Actualités - OPINION
LE POINT Rose bonbon Christian MERVILLE
Par MERVILLE Christian, le 13 février 2007 à 00h00
Un saupoudrage d’une centaine de mesures pour redresser l’économie d’un pays qui se traîne derrière une Europe en pleine renaissance, c’est trop ou pas assez. À tout le moins la manœuvre aura-t-elle permis à la candidate Ségolène de relancer une campagne qui donnait sérieusement de la bande depuis un mois, menaçant d’envoyer par le fond tout une cargaison d’éléphants embarqués à leur corps défendant dans la galère royale. Certes, on ne peut réprimer un sourire devant l’offre faite aux Français de construire « une spirale ascendante des énergies convergentes », mais l’effort n’en était pas moins louable tant il est vrai qu’il importait de tenter d’imprimer un tonus neuf à une course qui est loin toutefois d’être entrée dans la dernière ligne droite. On reprochera à l’intéressée, au choix, d’avoir multiplié les promesses, négligé leur coût financier pour un Trésor dont la dette se monte à 1 000 milliards d’euros, habillé de neuf un vieux projet jadis élaboré par ce même PS puis récupéré, l’automne dernier, par Jacques Chirac , enfin donné dans la « social-libéralitude », pour reprendre l’expression fort heureuse de la Ligue communiste révolutionnaire. Il ne serait pas inutile de rappeler, pour sa défense, les mille et un engagements dont, traditionnellement, les postulants à la magistrature suprême ou au palais Bourbon émaillaient leurs discours. C’est Georges Duhamel qui disait (était-ce sur le ton de la plaisanterie ?) qu’ «il faut tenir les promesses que l’on n’a pas faites », ce qui signifierait a contrario que l’on n’est pas tenu par celles que l’on a faites...
Comme dans celui de La Redoute, on trouve de tout dans le catalogue exposé plus d’une heure et demie durant, dimanche sur une avancée de scène – prononcez « proscenium », même si le latin ne fait pas socialo –, dans un hall du Parc des expositions de Villepinte. Il y a là un smic porté à 1 500 euros (contre 1 250 à l’heure actuelle), les petites retraites relevées dans une proportion de 5 pour cent, à quoi s’ajoutent une soixantaine de dépenses supplémentaires, des dispositions d’encadrement pour les jeunes. Et l’environnement, ma p’tite dame, à l’heure où le monde entier se pare de vert ? Vous m’en mettrez une pincée, avec une part accrue d’énergies renouvelables dans la consommation. Un journal de la perfide Albion ironise : « Où ailleurs qu’en France un homme politique pourrait espérer prendre le pouvoir avec un tel programme ? » Un homme peut-être pas, mais une femme dans une nation qui n’est pas près d’oublier tout ce qu’elle doit à Jeanne d’Arc... Histoire de ne pas être en reste, l’actuel ministre de l’Économie Thierry Breton, n’a pas tardé à dire son effarement devant cette ancienne ministre de François Mitterrand qui sème à tout vent : « Tout cela coûterait des milliards et des milliards », a-t-il dit, avant de relever que, dans le même temps, et ne craignant pas de manier le paradoxe, la femme au tailleur immaculé – mais ce jour-là, elle avait troqué le blanc pour le rouge écarlate – invite l’État à réduire ses dépenses. Impavide, un des secrétaires nationaux du parti, Éric Besson, a déjà répondu que les socialistes disposent d’une marge de manœuvre de 35 milliards d’euros, ce qui signifie que l’on n’aura pas besoin de décréter une augmentation globale des impôts, tout en maintenant la croissance à un rythme de croisière de 2,5 pour cent en moyenne par an sur les soixante mois à venir. Il faut dire que les maîtres de la pompe à Phynance – dixit déjà Alfred Jarry – n’ont pas leur pareil pour faire dire aux chiffres l’exact contraire de ce qu’ils sont censés représenter.
L’une des prouesses de la présidente de Poitou-Charentes aura consisté à promettre « un coup de jeune à cet État colbertiste, jacobin, centralisé à l’excès, croulant sous le poids des bureaucraties », avec l’aide des fonctionnaires, « premières victimes » des lourdeurs administratives. Les candidats-kamikazes sont priés de ne pas se bousculer au portillon. Nonobstant tout cela, il convient de reconnaître qu’en même temps que l’univers de messieurs les ronds-de-cuir, c’est la campagne électorale qui sort ébouriffée, essoufflée d’un dimanche pas comme les autres. Ségolène Royal n’a pas peut-être pas encore, il s’en faut, son ticket d’entrée à l’Élysée, mais elle a réussi, en se remettant en selle, à donner à la course un élan nouveau dont celle-ci avait grand besoin. Dans la foulée, elle aura récupéré « sa » gauche, laquelle d’ailleurs – cavale il y a peu, réduite hier à l’état de canasson – ne demandait que cela. Et dimanche soir, elle entreprenait de consoler la navigatrice Maud Fontenoy, dont le voilier venait de démâter dans l’océan Indien. Mon Dieu, pourvu qu’il ne s’agisse pas là d’un geste de mauvais augure...
Un saupoudrage d’une centaine de mesures pour redresser l’économie d’un pays qui se traîne derrière une Europe en pleine renaissance, c’est trop ou pas assez. À tout le moins la manœuvre aura-t-elle permis à la candidate Ségolène de relancer une campagne qui donnait sérieusement de la bande depuis un mois, menaçant d’envoyer par le fond tout une cargaison d’éléphants embarqués à leur corps défendant dans la galère royale. Certes, on ne peut réprimer un sourire devant l’offre faite aux Français de construire « une spirale ascendante des énergies convergentes », mais l’effort n’en était pas moins louable tant il est vrai qu’il importait de tenter d’imprimer un tonus neuf à une course qui est loin toutefois d’être entrée dans la dernière ligne droite. On reprochera à l’intéressée, au...