Les arts graphiques révélés par la science dans une exposition à Rennes

Une exposition innovante du Musée des beaux-arts de Rennes propose, jusqu’au 26 août, d’aller « au-delà de l’image » grâce aux nouvelles techniques qui permettent de faire « chanter » les matériaux utilisés dans les arts graphiques du XVe au XXe siècle. L’exposition accueille une centaine d’œuvres aux techniques graphiques diverses (pointes de métal, fusain, pastel, aquarelle, gouache, etc.), rarement montrées au public en raison de leur fragilité à l’air et à la lumière. Mais elle permet aussi au visiteur « d’aller plus loin que l’image, d’explorer les matériaux la composant, de saisir le premier jet, le tracé original, l’hésitation ou la reprise de l’artiste... en bref, de pénétrer dans les coulisses de l’art graphique », explique Christiane Naffah, directrice du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) qui coorganise l’événement. Les nouvelles techniques scientifiques (accélérateur de particules ou microspectrométrie) ont ainsi permis de rendre la paternité de certaines « œuvres à leur véritable auteur ». Ou encore de découvrir que « sans doute des milliers de dessins à travers le monde (que l’on pensait tracés) à la mine de plomb n’en ont jamais contenu », souligne le directeur du musée, Francis Ribemont. Ces techniques ont la particularité d’être non invasives : le dessin est gardé intact tout en permettant des progrès considérables dans l’identification des matériaux graphiques. Selon Mme Naffah, cette exposition est « la première » à présenter des dessins ayant ainsi bénéficié « du regard croisé d’un conservateur du patrimoine et d’un ingénieur physico-chimiste ». Au total, une cinquantaine d’œuvres présentées par le musée ont été analysées par le C2RMF, parmi lesquelles un remarquable dessin de Botticelli à la pointe d’argent intitulé Tête d’ange. « Au-delà du regard », Musée des beaux-arts de Rennes, jusqu’au 26 août (www.mbar.org)