Actualités - OPINION
Groupes hermétiques
Par ARAMOUNI Carla, le 26 juillet 2007 à 00h00
Sous le prétexte de servir une cause supérieure, sacrée et divine, certains individus se rassemblent et trouvent ainsi une bonne justification pour écarter les autres du cercle privilégié qu’ils se sont créé à leur juste mesure, non pour s’alimenter intérieurement mais pour se réfugier ou, pis encore, pour saisir un pouvoir démesuré dans une position jugée précaire. Se retrouver dans un but religieux n’est pas mauvais en soi, bien au contraire, mais c’est quand cela commence à entraver l’ouverture à l’autre et l’acceptation des différences humaines, avec une violence sournoise comme toile de fond, que le problème surgit. Car il n’y a nulle intention qui soit bonne si elle n’aboutit à des actes de bonté.
Ces groupes qui naissent, munis de missions pouvant être respectables au départ, tendent souvent à s’éloigner de leur but en devenant hermétiques par rapport au monde qui les entoure. Le pire arrive quand les convictions de départ se transforment en mobile servant des individus particuliers, dans l’exercice de leur plein pouvoir. Leur but avoué est de servir la religion alors que le but, implicite, est de servir des causes politico-économiques (le plus souvent régionales, extérieures à leur pays d’implantation). Arrivés à ce stade, ces groupuscules ne peuvent que se renfermer pour survivre car ne pouvant défendre leur légitimité. Bien qu’artificiellement forts à l’intérieur de leurs frontières rigides, ils sont excessivement fragiles face à tout changement pouvant provenir de l’extérieur, du fait que ce dernier remet en question leur raison d’être. Ils sont donc dans l’impossibilité d’intégrer cette notion d’équilibre instable qui est la seule saine, adaptée aux systèmes vivants. Le moindre changement risque de les déstabiliser et de menacer leur existence, vu leur infime faculté d’adaptation. C’est pour cette raison qu’ils résistent. Ils résistent au changement menaçant leur identité. Ils résistent à la modernité et au développement. Ils résistent donc tout court. De cette façon, ils se confinent dans un état statique et fermé, plus rassurant, mais plus dangereux à long terme, car cette situation ne peut que se dégrader avec le temps puisque que tout système coupé de son environnement n’a d’autre choix que de dépérir. C’est une question de temps avant que cela n’arrive. La seule issue favorable est d’envisager une ouverture graduelle, une adaptation intelligente à un monde qui change à vue d’œil – sans toutefois être obligé d’accepter tous les inconvénients que cette évolution entraîne, ni d’y être complètement englouti. Mais avant toute chose, il faut que leur doctrine cesse d’être un prétexte pour servir les intérêts des plus grands qui manipulent les peuples à volonté, sous des subterfuges pieux.
Un travail de décloisonnement est certainement nécessaire afin de synchroniser la marche du groupe avec le reste du monde et plus spécifiquement du pays, qui n’a de place que pour les parties capables de construction relationnelle avec les autres et non pas spécialisées dans la destruction des liens, action vouée inexorablement à l’échec. Cette démarche constructive est obligatoirement plus risquée et plus douloureuse qu’un éventuel (et actuel) statu quo moyenâgeux, toute perspective de changement portant en elle la rude perturbation de la désorganisation transitoire, avant d’atteindre une nouvelle homéostasie. Mais par ce fait, cette démarche est d’autant plus sûre, « mature » et « gagnante », qu’elle fait référence à la stratégie du « gagnant-gagnant » et non à celle du « perdant-perdant » comme cela se joue
actuellement.
De toute façon, personne n’a jamais promis de parcours commode pour arriver au paradis… terrestre !
Carla ARAMOUNI
Sous le prétexte de servir une cause supérieure, sacrée et divine, certains individus se rassemblent et trouvent ainsi une bonne justification pour écarter les autres du cercle privilégié qu’ils se sont créé à leur juste mesure, non pour s’alimenter intérieurement mais pour se réfugier ou, pis encore, pour saisir un pouvoir démesuré dans une position jugée précaire. Se...
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