Le président irakien déchu Saddam Hussein répond, ces jours-ci, du massacre de dizaines d’insurgés chiites dans la ville de Doujail : une opération punitive parmi tant d’autres, généralement agrémentées de séances de torture et qui trouvaient leur épilogue dans les fosses communes...
Actualités - OPINION
La revanche des fantômes
Par Issa GORAIEB, le 07 décembre 2005 à 00h00
Même en matière d’épouvante et d’horreur, il arrive au hasard de bien faire les choses.
Le président irakien déchu Saddam Hussein répond, ces jours-ci, du massacre de dizaines d’insurgés chiites dans la ville de Doujail : une opération punitive parmi tant d’autres, généralement agrémentées de séances de torture et qui trouvaient leur épilogue dans les fosses communes rondement aménagées au bulldozer. Preuve est faite, dans le même temps, qu’on n’était pas en reste dans l’idyllique localité de Anjar, même si l’on y officiait en vase clos. C’est pourquoi la mise au jour de charniers aux abords directs de l’ancien quartier général des renseignements syriens opérant au Liban est un développement aussi capital que douloureux. Car en restituant les pitoyables restes de dizaines de suppliciés, la terre libanaise n’a fait en réalité que vomir, dans ce qu’elles avaient de plus atrocement inhumain, toutes les atteintes et violences qui lui ont été fraternellement infligées trois décennies durant.
Pourquoi tout ce bruit en cet instant précis, trouvait moyen de s’étonner hier, dans une belle démonstration d’humour noir, l’un des fidèles locaux de la Syrie. Que l’on ouvre donc toutes les tombes sans exception, renchérissait un autre, oubliant que les crimes de guerre sont doublement condamnables quand ils sont commis en temps de paix : et de surcroît par ceux-là mêmes qui se posaient en pacificateurs. Voilà bien pourquoi Anjar apporte, s’il en était encore besoin, un argument supplémentaire et absolument imparable pour la mise en place d’un tribunal international.
Pourquoi une telle instance ? D’abord parce que c’est une commission éminemment internationale elle-même qui enquête sur l’attentat terroriste du 14 février : événement colossal ayant eu lieu sur le territoire d’un pays étroitement contrôlé à l’époque par un autre pays, ce qui faisait naturellement de ce dernier le suspect numéro un. Jamais l’appareil juridico-policier libanais, encore convalescent, n’aurait été de taille à traiter tout seul un aussi lourd dossier. Et il en va du jugement comme de l’enquête. Car seul un tribunal international, offrant toutes les garanties d’impartialité, aurait l’autorité nécessaire pour sommer à comparaître les coupables, quelque élevé que soit leur rang, pour prononcer ensuite un juste verdict.
Un tribunal international ce serait une grande première, dans cette vaste région du monde où les gouvernants s’arrogent tous les droits : celui de procéder à des arrestations sans mandat ; d’emprisonner des années durant sans le moindre procès ; de soumettre à la torture, de tuer, puis de tout faire disparaître dans les sables de l’arbitraire. Un tribunal international, ce serait une magistrale leçon pour toutes les dictatures, républicaines ou monarchiques peu importe, accoutumées à l’impunité et qui ne redoutent qu’une seule chose, les coups d’État. C’est précisément tout cela qui suscite la panique, et pas seulement à Damas, hélas.
Passe encore que certains États arabes se dépensent en médiations et autres bons offices en brandissant le spectre d’une déstabilisation de la Syrie. Ce qui dérange et attriste le plus, c’est que des parties libanaises, et non des moindres, se croient tenues d’assumer de si inconditionnelle manière leurs alliances, au risque de heurter de front le sentiment national. Ce qui atterre et donne rétrospectivement le vertige, c’est que toutes les horreurs de Anjar n’ont pu raisonnablement être commises sans que des dirigeants libanais l’aient su. Ou qu’ils s’en soient, pour le moins, doutés. Il n’y avait à leurs yeux de citoyens disparus que ceux emmenés par l’ennemi israélien. Pour eux, les autres n’existaient tout simplement pas, malgré les incessantes suppliques des familles.
Une enquête internationale, une seule ? C’est de tout un tombereau qu’a besoin un pays où le silence des morts n’aura honteusement eu d’égal que celui des vivants.
Issa GORAIEB
Même en matière d’épouvante et d’horreur, il arrive au hasard de bien faire les choses.
Le président irakien déchu Saddam Hussein répond, ces jours-ci, du massacre de dizaines d’insurgés chiites dans la ville de Doujail : une opération punitive parmi tant d’autres, généralement agrémentées de séances de torture et qui trouvaient leur épilogue dans les fosses communes...
Le président irakien déchu Saddam Hussein répond, ces jours-ci, du massacre de dizaines d’insurgés chiites dans la ville de Doujail : une opération punitive parmi tant d’autres, généralement agrémentées de séances de torture et qui trouvaient leur épilogue dans les fosses communes...
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