Sommes-nous en guerre ou non? Notre peuple est-il en train d’être massacré ou non? Les déplacés et nouveaux sans-abri sont-ils libanais ou non? Pour ceux qui répondront «non», je les laisse dans leur naïveté. Pour ceux qui répondent «oui», une question se pose: Que veut dire armée? Selon le dictionnaire: «L’armée est une organisation sous contrôle d’un État, destinée à assurer la protection des citoyens, du territoire et, des intérêts de cet État, contre les agressions d’autres pays.» En 1975, quand les Palestiniens avaient érigé un État dans l’État et retournaient leurs fusils vers les Libanais, une polémique autour du recours à l’armée s’instaura, avec les conséquences fâcheuses que l’on connaît. En 1978, quand les Syriens bombardaient les collines d’Achrafieh et encerclaient Zahlé, prenant en tenailles les Libanais, la Grande Muette resta aphone et nous avons payé le prix. En 1989, quand les Syriens – encore eux – se sont déchaînés contre les Libanais qui refusaient leur tutelle, et que l’armée ripostait, elle était traitée d’isolationniste. Israël agresse le Liban, tue des Libanais, déplace des Libanais, bombarde l’infrastructure des Libanais, viole l’espace aérien des Libanais, bref, en un mot, ce sont des Libanais qui écopent. Indépendamment des causes pour lesquelles la guerre a commencé, tant que notre pays est agressé et que ce sont des compatriotes qui sont atteints, pourquoi devra-t-on répéter la bêtise de 1975 et se contenter de faire des déclarations en menaçant d’avoir recours à l’armée si cette dernière est agressée? Mais les positions de l’armée ont bien été touchées, les installations radar, les casernes, le matériel (Sud, Békaa, Nord, Jounieh, Kfarchima, etc.), des soldats sont même morts. Et que fait-on, à part des visites dans les hôpitaux et sur les lieux touchés? Pourquoi ne prend-on pas une position claire sur ce qui se passe? Vous voulez faire de la politique, messieurs, faites de la politique, mais ne mélangez pas politique, poche et pots-de-vin! Cela ne veut pas dire que je suis pour une guerre généralisée, mais au moins pour des déclarations et positions claires et franches de la part de tous nos responsables, qui doivent cesser de faire de la surenchère et plutôt de se sentir responsables de la situation qui prévalait avant l’agression. Cette agression était prévue (peut-être pas de cette envergure), mais depuis le fameux mois de mars 2005, qu’ont-ils fait? Le Liban serait-il encore à mi-chemin entre l’inconscience et la naïveté? Fouad A. SALHA