Les résultats pour le moins ambigus de l’élection partielle du Metn y seraient-ils pour quelque chose ? Après des mois de stagnation, un vent de réalisme entreprend timidement de tempérer les chaleurs aoûtiennes. Sur le fond rien n’a encore changé, c’est vrai. Mais dans la foulée de la rencontre de La Celle-Saint-Cloud, la nécessité d’un dialogue national a fini de s’imposer...
Actualités - OPINION
L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB Reconnaissances
Par Issa GORAIEB, le 10 août 2007 à 00h00
Les résultats pour le moins ambigus de l’élection partielle du Metn y seraient-ils pour quelque chose ? Après des mois de stagnation, un vent de réalisme entreprend timidement de tempérer les chaleurs aoûtiennes. Sur le fond rien n’a encore changé, c’est vrai. Mais dans la foulée de la rencontre de La Celle-Saint-Cloud, la nécessité d’un dialogue national a fini de s’imposer à tous les esprits : l’un et l’autre camp ayant eu tout le temps de constater à quel point une victoire totale, absolue, vierge de toute concession, relève de la chimère.
Si le scrutin de dimanche dernier revêt une portée aussi exceptionnelle, c’est parce qu’il commande, avec plus de force que jamais, un dialogue à l’intérieur du dialogue : au centre même de ce dialogue, pourrait-on même renchérir. Et c’est un dialogue entre chrétiens, quitte à prendre le risque d’un cercle vicieux au centre d’un autre qui ne l’est pas moins. Pourquoi donc tant d’honneurs (mais aussi tant de préoccupation) pour les chrétiens ? Parce qu’il y va tout simplement de la survie d’un pays dont l’existence ne peut se justifier que par une diversité culturelle et religieuse assumée dans la justice et l’harmonie.
Le président de la République est et doit être celui de tous les Libanais, bien sûr. Mais les choses sont ainsi faites que l’échéance présidentielle de l’automne est cruciale surtout pour les chrétiens. Feindre de méconnaître cette vérité ou la nier serait vain – vain et malhonnête – dans un Liban en proie aux luttes d’influence confessionnelles ou sectaires, un Liban où les autres centres de pouvoir se trouvent substantiellement pourvus, eux, par les communautés auxquelles ils échoient. De sacrifier à la règle de la répartition des charges en installant une quelconque personnalité maronite au palais de Baabda ne suffira guère à résoudre la question : seule une présidence aux prérogatives et au prestige restaurés pourra reconstituer cette communion au pouvoir sans laquelle le Liban ne serait plus le Liban.
Or de toutes les communautés qui font ce pays, la chrétienne est bien la seule aujourd’hui à ne pas être en paix avec elle-même, à offrir au regard un tel état d’éclatement, d’éparpillement. Le phénomène est d’autant plus saisissant que la représentation chrétienne, occultée, malmenée comme on sait tout au long de l’ère de la tutelle, aura finalement attendu le départ des troupes syriennes pour étaler au grand jour ses propres contradictions. Ce pluralisme politique eut pu être signe de santé s’il était de mise dans les autres familles spirituelles ; or c’est exactement le contraire qui est vrai.
Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, il n’y a pas de Hariri, pas de Nasrallah ou de Joumblatt chrétien. Ce statut de leader unique, largement incontesté, naturellement promis à la magistrature suprême, Michel Aoun a pu croire qu’il lui était acquis à la lumière du raz-de-marée qui, lors des législatives de 2005, le porta royalement alors qu’il rentrait à peine de son exil français. Le général aura été lourdement pénalisé, dimanche dernier, par son alliance avec le Hezbollah, par son positionnement objectif (serait-il même contraint et forcé) dans un camp notoirement, ouvertement soutenu par la même Syrie contre laquelle il se rebella jadis.
Au demeurant, il n’y a pas de bipolarisation non plus chez les chrétiens, et on ne le regrettera pas cette fois. Nul n’a oublié en effet à quels désastres peut conduire à la longue un duel singulier, sans compter le fait que la seule idée d’un tel binôme ferait abstraction de maintes autres forces politiques ou morales chrétiennes absolument effectives et en tout point dignes de considération.
Qu’est-ce qui fait en définitive un président fort ? Sa popularité parmi les siens ? Son audience nationale ? Sa capacité de rassembler le pays ? Celle de rétablir fermement néanmoins la règle du jeu et de dissiper de la sorte les frayeurs communautaires ? C’est de ces questions vitales que devraient, par-delà leurs antagonismes, débattre toutes les forces chrétiennes sans exception, et Bkerké est le lieu tout désigné pour de telles assises. Ce serait là une occasion historique de verrouiller sinon une candidature présidentielle, du moins un profil qui, du fait même, deviendrait imparable, incontournable.
Pour être reconnu dans ses droits, encore faut-il commencer par se reconnaître soi-même.
Issa GORAIEB
Les résultats pour le moins ambigus de l’élection partielle du Metn y seraient-ils pour quelque chose ? Après des mois de stagnation, un vent de réalisme entreprend timidement de tempérer les chaleurs aoûtiennes. Sur le fond rien n’a encore changé, c’est vrai. Mais dans la foulée de la rencontre de La Celle-Saint-Cloud, la nécessité d’un dialogue national a fini de s’imposer...
Les plus commentés
Comment, en restant au Liban-Sud, Israël ferait le jeu du Hezbollah
Ministère des Finances : ce qu’en disent Taëf et la Constitution
Israël ne se retirera pas : que fera l'État libanais et, surtout, le Hezbollah ?