C’est la blague qui court dans les cercles franciliens : « Quel est l’homme politique capable aujourd’hui de mobiliser le plus grand nombre de voix socialistes ? » Réponse : Nicolas Sarkozy. Eh oui, ce diable d’homme s’est révélé d’un machiavélisme digne de feu François Mitterrand quand il s’agit d’effeuiller la rose, ne lui laissant que les épines. Et encore… Dernière en date des pétales à tomber dans son vase : Jack Lang, par deux fois ministre de la Culture et de l’Éducation, longtemps considéré comme l’un des fleurons du parti, hier invité à prendre la porte pour avoir – le traître ! – accepté d’envisager de siéger, ainsi que d’autres personnalités de gauche, au sein d’une commission de réforme des institutions appelée à être créée à l’initiative du chef de l’État....
Actualités - OPINION
Le Point De bonne guerre
Par MERVILLE Christian, le 12 juillet 2007 à 00h00
C’est la blague qui court dans les cercles franciliens : « Quel est l’homme politique capable aujourd’hui de mobiliser le plus grand nombre de voix socialistes ? » Réponse : Nicolas Sarkozy. Eh oui, ce diable d’homme s’est révélé d’un machiavélisme digne de feu François Mitterrand quand il s’agit d’effeuiller la rose, ne lui laissant que les épines. Et encore… Dernière en date des pétales à tomber dans son vase : Jack Lang, par deux fois ministre de la Culture et de l’Éducation, longtemps considéré comme l’un des fleurons du parti, hier invité à prendre la porte pour avoir – le traître ! – accepté d’envisager de siéger, ainsi que d’autres personnalités de gauche, au sein d’une commission de réforme des institutions appelée à être créée à l’initiative du chef de l’État. S’il a réservé sa réponse, en attendant le discours présidentiel d’aujourd’hui jeudi, cela ne lui a pas évité d’être jugé d’ores et déjà coupable et impitoyablement poussé vers la sortie. Cependant, militant il fut, militant il reste, fidèle à son idéal de toujours, ainsi qu’il l’explique dans sa lettre de démission adressée au secrétaire général.
Au Parti socialiste, on ne plaisante pas avec le règlement et François Hollande est là qui veille, d’autant plus farouche défenseur de l’orthodoxie que les défections se font nombreuses depuis la présidentielle. Dans le gouvernement Fillon, on compte six transfuges de gauche : Éric Besson, Bernard Kouchner, Martin Hirsch, Jean-Marie Bockel, Jean-Pierre Jouyet et Fadela Amara, sans parler de Jacques Attali, nommé conseiller spécial à l’Élysée, et de l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, chargé d’une mission sur la mondialisation. On vous fait grâce de tous ceux qui, approchés, ont jugé bon de réserver leur réponse en attendant de voir de quel côté il vaudrait mieux retomber après le brutal réveil d’un certain 6 mai. C’est ainsi que, sagement, le fidèle grognard Julien Dray, Manuel Valls, député-maire d’Évry, Jean-Yves Le Dian (président de la région Bretagne) ont préféré refusé les offres qui leur étaient faites. Olivier Schrameck, ancien lieutenant de Lionel Jospin, et Guy Carcassonne, ex-éminence grise de Michel Rocard, en sont encore à humer le vent. Il n’empêche : la crise prend des allures d’épidémie, notamment depuis que Dominique Strauss-Kahn a fini par accepter la direction générale du Fonds monétaire international, une candidature aimablement soutenue par la présidence de la République, jamais à court de générosité dès lors qu’il s’agit de caser les adversaires de la veille.
Il y a aussi ceux qui, habilement, choisissent de se mettre en réserve du parti et rejoignent ou créent des clubs, des fondations, des cercles de réflexion – un sport très pratiqué en période de traversée du désert –, comme Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienneman, qui viennent de fonder Gauche Avenir. Le temps de la recollection ne date pas d’hier. Il y a belle lurette déjà qu’à gauche se multiplient les diagnostics, les praticiens ne prêchant pas toujours pour la paroisse socialiste mais songeant plutôt à leur propre avenir. Prenez par exemple le cas de Bertrand Delanoë, qui parlait il y a quelque temps d’une « crise d’identité », tout en lorgnant vers l’horizon 2012. Ou encore Malek Boutih qui dénonçait le mal « à la tête » de la formation. Le cas des éléphants est autrement plus sérieux. Seconds couteaux dans les années 80, ils sont aujourd’hui sexagénaires et fatigués d’attendre leur tour. Bien sûr que les pachydermes, c’est connu, vivent longtemps mais ils ont aussi bonne mémoire. Et ils ne peuvent oublier le 18 Brumaire d’une Ségolène Royal qui s’est installée dans la place, bien décidée à poursuivre son travail de fourmi.
En face, la grogne est tout aussi audible dans les rangs de l’UMP, où l’on voit d’un mauvais œil récompensés ces ouvriers de la onzième heure que sont les transfuges « socios ». Face à cette rébellion – oh ! bien timide pour l’heure –, le successeur de Jacques Chirac affiche une benoîte candeur : « Pourquoi devrais-je me priver de compétences ? » s’interroge-t-il devant certains de ses visiteurs, en rappelant sa volonté de « faire bouger les lignes ». Que cela serve à justifier un débauchage éhonté ou à masquer une habile manœuvre, un tel plaidoyer n’est pas particulièrement charitable pour les fidèles de la veille, abandonnés au bord du chemin. Les Français ne s’y sont pas trompés : ils viennent de se prononcer dans une proportion de 82 % en faveur de cette politique d’ouverture, déjà pratiquée par Mitterrand après sa réélection triomphale de 1988.
Après avoir tapé du poing sur la table et fait monter au front le bureau national du PS, Hollande a fini par accepter la participation de siens au « grand chantier » des réformes institutionnelles, à condition qu’ils soient nommés par le parti. Les petits camarades ont-ils compris qui est le véritable patron ?
Christian MERVILLE
C’est la blague qui court dans les cercles franciliens : « Quel est l’homme politique capable aujourd’hui de mobiliser le plus grand nombre de voix socialistes ? » Réponse : Nicolas Sarkozy. Eh oui, ce diable d’homme s’est révélé d’un machiavélisme digne de feu François Mitterrand quand il s’agit d’effeuiller la rose, ne lui laissant que les épines. Et encore… Dernière en date des pétales à tomber dans son vase : Jack Lang, par deux fois ministre de la Culture et de l’Éducation, longtemps considéré comme l’un des fleurons du parti, hier invité à prendre la porte pour avoir – le traître ! – accepté d’envisager de siéger, ainsi que d’autres personnalités de gauche, au sein d’une commission de réforme des institutions appelée à être créée à l’initiative du chef de l’État....