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Actualités - OPINION
Petite histoire du népotisme
Par MOUBARAK Jean-Paul, le 02 novembre 2006 à 00h00
Parler de son pays n’est pas chose aisée. Pourtant le sujet que je vais évoquer, s’il n’a rien de récent, n’en reste pas moins d’actualité et pour cause... Il est éternellement remis sur le tapis par des gens qui, comme moi, se révoltent contre des situations de fait bien ancrées dans nos us à tel point qu’elles en deviennent indécrottables. Il est temps que cela change !
Le Liban est une grande société familiale. C’est triste à dire et à admettre, mais c’est comme ça. Nous vivons dans un système de népotisme perpétuel. Pour vous mettre au goût du jour, je vais expliquer rapidement en quoi consistait le népotisme. Autrefois, en France, avant la Révolution de 1789, existaient les confréries (les maîtres, les compagnons et les artisans). Ces confréries régnaient en despotes absolus sur le métier qu’elles exerçaient. Ainsi, un compagnon menuisier était voué à devenir un maître menuisier, etc. De ce fait, beaucoup de professions étaient limitées. Le mot népotisme est dérivé de neveu car, initialement, les maîtres, en cas d’absence de descendance, offraient la suite de leur art à leur neveu ou, en cas d’absence du neveu, à leur compagnon. Avec la Révolution de 1789, les confréries furent abolies et remplacées par un système basé sur l’égalité.
Cela, c’était il y a 220 ans. Mais au Liban, nous sommes restés à la période prérévolutionnaire. Au sein de l’État, le principe du népotisme existe. Force est d’admettre qu’il survit et, ma foi, fort bien. La politique chez nous est une affaire de famille. On commence à préparer le fils de son père à son dur métier de dauphin de la couronne dès son plus jeune âge. Pour un peu, on en viendrait à lui enseigner l’art de la guerre... Le bourrage de crâne et le lavage de cerveau commencent pour des idées parfois nouvelles, le plus souvent désuètes pour mettre en exergue la pensée d’un père, pensée souvent inadaptée aux besoins du peuple. La politique une histoire de famille ? Oui, mais jusqu’à quel point ? Il ne s’agit pas d’imposer le fils quand ce dernier n’est pas apte à faire de la politique. Évidemment, dans la plupart des cas, on juge qu’il fait le poids et largement. On juge même qu’il arrive à dépasser la pensée de son père pour faire de sa politique une politique personnelle (pas souvent digne de respect et d’admiration, mais c’est comme ça !)
Des générations entières, issues des mêmes familles, se ruent sur nos leaders comme s’ils étaient le Messie. Par contre, de nouvelles générations se ruent sur des messies qui n’existent pour eux que parce que leurs parents leur ont inculqué les idées politiques de « l’homme de la situation ». Ce qui est étrange, c’est que toute cette effervescence juvénile, puérile et enfantine voire quasi naïve n’est présente que dans des esprits qui se sont emballés pour des événements qui se sont produits alors qu’ils venaient à peine de naître et donc qu’ils n’ont pas réellement vécus, en tout cas dont ils n’ont eu vraiment conscience que par leurs parents ou par ouï-dire. Il est aisé de dire que tel leader est un héros national à un gosse de 15 ans, alors qu’il n’était pas né à l’époque où l’acte d’héroïsme est relaté. Beaucoup l’ont fait et beaucoup d’autres le feront encore.
Libanais, réveillez-vous ! On ne gère pas un pays comme une SAL. Un pays, c’est un capital humain plus qu’un capital politique. Libanais, prenez conscience de vos devoirs envers la nation et agissez en responsables, en sachant peser le pour et le contre sans vous exciter pour ou contre tel personnage dont le charisme et les belles paroles sont souvent trompeurs. Personne n’a jamais totalement raison et personne n’a totalement tort. Les idées se construisent à partir de votre connaissance des choses et de votre perception, pas de la perception que l’on a bien voulu vous donner et qu’on continue à vouloir vous communiquer comme s’il s’agissait d’un précieux trésor.
Ne vous fiez pas au népotisme de vos ancêtres et de vos pères. Vous êtes là pour construire un nouveau Liban. Si vous le voulez... Si vous le pouvez... Parce que vous le devez.
Jean-Paul MOUBARAK
Parler de son pays n’est pas chose aisée. Pourtant le sujet que je vais évoquer, s’il n’a rien de récent, n’en reste pas moins d’actualité et pour cause... Il est éternellement remis sur le tapis par des gens qui, comme moi, se révoltent contre des situations de fait bien ancrées dans nos us à tel point qu’elles en deviennent indécrottables. Il est temps que cela change !
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