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Actualités - OPINION

Économie Incertitude et politique monétaire

Par Charbel CORDAHI * Lorsqu’une banque centrale formule sa politique monétaire, elle compose avec un degré important d’incertitude économique. Cette incertitude est liée à l’état de l’économie, à la nature des relations économiques et à l’ampleur et la persistance des chocs. Différentes stratégies permettent de pallier l’incertitude : la collecte d’informations sur l’économie, l’utilisation de modèles structurés, le choix de fonctions de réaction appropriées, et l’estimation régulière de l’écart de production (différence entre le revenu effectif et le revenu potentiel). La collecte d’informations sur l’économie comprend des mesures quantitatives et qualitatives reflétant le point de vue des agents. Ces informations aident une banque centrale à porter un jugement sur l’état de l’économie et à formuler des décisions en matière de politique monétaire. Dans ce cadre, les données sur le crédit et les écarts de taux liés à la qualité des emprunteurs sont de grande importance. L’évaluation du comportement des intermédiaires financiers, des ménages et des entreprises permet à la banque centrale de tirer des conclusions au sujet des pressions s’exerçant du côté de la demande et de l’inflation. Les projections obtenues à l’aide de modèles macroéconomiques, qui sont au centre de l’information prise par une banque centrale, intègrent des hypothèses sur l’économie et sur le mode de transmission domestique de la politique monétaire. Ces modèles aident à déterminer les conséquences des chocs sur la fixation des taux d’intérêt, ainsi que les effets des variations de la demande étrangère et du prix du pétrole sur les variables domestiques nominales et réelles. Certains modèles (modèles vectoriels à correction d’erreurs) intégrant un agrégat monétaire sont largement utilisés par les banques centrales. Les projections qui dépassent un ou deux trimestres incluent une fonction de réaction de la politique monétaire. Cette fonction définit le taux d’intérêt à court terme d’après un nombre limité de variables macroéconomiques. Les « bonnes » fonctions de réaction parviennent à contrôler l’inflation et à garder le revenu près de son niveau potentiel. L’étude de l’écart de production facilite la compréhension de la dynamique de l’inflation à long terme. Cependant, la mesure de cet écart est de grande difficulté et les résultats sont souvent imprécis. C’est pourquoi les départements de recherche des banques centrales ont recours à une série d’indicateurs pour évaluer l’écart de production (output gap). Parmi ces indicateurs, nous trouvons le taux d’utilisation des capacités de production, les commandes passées, le taux de chômage, les études sur l’inflation sous-jacente, etc. En combinant différentes approches, une banque centrale peut établir un cadre complet de l’économie nationale. Une communication institutionnelle claire sur la méthode mise en place pour contrer l’incertitude renforce alors la crédibilité de l’autorité monétaire d’un État. * Économiste – Centre de recherches et d’études doctorales de l’ESA (CRED). En coopération avec l’ESA
Par Charbel CORDAHI *

Lorsqu’une banque centrale formule sa politique monétaire, elle compose avec un degré important d’incertitude économique. Cette incertitude est liée à l’état de l’économie, à la nature des relations économiques et à l’ampleur et la persistance des chocs. Différentes stratégies permettent de pallier l’incertitude : la collecte d’informations sur...