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Actualités - OPINION

LE POINT La voie de la raison

Qui a dit : « La Syrie et l’Iran peuvent œuvrer à rétablir la stabilité en Irak sans avoir à y être poussés par les États-Unis ? » Réponse : Condoleezza Rice, le 6 décembre, dans une conférence de presse conjointe tenue à Washington avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Et maintenant une autre question : “Qui a dit : « Les USA se joignent à l’Irak pour lancer une offensive diplomatique incluant la Syrie et l’Iran» ? Réponse : Condoleezza Rice (toujours elle), avant-hier mardi, devant la commission sénatoriale du budget.” Et d’enfoncer un peu plus loin le clou : « Le Premier ministre Nouri al-Maliki pense – et le président Bush ainsi que moi-même sommes d’accord avec lui sur ce point – que le succès nécessite le soutien positif des voisins de ce pays. » Un temps de pause, puis : «Bien entendu, c’est là une des principales conclusions du groupe de travail (coprésidé par James Baker et Lee Hamilton), qui revêt une dimension primordiale sur laquelle de nombreux membres du Sénat et du Congrès ont attiré notre attention. » Enfin ! Après des mois, des années même, de tension et de suspense, il est permis de pousser un ouf de soulagement. Si tout va bien, le Proche-Orient sera le théâtre, probablement dans la première quinzaine du mois en cours, d’une conférence internationale à laquelle participeront les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, les six nations voisines ainsi que divers organismes, dont l’Organisation de la Conférence islamique et la Ligue arabe. Dans un premier temps, a déclaré le chef de la diplomatie US, seront conviés les adjoints des ministres des Affaires étrangères, puis leurs supérieurs hiérarchiques et les membres du G8 prendront le relais, un mois plus tard. Auparavant, « Condie » avait dû faire face à un feu roulant de critiques, les plus acerbes émanant du sénateur démocrate de Virginie de l’Ouest, Robert Byrd, pour qui « nous ne pouvons pas financer indéfiniment des politiques et des stratégies vouées à l’échec ». Dans un article retentissant distribué il y a quelques jours par Tribune Media Services, Henry Kissinger donnait le la de cette conférence à venir, « afin de définir l’issue politique de la guerre irakienne » après avoir répété des mois durant qu’il n’était pas possible de remporter une victoire sur le terrain. Les arguments de l’ancien adjoint de Richard Nixon étaient imparables : si la situation actuelle, faisait-il valoir, devait déboucher sur une République islamique disposant de l’énergie nucléaire et sur un fondamentalisme islamique se prévalant d’avoir bouté la Russie hors de l’Afghanistan et l’Amérique hors de l’Irak, alors il ne sera pas possible d’éviter l’avènement d’une période d’extrême turbulence et même de chaos qui ne se limitera pas à cette partie du monde. La liste dressée par « Dear Henry » avait de quoi donner des frissons dans le dos. Énumérons avec lui : l’Inde, qui abrite la deuxième plus importante population musulmane du globe après l’Indonésie ; cette dernière nation aussi ; la Turquie, qui n’a jamais cessé d’avoir des problèmes avec les Kurdes, la Malaisie et le Pakistan, certains États ouest-européens où vivent d’importantes colonies musulmanes ; la Russie avec ses populations du Sud ; enfin la Chine. Il est évident que Washington n’est pas seul à trouver son intérêt dans un règlement à l’amiable d’une crise dans laquelle l’Administration républicaine s’est imprudemment fourvoyée. Tout comme il est certain que si une certaine forme de realpolitik a fini par remplacer – mieux vaut tard que jamais – ce que l’on pourrait appeler la realpolitik des néoconservateurs, c’est grâce au pragmatique Robert Gates, à la déroute électorale du Grand Old Party et aux arguments inlassablement martelés par les pacifistes de tous crins. On ne saurait non plus ignorer les retombées négatives du programme nucléaire de Téhéran d’une part, celles de la désastreuse politique suivie par Damas au Liban, l’appui de ces deux capitales au Hamas palestinien et aux activistes (sunnites pour l’une, chiites pour l’autre) qui sèment mort, ruine et désolation sur les bords de l’Euphrate. Ces derniers temps, les pressions US ont atteint un degré jamais égalé par le passé. On en voit les effets dans le Khouzistan et le Sistan-Balouchistan, mais aussi – même s’il en est moins question dans la presse – sur les rives du Barada. À ces considérations s’ajoute le fait qu’il convient de ramener à sa véritable dimension, modeste mais réelle, l’engagement des deux régimes dans la conjoncture irakienne. Dès lors, le rendez-vous des prochains jours pourrait s’avérer payant pour tout le monde. À condition d’éviter les dérapages aussi bien que les raidissements. Et de garder un œil sur le nœud gordien de la Palestine. Christian MERVILLE
Qui a dit : « La Syrie et l’Iran peuvent œuvrer à rétablir la stabilité en Irak sans avoir à y être poussés par les États-Unis ? » Réponse : Condoleezza Rice, le 6 décembre, dans une conférence de presse conjointe tenue à Washington avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Et maintenant une autre question : “Qui a dit : « Les USA se joignent à l’Irak pour lancer une offensive diplomatique incluant la Syrie et l’Iran» ? Réponse : Condoleezza Rice (toujours elle), avant-hier mardi, devant la commission sénatoriale du budget.” Et d’enfoncer un peu plus loin le clou : « Le Premier ministre Nouri al-Maliki pense – et le président Bush ainsi que moi-même sommes d’accord avec lui sur ce point – que le succès nécessite le soutien positif des voisins de ce pays. » Un temps de pause, puis :...