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Actualités - OPINION

Réhabilitez Don Quichotte

La foule a quitté le palais de Baabda vers 18h. François Hallal avait tiré sur le général Aoun, fauchant un soldat qui est tombé au milieu des manifestants. Pour toute enquête, l’assassin aura une école publique en son nom en signe de reconnaissance de la part du grouvernement libanais. Nous étions le vendredi 12 octobre 1990. Depuis deux ans et deux guerres, le général Aoun multipliait les apparitions publiques, égrénant à chaque fois la même liste de revendications : – Protection internationale pour un Liban pris en otage par un régime ignorant les valeurs modernes de démocratie (le Liban ne saurait bâtir la sienne sous la tutelle d’un pays qui la bafoue au quotidien). - Retrait des forces syriennes (maniant avec une machiavélique dextérité la tactique du pompier-pyromane). – Organisation d’élections libres sous la supervision des Nations unies (qui n’accoucheraient pas d’un pouvoir fatalement fidèle et assujetti). – Parlement puis gouvernement représentatifs (qui ne trouveraient pas dans la Syrie mais dans le peuple la garantie de leur propre pérennité). – Rééquilibrage des relations entre les deux pays voisins sous le signe du respect mutuel. Ces phrases étrangement d’actualité datent de 1989. Il n’existe plus aucun homme politique émancipé qui ne ressasse les mêmes idées, les mêmes arguments, avec la véhémence que ces mêmes gens reprochaient au général. Il est entendu que celui-ci ne possède pas le monopole du souverainisme et n’est pas le doyen de ceux qui s’en réclament mais combien souvent sa voix n’a-t-elle trouvé d’autre écho que le mépris de l’indifférence ? À cette époque, le général nageait à contre-courant, désormais l’opposition surfe sur la vague. Il faut dire que contrairement à la plupart des hommes politiques de notre paysage local, Michel Aoun continue d’accumuler les torts. Cet homme a toujours été snobé par le milieu. Un utopiste candide, ignorant les subterfuges de la realpolitik. Un Don Quichotte risible, dont les milieux bien-pensants ont toujours raillé les sympathisants. Pendant 15 ans Michel Aoun a maintenu ses positions. Peu à peu, les acteurs de la scène locale ont élevé le seuil de leur discours pour le rejoindre dans son intransigeance. Une évolution exponentielle qui a atteint son paroxysme le 14 février. La radicalisation du débat est devenue tellement spectaculaire que Aoun passe désormais pour un modéré, dont la droiture et la probité sont vantées par ses plus farouches adversaires politiques et jadis militaires. Pendant 15 ans il a œuvré pour la constitution de cercles d’influence en Occident, contribuant un tant soit peu à faire infléchir les positions par trop complaisantes des instances internationales. Pendant 15 ans Michel Aoun s’est démarqué des rassemblements d’opposition structurés autour du nombre croissant de ceux qui refusaient l’hégémonie syrienne. À ses yeux de politicien laïc œuvrant pour une république laïque, une opposition crédible se doit d’être multiconfessionnelle et ce n’est que quand elle l’est devenue qu’il a officiellement rejoint ses rangs. Aujourd’hui que l’opposition plurielle s’est finalement ralliée à ce discours et s’est résignée à recourir à la foule, tous ceux qui se trouvaient à Baabda le 12 octobre 1990 ne peuvent s’empêcher de ressentir quelque amertume. Délicieuse amertume en réalité, car la libération est à portée de drapeau. Elle nous appartient à tous. Aux fraîchement convertis davantage encore qu’aux clandestins persécutés des premières églises. Michel GEORR
La foule a quitté le palais de Baabda vers 18h. François Hallal avait tiré sur le général Aoun, fauchant un soldat qui est tombé au milieu des manifestants. Pour toute enquête, l’assassin aura une école publique en son nom en signe de reconnaissance de la part du grouvernement libanais. Nous étions le vendredi 12 octobre 1990.
Depuis deux ans et deux guerres, le général Aoun multipliait les apparitions publiques, égrénant à chaque fois la même liste de revendications :
– Protection internationale pour un Liban pris en otage par un régime ignorant les valeurs modernes de démocratie (le Liban ne saurait bâtir la sienne sous la tutelle d’un pays qui la bafoue au quotidien).
- Retrait des forces syriennes (maniant avec une machiavélique dextérité la tactique du pompier-pyromane).
– Organisation...