Aucun mot n’a connu une fortune aussi incroyable que « le dialogue », depuis que le pape Paul VI, au Vatican II, lui a donné un nouveau sens, bien différent des Dialogues de Platon, ou des Dialogues philosophiques de Renan. Il a voulu, par ce mot magique, exprimer sa conception d’une nécessaire rencontre gratifiante avec « l’autre », dialogue animé d’un esprit ouvert,...
Actualités - OPINION
Le dialogue... Quel dialogue ? (Exemple de la nuisance des mots)
le 26 novembre 2005 à 00h00
Aucun mot n’a connu une fortune aussi incroyable que « le dialogue », depuis que le pape Paul VI, au Vatican II, lui a donné un nouveau sens, bien différent des Dialogues de Platon, ou des Dialogues philosophiques de Renan. Il a voulu, par ce mot magique, exprimer sa conception d’une nécessaire rencontre gratifiante avec « l’autre », dialogue animé d’un esprit ouvert, compréhensif, dénué de préjugés. Dialoguons donc ! Et pratiquons la communication avec cet « autre », libres de toute animosité.
Lancé dans le langage courant, le mot fut appliqué à toute sorte de situations et invoqué de plus en plus par des partenaires dont les intentions ne sont pas toujours pures. Ainsi, dans des discussions, ou des situations conflictuelles, les parties en présence se réclament chacune du « dialogue », imputant à l’autre l’échec de l’accord. Voilà le dialogue devenu une occasion de conflit. Pauvre Paul VI !
Au Liban, nous nous trouvons dans une situation dramatique, avec le dialogue au bout du fusil : après l’unanimité nationale du 14 mars, ceux qui avaient fait chou blanc le 8 ont adopté un profil bas mais ont bientôt réussi à gagner des sièges aux élections de 2005. Les lenteurs de l’affermissement du nouveau pouvoir leur ont permis de hausser le ton en proclamant que le maintien de leurs armes ne peut être sujet à négociations, le dialogue pour l’application de la 1559 ne devant porter que « sur le moyen de protéger le Liban ». Sinon, cette 1559, disent-ils, n’aura été qu’une « manœuvre » pour mettre le Liban sous une nouvelle tutelle.
Curieusement, ceux d’en face, qui prétendent dialoguer avec eux (le CPL, pour ne pas le nommer...) ont comme doctrine de vouloir, eux aussi, « protéger le Liban ».
Mais, dans ce prétendu dialogue, l’expression protéger le Liban a un sens diamétralement opposé chez les uns ou chez les autres, d’où le drame.
Et l’on en arrive à l’heure inévitable où il faut ôter les masques : les premiers, ayant étalé leur puissance le jour de Qods, s’estiment en mesure d’interpeller l’ensemble du pays, en proclamant devant les médias : « Les Libanais doivent comprendre... Et spécialement le gouvernement doit comprendre... etc. » Vient ensuite la levée de l’ambiguïté du mot dialogue, avec la formulation de leurs exigences, impliquant l’abdication des pouvoirs publics.
Voilà où nous aura menés la nuisance de ce mot qui, ayant été lancé par un apôtre mondial de la paix, nous place aujourd’hui dans une confusion dramatique pouvant bloquer notre avance vers un avenir lumineux.
Dialogue, où es-tu ?
Albert SARA
Aucun mot n’a connu une fortune aussi incroyable que « le dialogue », depuis que le pape Paul VI, au Vatican II, lui a donné un nouveau sens, bien différent des Dialogues de Platon, ou des Dialogues philosophiques de Renan. Il a voulu, par ce mot magique, exprimer sa conception d’une nécessaire rencontre gratifiante avec « l’autre », dialogue animé d’un esprit ouvert,...
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