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Actualités - OPINION

Damas subit le contrecoup de l’accumulation de ses dérives libanaises

Un ministre trouve extraordinaire, et extraordinairement regrettable, que la Syrie et le Liban en viennent à recourir à la médiation d’une tierce partie, en l’occurrence le Soudan, pour essayer de s’entendre. Le mal, à son avis, trouve son origine dans le fait que le régime syrien ne semble toujours pas réaliser ce que le rétablissement de l’indépendance libanaise signifie. Il n’a pas l’air de comprendre non plus que pour se dépêtrer du filet des pressions, il lui faut coopérer pleinement avec la commission d’enquête internationale sur l’assassinat du président Hariri. Damas a commis une faute capitale, estime ce ministre, en insistant pour imposer la prorogation du mandat du président Émile Lahoud, au mépris de la 1559. Elle a cru ensuite qu’avec la mise en place d’un gouvernement de fidèles dirigé par Omar Karamé, elle pourrait contourner cette résolution ou en retarder durablement l’application. Mais en fin de compte, la Syrie a été obligée de retirer ses troupes du Liban. Il aurait mieux valu pour elle, relève le ministre, de s’y prêter volontairement avant les coups de semonce internationaux et avant le soulèvement des Libanais. Elle serait partie remerciée et ses relations avec le Liban n’en auraient été que meilleures. Remontant plus loin dans le temps, cette personnalité ministérielle, choisissant soigneusement ses mots, affirme que la Syrie « s’était trompée quand elle ne s’était pas souciée des assassinats, au Liban, de figures de premier plan comme Kamal Joumblatt, le mufti Hassan Khaled ou le président René Moawad. Cela alors qu’elle tenait les rênes de la sécurité au point que pas un cheveu ne tombait de la tête de quelqu’un sans qu’elle en fût informée. Si elle avait œuvré pour identifier les coupables, la série noire n’aurait pas continué. Et si Israël était derrière ces assassinats, comme certains le prétendent, la Syrie l’aurait démasqué, en s’exonérant elle-même des soupçons dirigés contre elle. » Pour en revenir au temps présent, Damas s’est lourdement trompé en pensant que l’assassinat du président Rafic Hariri et des autres martyrs serait considéré comme un crime ordinaire, et connaîtrait les mêmes suites sans effets que le chapelet d’assassinats perpétrés antérieurement au Liban. Mais cet odieux forfait a provoqué une émotion mondiale et la colère des Libanais de toutes tendances. Il y a eu l’intifada du 14 mars, réclamant l’éviction des cadres du système policier et la vérité. Malgré l’importance que l’assassinat avait prise, la Syrie n’a pas su réagir à temps, en formant de suite sa propre commission d’enquête. Elle ne s’y est prise que dernièrement et du reste d’une manière négative. Dans ce sens que, commettant encore une faute, elle se sert de cette commission pour entraver l’action des enquêteurs internationaux. Elle rue dans les brancards face à Mehlis. D’abord, elle veut imposer le site pour l’interrogatoire des six officiers syriens que la commission internationale souhaite entendre. Ensuite, la Syrie prétend faire signer à l’ONU un protocole d’accord judiciaire pour imposer sa marque à la procédure. Alors que son intérêt, souligne ce ministre, serait de tout faire, de tout faciliter, pour prouver son innocence. Et couper court à l’exploitation de ce dossier à son désavantage. Parallèlement, recense encore le ministre cité, la Syrie s’est trompée en cherchant à obstruer les frontières devant les camions, pour léser le Liban et le punir à cause du retrait forcé d’avril. Dans le même cadre de vindicte mesquine, la Syrie a arrêté de pauvres pêcheurs libanais. Mais c’est une faute plus considérable que le président Assad a commise en traitant le président du Conseil libanais d’esclave aux ordres. On a pu penser un moment, ajoute ce ministre, que la Syrie voulait s’amender, puisque son Premier ministre a pris contact avec le président Siniora. En réalité, c’était pour commettre une nouvelle faute, en proposant un tracé des frontières excluant Chebaa. Le ministre conclut en soulignant que la normalisation de relations qui doivent effectivement être fraternelles implique une condition essentielle : que la Syrie réalise enfin que le Liban est un État souverain, indépendant. Ce qu’elle ne semble toujours pas admettre. Émile KHOURY
Un ministre trouve extraordinaire, et extraordinairement regrettable, que la Syrie et le Liban en viennent à recourir à la médiation d’une tierce partie, en l’occurrence le Soudan, pour essayer de s’entendre. Le mal, à son avis, trouve son origine dans le fait que le régime syrien ne semble toujours pas réaliser ce que le rétablissement de l’indépendance libanaise signifie. Il...