’engager fermement auprès du gouvernement soudanais à ce que la mission ONU/UA n’intervienne pas en faveur d’un changement de régime et n’aille pas au-delà de sa mission de maintien de la paix. De son côté, le gouvernement soudanais doit savoir qu’en respectant ses engagements passés et en aidant à la préparation, au déploiement et au maintien de la mission, la communauté internationale sera encouragée à prolonger son action. En ce qui concerne l’opposition au Darfour, les efforts récents de certains de ses dirigeants en vue de dépasser la fragmentation existante et réunifier leur mouvement constitue un développement positif. Les principaux groupes d’opposition doivent parvenir à un accord sur leurs objectifs et sur les points à négocier. C’est alors seulement qu’ils pourront agir en tant que partenaires crédibles de la communauté internationale et du gouvernement soudanais. Toutes les parties en conflit doivent réaliser qu’un accord de paix équitable et durable entre tous ceux qui ont des intérêts en jeu est le seul moyen de sortir du conflit. Le retour des personnes déplacées à l’intérieur du pays et leur prise en charge doivent être au cœur d’un tel accord. Les personnes qui ont quelque responsabilité à travers la planète, notamment les hommes politiques et les journalistes, ne doivent pas perdre de vue le Darfour. Car les terribles souffrances endurées quotidiennement par les millions de victimes et de réfugiés ne diminuent pas, sans même compter, pour certains, l’épuisement dû à un conflit prolongé. Maintenant qu’il y a des signes d’une possible stabilisation dans les mois qui viennent, en plus de l’aide humanitaire, c’est le moment de se préparer à accroître l’aide internationale à la reconstruction et au développement. En particulier, les pays riches doivent faire face à leurs responsabilités sur la scène internationale, et aider le Darfour à évoluer dans le sens du renouveau et de la prospérité. L’accroissement de l’aide pourrait venir d’un élargissement ou d’une réorientation des programmes nationaux en faveur de la coopération et du développement. Pour plus d’efficacité, les voies permettant d’aboutir à une coordination internationale devront aussi être soigneusement explorées. Il faut aussi soutenir activement l’ONU, car elle joue actuellement un rôle indispensable pour favoriser les relations complexes entre la communauté internationale et les acteurs locaux au Darfour. La Chine en particulier doit exercer son influence considérable sur les décideurs politiques du Soudan, dans le sens d’une résolution pacifique et définitive du conflit. Enfin, comme le Darfour est emblématique de problèmes plus larges qui se posent dans le monde, la communauté internationale doit regarder bien au-delà des causes immédiates de ce conflit afin d’accroître ses efforts pour répondre aux menaces, comme le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement qui ont joué un rôle dans le désastre du Darfour, L’expansion de plus en plus rapide des zones désertiques va probablement conduire à une baisse de la production agricole des régions proches, à une diminution notable de la quantité d’eau disponible, et peut-être à d’autres conflits et à d’autres déplacements de personnes. On trouve, ou l’on va bientôt trouver, des situations analogues dans bien d’autres points de la planète. Il faut donc reconnaître la nature globale du problème et prendre des mesures de prévention dans les endroits où la dégradation de l’environnement altère déjà notablement la qualité de vie de la population. Quand une menace de ce type pointe à l’horizon, il est temps de réagir. Václav Havel, le prince Hassan ben Talal, André Glucksmann, Vartan Gregorian, Mike Moore, Michael Novak, Mary Robinson, Yohei Sasakawa, Karel Schwarzenberg, George Soros, Desmond Mpilo Tutu et Richard von Weizsäcker © Project Syndicate, 2007. Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz.
La situation dramatique qui continue à régner au Darfour engendre d’immenses souffrances pour la population. Les deux parties en conflit – le gouvernement soudanais et ses alliés, et les groupes d’opposition au Darfour – doivent comprendre que les civils ne doivent plus être victimes de leur combat politique.
Aussi, on ne peut que se réjouir de l’acceptation par le gouvernement...