Films attirants et ambigus, qui s’interrogent sur les aléas de l’amour et la difficulté du choix, les ménages à trois au cinéma relatent des héros déchirés entre sentiments et émotion. L’histoire commence en 1962 avec Jules et Jim qui déroge à toute moralité idéale. Évolution des mœurs aidant, les sixties sont marquées par les triangles d’amour dans les films César et Rosalie en 1972, Les valseuses en 1974 et même Cabaret, qui montre en parallèle la montée du nazisme. Tout le cinéma célèbre une société en totale décomposition avec des personnages marginaux un peu paumés mais sympathiques. Mais cela ne veut pas dire que l’existence des triangles d’amour est nouvelle : la jalousie et les échanges ont depuis toujours existé subtilement avec une répression sous-entendue. Le cœur de Omar Sherif dans Docteur Zhivago balance entre l’amour pour sa femme et sa maîtresse. Ou encore la sulfureuse sexualité insinuée dans The Misfits, dernier film de Clark Gable et Marilyn Monroe. Cependant, ce sont les films-références plus explicites cités plus haut qui scandalisent les générations précédentes et accrochent la jeunesse de l’époque. La liberté de ton, des provocations évidentes, des personnages insolites, à la fois tristes et joyeux, immoraux en toute candeur, voilà ce qui apporte un sang neuf. Offenser la morale traditionnelle, c’est également le but des ménages à trois dans les films qui viennent troubler le paysage tranquille du cinéma. Élias ABOU CHARAF