Si la Syrie n’avait été, pendant vingt ans, la grande instigatrice, éternel et machiavélique chef d’orchestre de nos malheurs ;
si le régime assadiste n’avait pas refusé en trente ans d’existence de reconnaître et délimiter nos frontières communes et de nommer des ambassadeurs, refusant par là même la reconnaissance de notre statut d’État indépendant pour mieux pouvoir nous phagocyter ;
si le pouvoir baassiste n’était pas, pour une large majorité de Libanais, synonyme de torture, d’hégémonie, d’exactions, de crimes impunis, d’exodes, d’exils et d’humiliations en tout genre ;
si un jour d’octobre 90 et après un siège sanglant, l’artillerie syrienne n’avait pas pilonné le palais de Baabda, symbole de la résistance de tout un peuple assoiffé de liberté et d’indépendance, étouffant alors dans l’œuf sa première révolution… orange ;
si nos soldats massacrés et nos prisonniers dans les geôles syriennes, fantômes du passé, ne venaient pas, par le biais des visages ravagés de leurs mères, nous rappeler chaque jour notre devoir de justice et de mémoire et surtout celui d’exiger de nos bourreaux la repentance et le pardon ;
si nos dirigeants et journalistes de tous bords n’avaient pas été sauvagement brisés par le régime sanguinaire de Damas juste pour divergence de vues, de positions et d’intérêts ;
si la Syrie revencharde et cynique ne continuait pas à souffler le chaud et le froid dans l’espoir de nous replacer sous son joug implacable, aidée dans ses desseins criminels par ses éternels alliés ;
si notre cher voisin ne nous fournissait pas généreusement et allègrement en armes, factions armées incontrôlables et terroristes en tout genre, afin de déstabiliser et même anéantir ce petit pays qui ne demande qu’à vivre – tout en proclamant, bien sûr, le contraire ;
si notre chère « sœur » ne se complaisait pas dans son jeu diabolique qui consiste à se proclamer championne de l’arabisme et de la résistance alors qu’elle est la plus ancienne et plus fidèle alliée, officieuse bien sûr, de l’État hébreu.
Avec des « si » je pourrai ainsi remplir des pages entières.
Malheureusement, les « si » ne refont pas l’histoire et pour toutes les raisons précitées, s’enorgueillir d’être considéré comme un « adversaire honorable » par Damas est une insulte à l’intelligence, au combat, au courage, aux sacrifices et à l’honneur de notre peuple, car dans le mot honorable il y a honneur et rien, rien dans l’attitude passée, présente et probablement future du régime syrien ne relève de l’honneur et ne lui permet par conséquent d’user et d’en abuser, même verbalement.
Octroyer à notre ex-occupant le privilège suprême de nous catégoriser ou nous définir et s’en satisfaire est une injure à notre histoire et à notre vécu.
Il est des phrases malheureuses, douteuses, qui n’honorent décidément pas ceux qui les prononcent. Et qui confirment le proverbe : « Si la parole est d’argent, très souvent, le silence est d’or. »
Article paru le Mardi 29 Mai 2007
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Si la Syrie n’avait été, pendant vingt ans, la grande instigatrice, éternel et machiavélique chef d’orchestre de nos malheurs ;
si le régime assadiste n’avait pas refusé en trente ans d’existence de reconnaître et délimiter nos frontières communes et de nommer des ambassadeurs, refusant par là même la reconnaissance de notre statut d’État indépendant pour mieux pouvoir nous phagocyter ;
si le pouvoir baassiste n’était pas, pour une large majorité de Libanais, synonyme de torture, d’hégémonie, d’exactions, de crimes impunis, d’exodes, d’exils et d’humiliations en tout genre ;
si un jour d’octobre 90 et après un siège sanglant, l’artillerie syrienne n’avait pas pilonné le palais de Baabda, symbole de la résistance de tout un peuple assoiffé de liberté et d’indépendance, étouffant...
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