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Actualités - OPINION

LE POINT Terreur sur le Net

Ainsi donc, pendant des années on nous a fait croire que le « Monsieur el-Qaëda » en Irak était Abou-Omar al-Baghdadi. Du beau travail d’intox car, en fait, le vrai chef du mouvement en Mésopotamie, c’est Abou- Ayoub al-Masri. Reconnaissez qu’entre l’Égyptien et l’Irakien, il y avait de quoi perdre jusqu’à ses dernières, et rarissimes, connaissances en matière de jihadisme. Le pot-aux-roses a été découvert grâce aux révélations de Khaled el-Machhadani (non, inutile de chercher à vérifier son identité et son pays d’origine), un mystérieux intermédiaire inconnu jusqu’alors, arrêté – la belle coïncidence que celle-là – un 4 juillet, dans des circonstances et en un lieu qui restent à déterminer par les James Bond yankees. Mais alors le Baghdadi dont il a été question des mois durant… Tenez-vous bien, il n’a jamais existé sinon sous la forme d’un acteur qui lui avait prêté sa voix. Ian Fleming, au secours ! Plus sérieusement, dans ce modèle de démocratie que demeure, malgré tout, l’Amérique, vient d’être rendu public le texte d’un rapport sur le danger que fait courir au pays l’organisation d’Oussama Ben Laden. Ce « National Intelligence Estimate » (NIE), fruit des recherches des seize agences formant le petit univers de l’espionnage US, représente le travail le plus sérieux, le plus exhaustif aussi, depuis les attaques du 11 septembre 2001. Il apporte un cinglant démenti aux assertions régulièrement assénées à son opinion publique par un président engoncé dans ses illusions. Non, il n’est pas vrai que les tueurs, poseurs d’engins piégés et hijackers d’avions sont en voie d’être défaits ; non, leur mouvement ne poursuit pas son opération de décentralisation. Plus que jamais, affirme Ted Gistaro, qui rédigea le document, il continuera pour des années à venir de représenter un danger certain pour l’Amérique. En outre, regroupés autour de leur chef, dans les montagnes inaccessibles du Pakistan où les tribus veillent à leur sécurité, les lieutenants qui dirigent ce « Terrorism Inc. » ont découvert les bienfaits de la technologie. Au point qu’aujourd’hui, la principale menace viendrait d’un cyberfront en cours de création, ainsi que le prouvent la prolifération des sites informatiques, gérés en majorité par des salafistes, l’agressivité croissante de la rhétorique utilisée, enfin la multiplication de cellules terroristes (pas toutes dormantes, comme on vient de le constater au Royaume-Uni) dans la plupart des pays occidentaux. Ainsi, dans un ouvrage paru l’an dernier, Terror on the Internet, l’Israélien Gabriel Weimann recensait 4 800 adresses sur le Net, contre seulement une douzaine en 1998. Au cours des dernières quarante-huit heures, certains ont cherché à apporter de petites retouches à un tableau par trop sombre. La Central Intelligence Agency et ses consœurs ont mis l’accent sur les intentions de nos ennemis et non pas sur leurs capacités de nuisance, a ainsi soutenu Peter Zeihan, de la firme Stratfor. George W. Bush, de son côté, a voulu contribuer à l’édification de ce fragile barrage contre la morosité, quitte à prendre quelques libertés avec la vérité. Son principal argument : nos ennemis auraient été plus forts si nous n’étions pas passés à l’action, en Irak et ailleurs. Ou encore : ceux qui nous avaient attaqués il y a six ans font sauter des voitures bourrées d’explosifs et massacrent des innocents pour freiner la marche vers la liberté. Cette ligne de défense est loin de bénéficier de l’aval du landerneau politique washingtonien. « Le président n’est pas d’accord avec les termes du NIE, mais c’est ainsi et il n’y peut rien », a rappelé le chef de la majorité au Sénat, le démocrate Harry Reid. Et le très médiatique Barack Obama, candidat à l’élection de novembre 2008, de renchérir : « Au bout de toutes ces années, de tous ces courageux hommes et femmes tombés au champ d’honneur, de tous ces milliards de dollars dépensés, nous ne sommes pas plus en sécurité qu’avant. » Mais la palme de la virulence dans la critique de la présente Administration revient au sénateur du Michigan, Carl Levin, que les démocrates ont placé à la tête de la commission des Forces armées : « La politique actuelle a eu pour résultat un renforcement d’el-Qaëda, dont les hommes se trouvent désormais en Irak alors qu’ils n’y étaient pas avant le déclenchement de la guerre. » Pour autant, les politiciens ne paraissent pas logés à meilleure enseigne que le locataire de la Maison-Blanche. La majorité des Américains, révèle un sondage, jugent que leurs dirigeants sont sur la mauvaise voie, que le Congrès accomplit un piètre travail, que le changement pour lequel ils avaient voté l’an dernier tarde à venir. Petite phrase tirée du document du National Intelligence Estimate : « Les attaques viseront Wall Street, la Maison-Blanche, le Capitole, œuvres d’un réseau mondial retranché dans des positions qui sont autant de sanctuaires… » C’était, la précision s’impose, en juillet 1995. Christian MERVILLE
Ainsi donc, pendant des années on nous a fait croire que le « Monsieur el-Qaëda » en Irak était Abou-Omar al-Baghdadi. Du beau travail d’intox car, en fait, le vrai chef du mouvement en Mésopotamie, c’est Abou- Ayoub al-Masri. Reconnaissez qu’entre l’Égyptien et l’Irakien, il y avait de quoi perdre jusqu’à ses dernières, et rarissimes, connaissances en matière de jihadisme. Le pot-aux-roses a été découvert grâce aux révélations de Khaled el-Machhadani (non, inutile de chercher à vérifier son identité et son pays d’origine), un mystérieux intermédiaire inconnu jusqu’alors, arrêté – la belle coïncidence que celle-là – un 4 juillet, dans des circonstances et en un lieu qui restent à déterminer par les James Bond yankees. Mais alors le Baghdadi dont il a été question des mois durant…...