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Péridurale…

La bonne ou la mauvaise nouvelle ? Commençons par la bonne : avant même la tenue de la conférence de dialogue, le sentiment général était que dès le premier jour, le second au plus tard, les participants commenceraient à claquer la porte l’un après l’autre. Un cercle vicieux qui ramènerait tout ce joli monde au point de départ : l’impasse, un non-dialogue à boulets rouges. Les pessimistes invétérés en ont été pour leurs frais : franches poignées de main, sourires aux anges, accolades imprévisibles, on se serait cru à une réunion de famille à l’occasion d’un heureux événement. L’enfantement, de toute évidence, se fait dans la bonne humeur. Si la présence des photographes et des caméras de télévision y est pour beaucoup, il n’en reste pas moins que l’intention de tous est manifeste : rassurer, tranquilliser une opinion publique exacerbée, arrivée à saturation. Ça, c’est le côté façade : réjouissant, optimiste, un climat jubilatoire véhiculé par le maître de céans, un Berry au mieux de sa forme mais réaliste quand même : « Si le dialogue échoue on dira : “Berry a échoué”, s’il réussit tous les participants en partageront le crédit. » Alors que les chefs du « premier rang » entament aujourd’hui le deuxième round de leurs pourparlers, peut-on déjà dresser un premier bilan des travaux ? Tout ou rien ? Un accord global, un « package deal », sinon la voie ouverte à l’échec, à la déroute générale ? Cela n’est nullement vrai : entre le siège du Parlement et l’« Étoile Suites », entre ce haut lieu du Législatif et l’intimité veloutée d’un hôtel de luxe, un déclic s’est produit, la glace a été rompue et l’inimaginable est survenu : Joumblatt et Nasrallah se serrent la main, rient de leurs sarcasmes passés, Geagea et Aoun esquissent le profil du futur président sans agressivité, sans s’envoyer les dossiers à la tête, le tout sous les regards complices, presque attendris, de leurs proches conseillers ! Ça, c’est évidemment la face visible de l’iceberg, celle qui autorise Berry à annoncer une issue positive cette semaine, celle qui pourrait préfigurer un dialogue désormais « plus civilisé » entre les divers protagonistes. Mais sur le fond tout reste encore à défricher. Si les préliminaires ont été satisfaisants, ont permis aux débatteurs de mieux se connaître ou de se connaître tout court, l’accord est encore loin d’être à portée de main. Et là on arrive à la mauvaise nouvelle qui n’en est pas vraiment une. Si l’accouchement, place de l’Étoile, s’accomplit dans la bonne humeur, c’est qu’il se fait sous péridurale et l’euphorie ambiante masque la réalité, un diagnostic imparable : la naissance nécessitera une césarienne, au mieux le recours au forceps. Mais trêve de détails cliniques. Cette entrée en matière a pour simple but de remettre les pendules à l’heure : de longues années de conflits, de profondes divergences, de ruptures fracassantes ne peuvent s’effacer du jour au lendemain. Les séquelles du retrait syrien, les exigences, les conséquences de la 1559 ne peuvent être occultées, ignorées. S’il est des questions qui peuvent faire l’objet d’accords solides, il en est d’autres qui risquent de tout torpiller, de tout retarder. D’ores et déjà des points de convergence ont été établis, un terrain d’entente a été déblayé. Par ordre de sujets examinés : – l’unanimité autour du tribunal à caractère international et de l’élargissement de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri ; – la libanité des hameaux de Chebaa et le nécessaire recours aux Nations unies pour la révision du tracé de la ligne bleue. Le Hezbollah reconnaîtrait ainsi le rôle déterminant de la diplomatie en sus de celui de la Résistance ; – le désarmement des Palestiniens hors des camps et la réglementation de l’armement à l’intérieur. Trois questions vitales autour desquelles les congressistes se sont déjà entendus ou sont en mesure de le faire. Restent les deux plats de résistance, étroitement imbriqués : l’avenir du Hezbollah et la succession d’Émile Lahoud. Parler de succession, c’est déjà admettre l’idée du départ et le parti de Hassan Nasrallah s’y est déjà résolu. Un pas de géant a été accompli, mais il reste insuffisant. Il y a loin, bien loin, de la coupe aux lèvres. Quoi qu’il en soit, le problème est posé et l’équation est désormais claire : la communauté maronite doit s’entendre sur l’identité du prochain président et le Hezbollah souscrire au choix qui le rassurera sur son sort, qui confirmera que la question des armes sera discutée ultérieurement, sans précipitation, en tenant compte des données régionales et internationales. L’écueil est là, il est immense. Hier, jour du Seigneur, les parties protagonistes, les parties au dialogue ont pris le temps de souffler, le temps de revoir leur copie. Certains ont été consulter leurs proches, d’autres ont été à confesse à Bkerké, mais rien n’en a filtré. Les desseins du patriarcat sont, comme on sait, impénétrables. Quelques jours encore de conciliabules, quelques jours pour définir les lignes générales d’un accord. Fumée blanche, fumée grise, fumée noire, on en aura le cœur net incessamment. Une question subsidiaire : qui présidera le 28 mars la délégation libanaise au sommet arabe de Khartoum ? Nagib AOUN
La bonne ou la mauvaise nouvelle ?
Commençons par la bonne : avant même la tenue de la conférence de dialogue, le sentiment général était que dès le premier jour, le second au plus tard, les participants commenceraient à claquer la porte l’un après l’autre. Un cercle vicieux qui ramènerait tout ce joli monde au point de départ : l’impasse, un non-dialogue à boulets rouges.
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