Actualités - OPINION
LE POINT Dernière cartouche Christian MERVILLE
Par MERVILLE Christian, le 09 janvier 2007 à 00h00
George W. Bush, ou l’homme à qui Dieu murmure à l’oreille ce qu’il doit faire... L’événement, qui avait sombré dans les replis d’un bienfaisant oubli, mérite d’être rappelé. Juin 2003, soit trois mois après le déclenchement de la funeste opération « Shock and Awe » : devant les dirigeants palestiniens Mahmoud Abbas et Nabil Chaath qu’il reçoit dans le bureau Ovale, le quarante-troisième président des États-Unis se laisse aller à d’étranges confidences, notamment sur ses rapports avec le Tout-Puissant. « Mes missions me sont dictées par Dieu. Il m’a dit : “Va combattre ces terroristes en Afghanistan” et je l’ai fait. Il m’a dit encore : “Va mettre un terme à la tyrannie en Irak” et je me suis exécuté. Aujourd’hui, j’entends de nouveau Ses mots : “Obtiens pour les Palestiniens un État, pour les Israéliens la sécurité, et la paix pour le Moyen-Orient” et par Dieu, je vais le faire. » Au vu des suites données à tous ces engagements, il faut espérer, à quelques heures de l’annonce d’un plan destiné à imprimer une nouvelle orientation à la guerre en Irak, que la nouvelle promesse sera, cette fois, suivie d’effet.
Demain mercredi donc, le chef de l’Exécutif s’adressera à la nation sur le thème « A New Way Forward », un plan dont, dès dimanche, la presse yankee avait révélé les grandes lignes. Ainsi, il s’agira en gros d’envoyer en renfort quelque 20 000 GI’s, soit l’équivalent de cinq brigades (à raison d’une unité par mois), à charge pour les Irakiens d’en mettre autant dans la balance ; d’accélérer le processus de reconstruction du pays ; enfin, de ne pas lésiner sur la dépense, ce qui reviendrait à engager une rallonge estimée dans l’immédiat à la somme rondelette de 100 milliards de dollars. Encore faudrait-il que l’opinion publique, le Congrès et les alliés de Washington entérinent le projet. Ce qui, à entendre la nouvelle présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et le prince héritier d’Arabie saoudite Sultan ben Abdel Aziz, est loin d’être le cas. Le général Anthony Zinni, ancien chef du Centcom, est sceptique : « Au mieux, nous aurions besoin de cinq à sept ans pour obtenir un Irak raisonnablement stable », vient-il de confier à des journalistes. De tels propos sont tenus au moment où le Washington Post, pourtant peu suspect d’antibushisme, du moins jusqu’à une date récente, cite quelques chiffres, inquiétant reflet d’un bien sombre panorama : au second semestre de l’année écoulée, le total des morts a triplé par rapport à la période correspondante de 2005.
Il apparaît évident désormais que la Maison-Blanche n’a tenu aucun compte du rapport établi le mois dernier par le comité Baker-Hamilton, lui préférant un plan de guerre, œuvre d’un stratège en chambre, Frederick Kaga, et d’un général à la retraite, Jack Keane. Plus humiliant pour les deux hommes, il ne sera tenu compte que partiellement de leurs suggestions, notamment en ce qui concerne le chiffre des effectifs supplémentaires sur le terrain. Ce qui fait dire aux détracteurs, de plus en plus nombreux, de l’actuelle Administration, qu’une fois de plus, le président s’apprête à envoyer juste ce qu’il faut de troupes pour échouer dans son ambitieuse entreprise. Même le sénateur John McCain, partisan pourtant d’un accroissement des troupes présentes sur le terrain, se montre dubitatif. « Je veux savoir, a-t-il exigé, si nous allons être sur place en nombre suffisant. »
Triste fin de parcours pour un homme qui, après avoir pris un faux départ, a su se rattraper à la faveur des attentats du 11 septembre 2001 avant de commencer à trébucher à moins de deux années de la ligne d’arrivée. Ils sont nombreux aujourd’hui ceux qui ont tendance à placer Bush fils dans le peloton de queue des successeurs de George Washington et à rappeler le triste précédent d’un Lyndon B. Johnson traînant jusqu’à la fin de sa vie la casserole vietnamienne. À cette différence (majeure) près : celui-ci avait hérité d’une situation créée par ses prédécesseurs, alors que la désastreuse équipée mésopotamienne est de bout en bout l’œuvre des brillants experts en relations internationales du Grand Old Party.
Meilleure distribution des recettes provenant du pétrole, participation accrue des sunnites à la vie politique, retour en grâce des anciens baassistes : on voit mal comment de tels objectifs, prévus dans l’ébauche du programme appelé à être rendu public demain, pourraient être réalisés quand rien ou presque n’a été fait dans ce sens en plus de trois ans. Quant à la reconstruction annoncée, de l’avis de tout le monde elle surviendrait trop tard, en supposant réalisable un processus dont les grandes lignes se trouvent toujours dans les cartons de leurs auteurs. Eh oui, il faut bien se rendre à l’évidence : l’Irak et l’Amérique ont changé. Hélas, pas pour le meilleur.
George W. Bush, ou l’homme à qui Dieu murmure à l’oreille ce qu’il doit faire... L’événement, qui avait sombré dans les replis d’un bienfaisant oubli, mérite d’être rappelé. Juin 2003, soit trois mois après le déclenchement de la funeste opération « Shock and Awe » : devant les dirigeants palestiniens Mahmoud Abbas et Nabil Chaath qu’il reçoit dans le bureau Ovale, le quarante-troisième président des États-Unis se laisse aller à d’étranges confidences, notamment sur ses rapports avec le Tout-Puissant. « Mes missions me sont dictées par Dieu. Il m’a dit : “Va combattre ces terroristes en Afghanistan” et je l’ai fait. Il m’a dit encore : “Va mettre un terme à la tyrannie en Irak” et je me suis exécuté. Aujourd’hui, j’entends de nouveau Ses mots : “Obtiens pour les Palestiniens un...