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Actualités - OPINION

LE POINT La malédiction irakienne

C’est entendu, George W. Bush n’aura pas le droit de rempiler à l’expiration, en 2008, de son second mandat. Mais en chef de parti, il doit veiller à ce que le prochain hôte de la Maison-Blanche soit républicain et, pour cela, il importe qu’il trouve une sortie honorable pour des boys qu’il a envoyés patauger dans les marécages mésopotamiens, il y a de cela trois ans et demi. Tel est le premier volet du diptyque. L’autre face, et c’est à Washington que l’on vous assénera jusqu’à plus soif cette évidence, l’Amérique doit faire vite si elle tient à restaurer une image catastrophiquement ternie aux yeux du monde arabe. Ajoutez au boulet irakien une crise libanaise qui menace à tout instant de déraper, un programme nucléaire auquel le régime iranien ne veut à aucun prix renoncer, enfin un lourd contentieux israélo-palestinien qui désespère toutes les bonnes volontés du monde. Nul besoin d’agiter le tout pour obtenir un mélange explosif. C’est pour tenter de résoudre cette quadrature du cercle qu’a été mis sur pied l’Iraq Study Group, dont le rapport devrait paraître demain mercredi. Mais ce que l’on omet de rappeler, à chaque fois qu’il est question de cet organisme mené par le tandem James Baker-Lee Hamilton, c’est que deux autres équipes de travail ont été créées, l’une par la Maison-Blanche elle-même, l’autre par le Pentagone. À ce jour, le peu qui a filtré sur leurs conclusions est que, sur le terrain, la situation échappe désormais à tout contrôle et, politiquement, le Premier ministre Nouri el-Maliki est trop marqué par son alliance avec Moqtada el-Sadr pour prétendre se situer au-dessus de la mêlée. Un moment, on a pu croire que le départ de Donald Rumsfeld avait sonné le glas des espoirs des éperviers du Pentagone – et à travers eux des néoconservateurs. Hélas, il n’en est rien ! Très proche du sommet de la pyramide, il y a Dick Cheney qui continue de veiller au grain (après tout, les intérêts de Halliburton ne sont-ils pas en jeu, et avec eux ceux de la nébuleuse des affairistes qui se cachent derrière cette appellation ?). De toutes les options susceptibles d’être retenues, la moins plausible reste celle de l’accroissement du nombre de combattants US. Pourtant, il y a peu, le chef de l’Exécutif se hasardait à avancer un chiffre : 20 000 hommes qui contrôleraient principalement la capitale, soutenu en cela par John McCain, que tout le monde dans la capitale fédérale s’accorde à donner comme le candidat du Grand Old Party à la prochaine présidentielle. Mais trois jours plus tard, Chuck Hagel, l’une des figures de proue républicaine au sein de la commission sénatoriale des Relations extérieures, écrivait dans le Washington Post : « L’heure n’est plus à l’envoi de renforts. Nous ne disposons plus de réservistes et d’ailleurs ils ne pourraient rien faire. » D’ailleurs Bush s’entêterait-il à vouloir doubler sa mise irakienne qu’il se trouverait nombre de conseillers pour, chiffres des pertes à l’appui, entreprendre de l’en dissuader. Formel, Stephen J. Hadley, le conseiller pour la Sécurité nationale, parle, lui, de « changements significatifs », rappelant que, pour son patron, « le rythme de ce qui se passe n’augure rien de bon pas plus qu’il n’est assez rapide ». On voit fort bien ce que parler veut dire, mais au cours des dernières quarante-huit heures, dix marines ont été tués, ce qui porte le total des pertes à 2 895, sans compter les blessés. Sans compter aussi les 350 milliards de dollars engloutis dans cette guerre. Qu’est-ce à dire ? Ceci essentiellement : pour peu que le Centcom, suivant en cela les ordres du président, décide de passer à la vitesse supérieure, le bilan des morts civils et militaires connaîtra, lui aussi, un notable accroissement. On comprend, dans une telle conjoncture, les inquiétudes de Tony Blair, attendu demain dans le bureau Ovale pour des entretiens de la dernière chance. Que cette démarche intervienne le jour même où paraîtra le rapport Baker-Hamilon, qui constitue, a dit le porte-parole du Premier ministre, une « heureuse coïncidence ». Heureuse, vraiment ? Et d’abord pour qui ? Christian MERVILLE
C’est entendu, George W. Bush n’aura pas le droit de rempiler à l’expiration, en 2008, de son second mandat. Mais en chef de parti, il doit veiller à ce que le prochain hôte de la Maison-Blanche soit républicain et, pour cela, il importe qu’il trouve une sortie honorable pour des boys qu’il a envoyés patauger dans les marécages mésopotamiens, il y a de cela trois ans et demi. Tel est le premier volet du diptyque. L’autre face, et c’est à Washington que l’on vous assénera jusqu’à plus soif cette évidence, l’Amérique doit faire vite si elle tient à restaurer une image catastrophiquement ternie aux yeux du monde arabe. Ajoutez au boulet irakien une crise libanaise qui menace à tout instant de déraper, un programme nucléaire auquel le régime iranien ne veut à aucun prix renoncer, enfin un lourd...