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Actualités - OPINION

LE POINT À consommer sur place Christian MERVILLE

Cinq jours après la publication du rapport Baker-Hamilton, ses auteurs sont passés à la contre-attaque pour répondre aux tirs croisés de l’arrière-garde néoconservatrice locale et de certains dirigeants irakiens pointés du doigt en raison de leurs errements depuis le début de la guerre. Le week-end dernier, l’ancien bras droit de Bush père et l’ex-Congressman qui a représenté trente-quatre années durant le neuvième district de l’Indiana ont multiplié les apparitions sur les chaînes de télévision. Leur leitmotiv, martelé à l’unisson ou séparément : l’Amérique doit s’engager sur la voie diplomatique si elle veut éviter des problèmes majeurs au Proche-Orient. Ce que craignent les pères de l’étude la plus explosive des trente dernières années, dont les phrases constituent autant de coups de tonnerre dans un ciel déjà lourdement chargé depuis les déboires successifs de la Coalition ? Un retard, encore un, dans les décisions de la Maison-Blanche. Or le dernier sondage AP-Ipsos rendu public hier lundi est alarmant : ils ne sont plus que 9 pour cent à croire possible une victoire militaire, 71 pour cent à se dire insatisfaits de la manière dont les opérations militaires sont menées, 87 pour cent à se prononcer pour un compromis. Plus grave encore, deux tiers des Américains ne s’attendent pas à voir émerger de cette malencontreuse expédition un pays stable, réconcilié avec lui-même et doté d’un gouvernement démocratiquement élu. Les Américains seraient-ils, sous des dehors tout nimbés de rose, un peuple foncièrement pessimiste ? On serait tenté de le penser si l’on se souvient que, dans le courant de décembre 1965, alors que la guerre du Vietnam en avait encore pour huit ans, un Gallup révélait qu’une infime minorité (7 pour cent) croyait à une défaite du Vietcong. Il faut croire plutôt qu’en général – oh, n’en faisons pas un dogme de foi..., le peuple est moins borné que ses dirigeants, imbus d’eux-mêmes et convaincus de leur infaillibilité. On l’a si souvent répété, et des sources les plus diverses, que la rumeur ne pouvait avoir pour origine qu’une source haut, très haut placée : ce n’est pas de gaieté de cœur que George W. s’est résigné à demander au Swat team de papa de jouer les démineurs. Il lui a fallu après cela faire quelques offrandes propitiatoires : Donald Rumsfeld, John Bolton, d’autres encore appelés bientôt à suivre le chemin de l’exil forcé. En janvier, le président devra procéder à un bouleversement sans précédent – une véritable révolution, dit-on dans son entourage – de sa politique dans l’ensemble de la région. Cette révision déchirante, pour reprendre une expression à la mode à l’ère de Dwight Eisenhower et de son secrétaire d’État John Foster Dulles, sera censée conduire les USA à un désengagement qui leur permettra de sauver la face et d’éviter une nouvelle application de la « théorie des dominos ». À l’honneur dans les années cinquante, quand finissaient de se consumer les dernières braises du conflit entre les deux Corées et que commençaient à dangereusement rougeoyer celles de l’ancienne Indochine, ce principe stipule que si un pays finissait par tomber sous l’emprise du bloc communiste (Chine ou Union soviétique), il s’en ensuivrait immanquablement la chute en cascade de l’ensemble des États voisins. Un demi-siècle plus tard, remplacez Mao et Khrouchtchev par Ahmadinejad et vous retrouvez, des tendances hégémoniques au danger nucléaire, les mêmes appréhensions. Ou presque. En réalité, derrière une intransigeance de façade et des menaces qui n’impressionnent que ceux qui font semblant d’y croire, la République islamique cherche, en même temps qu’à étancher une soif de respectabilité, à asseoir son statut de superpuissance régionale. Que viendrait contrebalancer le poids d’une Turquie toute occupée pour l’instant à trouver sa voie entre Atatürk et Erdogan, à attendre que s’entrouvre la porte des Vingt-Cinq, enfin à voir par quel bout saisir le tison kurde sans se brûler les doigts. À l’heure où s’accélère le rythme des événements, il est impératif que les décisions soient prises (bonnes, de préférence...). Il y va de l’avenir immédiat d’une partie du monde hautement explosive, et pas seulement en raison des réserves énergétiques qu’elle recèle. Pour bétonner son dossier, le tandem Baker-Hamilton avait eu besoin de sept mois et de 307 personnes à consulter. Il faut espérer qu’il ne faudra pas à Bush un temps aussi long, ni un panel aussi important, pour réaliser enfin que la démocratie n’est pas un produit made in USA exportable. Pas plus que ne l’est un concept faussement baptisé révolution. Sous quelque cimeterre, islamique ou autre, qu’on veuille la placer.
Cinq jours après la publication du rapport Baker-Hamilton, ses auteurs sont passés à la contre-attaque pour répondre aux tirs croisés de l’arrière-garde néoconservatrice locale et de certains dirigeants irakiens pointés du doigt en raison de leurs errements depuis le début de la guerre. Le week-end dernier, l’ancien bras droit de Bush père et l’ex-Congressman qui a représenté trente-quatre années durant le neuvième district de l’Indiana ont multiplié les apparitions sur les chaînes de télévision. Leur leitmotiv, martelé à l’unisson ou séparément : l’Amérique doit s’engager sur la voie diplomatique si elle veut éviter des problèmes majeurs au Proche-Orient.
Ce que craignent les pères de l’étude la plus explosive des trente dernières années, dont les phrases constituent autant de coups de...