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Conférence de Raouf Oufkir jeudi à l’USJ

Après la tentative de coup d’État menée par son père contre le roi Hassan II du Maroc, le 16 août 1972, Raouf Oufkir est séquestré avec sa mère, son jeune frère de trois ans et ses sœurs, pendant 19 années, sur ordre du palais. Il avait à l’époque 15 ans. Sa sœur Malika et sa mère Fatema ont avant lui raconté l’innommable calvaire. Dans Les invités, vingt ans dans les prisons du roi, paru chez Flammarion, Raouf Oufkir articule son récit autour des souvenirs précieusement gardés du temps de la toute-puissance d’Oufkir et des années de détention écoulées dans les prisons secrètes, dans des conditions épouvantables et dans l’indifférence de tous ceux qui les ont connus. La femme et les enfants Oufkir ont payé pour le crime du général et aucune organisation des droits de l’homme, aucune démocratie occidentale ne s’étaient levées contre ce drame humanitaire sur lequel témoignera Raouf Oufkir, le jeudi 24 novembre, à 18 heures 30, à l’amphithéâtre Pierre Y. Abou Khater, du campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph, à la rue de Damas. Le thème de la conférence sera : « Le prix de la haine, la force du pardon ». Après le coup d’État avorté, Hassan II dégaine une nouvelle arme : la femme et les enfants de Mohammed Oufkir vont subir une persécution aveugle, un châtiment implacable qui servira d’exemple et d’avertissement à tous ceux susceptibles de vouloir le renverser. Au-delà de leur propre mort, ce seront les enfants qui subiront les foudres du roi. « Il mettra tout son acharnement à nous briser, à nous faire disparaître de la vie et des mémoires ». Le nom d’Oufkir devient maudit. « Marocains ou étrangers vont nous renier, nous oublier. Des gens que nous croyions des amis nous ont vendus par peur du système et par amour de l’or ». À travers le récit d’un témoignage humain où les limites du courage sont poussées au-delà du possible, et sur fond d’un chemin de croix incommensurable, ce sont deux hommes qui s’affrontent, qui se font face tels des léopards qui se jaugent avant de lancer leurs griffes : Hassan II « intelligent, habile et impitoyable, charmeur et cultivé », travaillant « à son absolutisme en muselant l’opposition », et Oufkir, « un dur, mais surtout un pur guerrier, un homme d’honneur » qui, avant de se rebeller, a servi un régime « répressif ». Mais c’est à l’histoire de définir « la limite de ses responsabilités, en analysant son parcours, et le contexte politique dans lequel il a, comme ses collègues militaires, fait le choix d’une monarchie forte plutôt que d’une république socialiste de parti unique ». L’auteur brosse un bref historique politique du Maroc allant de l’indépendance jusqu’au règne de Hassan II. Il explore les méandres de la gauche marocaine. Il décrit les révolutions du palais, le fonctionnement d’un régime totalitaire, les « intrigues shakespeariennes », la « violence moyenâgeuse » et les sombres machinations d’une corruption qui profitera à quelques privilégiés du royaume et qui sera la raison principale de la fracture entre le roi et son ministre de la Défense et major général de ses armées. Raouf Oufkir dénonce toute « l’énergie » mise par les médias à fabriquer une « noire légende » d’Oufkir et tous les scénarios montés en épingle par le palais pour porter atteinte au général, principalement en l’accusant, dans les années soixante, de l’assassinat de Ben Barka, leader de l’opposition marocaine, et de l’exécution sommaire de ses frères d’arme impliqués dans le premier coup d’État, à Skhirat, en 1971. Clarifier les choses, « reconstruire le puzzle des événements marquants du Maroc moderne et particulièrement du coup d’État du 16 août », tel est l’objectif de Raouf Oufkir. May MAKAREM
Après la tentative de coup d’État menée par son père contre le roi Hassan II du Maroc, le 16 août 1972, Raouf Oufkir est séquestré avec sa mère, son jeune frère de trois ans et ses sœurs, pendant 19 années, sur ordre du palais. Il avait à l’époque 15 ans. Sa sœur Malika et sa mère Fatema ont avant lui raconté l’innommable calvaire. Dans Les invités, vingt ans dans les...