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LE POINT Demain, la paix
Par MERVILLE Christian, le 15 novembre 2005 à 00h00
« Ma première visite en Israël remonte à 2000. Déjà à l’époque, j’ai senti que je retournais chez moi. J’ai beaucoup d’affinité avec ce pays, dont j’admire l’histoire tout autant que j’admire la détermination et l’intransigeance de ses fondateurs. » A-t-elle modifié ce jugement, contenu dans une interview au Yediot Aharonot qui remonte à mai 2003, la fille du pasteur presbytérien de l’Alabama, devenue aujourd’hui la femme la plus puissante du monde ? Il faut croire que oui – enfin, dans une certaine mesure, car il ne faudrait pas trop lui demander – puisque dimanche, à Jérusalem, elle plaidait en faveur d’une plus grande liberté de mouvement pour les Palestiniens et parlait, devant Ariel Sharon et les membres de son gouvernement, de « la meilleure garantie de sécurité » que constituerait la création d’un État palestinien.
Officiellement, Condoleezza Rice, dont c’était la quatrième visite depuis le début de l’année en cours, se trouvait là pour la commémoration de la disparition de Yitzhak Rabin. Elle a saisi l’occasion pour engager des entretiens d’ordre politique, avant de rencontrer à Ramallah le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas. C’est qu’il y a urgence, tant l’horizon, au fil des jours, est en train de s’assombrir au point de reléguer au second plan une guerre irakienne qui pourtant menace, tout autant que les multiples scandales, les trois dernières années du mandat de George W. Bush. Aussi, Washington cherche-t-il à mettre à profit l’élan initié par le démantèlement des colonies de Gaza pour relancer un processus de paix guetté par l’asphyxie en raison des hésitations des deux camps et des dérapages qui paralysent les bonnes volontés, à supposer qu’il s’en trouve encore de part et d’autre. Les sujets de litige portent sur les mouvements de biens et de personnes à travers le point de passage de Rafah, le retrait de certaines villes de Cisjordanie, enfin l’armement des services de sécurité palestiniens. Sur le premier de ces thèmes, l’annonce d’un accord a été faite en toute dernière minute, le chef de la diplomatie US ayant dû pour cela retarder de plusieurs heures son départ pour Amman. En fait, tout le travail de préparation avait été entrepris pendant des mois par l’infatigable James Wolfensohn. Ces derniers temps, l’ancien président de la Banque mondiale, devenu en qualité d’envoyé spécial du quartette au Proche-Orient le plus ardent défenseur de la cause de la paix dans cette partie du monde, n’a cessé d’alterner blâmes et encouragements à l’adresse de ses interlocuteurs des deux bords. Aux Israéliens, il reprochait leur peu d’empressement à régler les problèmes de l’après-retrait de la bande ; aux Palestiniens, il citait, par exemple, des rapports faisant état de la découverte d’explosifs à bord de camions en route pour Tel-Aviv et censés transporter légumes et fruits.
Ainsi, on enregistre depuis hier un léger mieux, avec l’autorisation accordée à 15 000 travailleurs ou hommes d’affaires arabes de la rive occidentale du Jourdain ainsi qu’à 3 000 résidents de Gaza de se rendre dans les principales villes de l’État hébreu, un droit qui leur était refusé depuis l’attentat-suicide de Hadera, le 26 octobre. Pour autant, est-on en droit d’espérer un nouveau départ des pourparlers de paix ? Rien n’est moins évident et cette fois la raison est purement interne. Depuis l’élection, jeudi dernier, d’Amir Peretz à la tête du Parti travailliste, les jours du gouvernement Sharon paraissent comptés. Le vainqueur de Shimon Peres – l’homme qui n’a jamais gagné une consultation populaire – ne cache pas son intention de retirer les ministres de sa formation de la coalition constituée en janvier de cette année. Il a déjà réclamé un recours aux urnes avant la date prévue de novembre 2006, probablement dès mars ou mai, mais certainement pas en avril, en raison de Pessah, la Pâque juive, a dit son conseiller, Guy Spigelman. Théoriquement, tout devrait se jouer demain mercredi, quand un député du Parti national religieux, Zevouilon Orlev, saisira ses collègues d’une proposition de loi prévoyant la dissolution de la Knesset. Quant à Ariel Sharon, confronté, lui, à une rébellion au sein du Likoud en raison de son désengagement de Gaza et d’une politique jugée trop laxiste à l’égard de ses interlocuteurs palestiniens, il risque d’être détrôné par son rival de toujours, son ancien ministre des Finances Benjamin Netanyahu. Alors même qu’Abou Mazen doit se démener pour tenter de faire entendre raison aux va-t-en guerre du Jihad et du Hamas.
On comprend que toute cette agitation interne laisse peu de place finalement à la question essentielle, celle des rapports entre Israéliens et Palestiniens, dont la solution ne cesse d’être renvoyée, au risque de décourager toutes les bonnes volontés. À croire que, dans cette terre proche-orientale pétrie d’histoire, les années, les siècles sont condamnés à s’écouler, immuables. Mais la démocratie devrait-elle
attendre, elle aussi ?
Christian MERVILLE
« Ma première visite en Israël remonte à 2000. Déjà à l’époque, j’ai senti que je retournais chez moi. J’ai beaucoup d’affinité avec ce pays, dont j’admire l’histoire tout autant que j’admire la détermination et l’intransigeance de ses fondateurs. » A-t-elle modifié ce jugement, contenu dans une interview au Yediot Aharonot qui remonte à mai 2003, la fille du pasteur...
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