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Actualités - OPINION

Commentaire Une Alliance vitale et durable

par Donald H. Rumsfeld* Ces dernières années, de nombreux experts et commentateurs ont déclaré que l’Alliance atlantique s’émietterait ou deviendrait inutile. Ancien ambassadeur de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), je peux dire, d’expérience, que ces prédictions ne représentent rien de nouveau. En ma qualité de secrétaire de la Défense américain en poste, il m’apparaît clairement que le partenariat atlantique est toujours aussi pertinent et essentiel que par le passé. Considérons un instant les événements historiques qui se sont produits durant l’année qui vient de s’écouler et le rôle joué par les États-Unis et l’Europe. L’Otan a accueilli sept nouveaux membres, des nations prêtes à contribuer à l’Alliance de manière significative. En Afghanistan, huit millions d’électeurs, dont 40 % de femmes, ont élu démocratiquement leur président pour la première fois en 5 000 ans. Au sein de l’Autorité palestinienne, un président élu démocratiquement représente l’espoir d’une nouvelle chance pour la paix. En Ukraine, des citoyens ordinaires ont fait la preuve de la profondeur de leur engagement pour des élections libres et équitables. En Irak, les anciens sujets de Saddam Hussein ont bravé la menace et se sont rendus aux urnes, avec, pour la première fois, des listes offrant le choix parmi 70 partis politiques plutôt qu’un seul. Dans tout le pays, les électeurs se sont déplacés, qui à l’aide de ses béquilles, qui en charrette tirée par un âne, passant devant les affiches menaçantes : « Si tu vas voter, tu mourras ». Quel coup porté aux extrémistes dont l’idéologie a clairement été rejetée par les électeurs ! Même si nous connaissons quelques différends à propos de l’Irak, ces questions ne sont pas nouvelles entre amis de longue date. Quelles sont les principales divisions qu’ont connues les alliés de l’Otan au cours des décennies passées ? Dans les années 1960, la France décida de se retirer de l’Otan et expulsa l’Otan de son territoire. Dans les années 1980, la décision controversée du président Ronald Reagan de déployer des missiles de moyenne portée en Europe créa un profond désaccord. Ambassadeur de l’Otan dans les années 1970, j’ai dû rentrer à Washington pour témoigner contre une proposition de loi du Congrès américain préparant le retrait des troupes américaines d’Europe, en plein milieu de la guerre froide. L’Alliance atlantique a navigué sur une forte houle au fil des années, mais nous avons toujours su résoudre les questions les plus difficiles. Parce que nous sommes fortement unis : par nos valeurs communes, notre histoire commune et notre foi indéfectible dans la démocratie. Aujourd’hui, nous partageons également un ennemi commun. Tous les extrémistes qui ont pris pour cible les sociétés civilisées du monde entier : à New York et Washington, Istanbul, Madrid, Beslan, Bali, etc. Ils ne cherchent pas à faire la paix avec le monde civilisé. Ils ne négocieront aucune paix isolément. Ils n’espèrent rien d’autre que de voir l’Europe et l’Amérique divisées, plutôt qu’attachées à œuvrer ensemble. Les nombreuses arrestations de personnes soupçonnées de terrorisme en France et en Allemagne le mois dernier montrent clairement qu’aucune nation ne peut à elle seule faire tout le travail nécessaire à la victoire dans la lutte contre les extrémistes. L’Amérique et les pays européens partagent souvent, discrètement, des renseignements confidentiels qui leur permettent de capturer les terroristes et de mettre à mal leurs finances. Ainsi, les trois quarts des dirigeants connus d’el-Qaëda ont pu être capturés ou tués, les autres sont en fuite. Pas plus qu’une nation isolée ne peut lutter contre la prolifération des armes dangereuses. C’est pourquoi quelque 60 nations ont rejoint l’Initiative de sécurité contre la prolifération dans un effort pour empêcher les armes meurtrières de tomber aux mains de dangereux régimes. En 2003, les autorités allemandes, italiennes, britanniques et américaines ont confisqué de l’équipement nucléaire destiné à Tripoli, poussant ainsi la Libye à accepter d’ouvrir ses inventaires d’armements aux inspecteurs. Toutes les nations de l’Otan ont engagé des troupes dans la Force d’assistance et de sécurité internationale actuellement en service en Afghanistan, dont le commandement vient d’être transmis d’un général français à un général turc. Un des nouveaux membres de l’Otan, la Lituanie, a pris la tête d’une Équipe de reconstruction provinciale, se joignant à d’autres nations européennes pour contribuer à la stabilité et au progrès en Afghanistan. En fait, plus de la moitié des nations réunies au sein de l’Otan ont déployé des forces en Afghanistan et en Irak. Tandis que le peuple irakien continue de progresser sur le long et difficile chemin de la démocratie, d’autres pays au sein de l’Otan ont accepté d’aider à la formation du personnel de sécurité irakien en apportant des fonds ou de l’équipement et en établissant une École supérieure de guerre et des académies militaires. Les membres de l’Otan partagent bien plus qu’une simple alliance : nous sommes unis par les liens du sang et de notre dessein, un héritage de liberté et une vocation à nous opposer à la violence extrémiste, et à la vaincre. Durant les 60 années qui se sont écoulées depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, nous nous sommes mutuellement appuyés les uns sur les autres lors des temps difficiles et périlleux. Je suis suffisamment âgé pour me souvenir aussi bien de la montée du mur de Berlin que de sa chute, de la montée et de la chute du nazisme, du fascisme et du communisme soviétique. Ensemble, les membres de l’Otan ont permis de protéger le Kosovo et récemment apporté une aide humanitaire aux victimes du tsunami dévastateur. Quand la communauté atlantique est unie, elle peut réaliser des exploits. Cette unité ne doit en aucun cas impliquer une uniformisation des tactiques ou des perspectives mais plutôt une union d’intentions. Ceux qui apprécient les systèmes politiques libres et les systèmes économiques libres partagent des espoirs similaires. Ces espoirs peuvent devenir des réalités pour de nombreux autres peuples si nous œuvrons ensemble. *Donald H. Rumsfeld est le secrétaire d’État américain à la Défense. ©Project Syndicate. Traduit de l’anglais par Catherine Merlen.

par Donald H. Rumsfeld*

Ces dernières années, de nombreux experts et commentateurs ont déclaré que l’Alliance atlantique s’émietterait ou deviendrait inutile. Ancien ambassadeur de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), je peux dire, d’expérience, que ces prédictions ne représentent rien de nouveau. En ma qualité de secrétaire de la Défense américain en poste, il m’apparaît clairement que le partenariat atlantique est toujours aussi pertinent et essentiel que par le passé.
Considérons un instant les événements historiques qui se sont produits durant l’année qui vient de s’écouler et le rôle joué par les États-Unis et l’Europe. L’Otan a accueilli sept nouveaux membres, des nations prêtes à contribuer à l’Alliance de manière significative. En Afghanistan, huit millions...