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L’année politique s’achève dans un climat de vive tension

La trêve des confiseurs n’aura duré que quelques jours. Bien que sur un ton moins diffamatoire, les joutes entre loyalistes et opposants, un moment apaisées, reprennent de plus belle. En s’articulant notamment autour des déclarations plutôt abruptes du fer de lance de la contestation, Walid Joumblatt. La bataille devrait atteindre son paroxysme aux alentours du 15 janvier. Lorsque le gouvernement abattra ses cartes, comme Karamé l’a promis, au sujet de la loi électorale. Dans laquelle les opposants subodorent un instrument destiné à réduire leur front à la portion congrue, pour favoriser les candidats du pouvoir. Ils n’hésitent donc pas, au risque d’être eux-mêmes accusés de se lancer dans un procès d’intentions, d’affirmer que le jeu est faussé, et les dés pipés. En justifiant leurs soupçons par l’existence d’un gouvernement monochrome de parti pris, formé aux deux tiers de candidats. Qui est donc en position abusive de juge et partie. C’est d’abord par sa propre cohésion que l’opposition entend riposter. Comme l’illustre la visite rendue par Joumblatt à Sethrida Geagea. Une démarche qui, au-delà de sa signification symbolique, veut confirmer qu’aux élections, l’opposition saura faire front uni, présenter des listes solides homogènes, sans se disperser dans des alliances conjoncturelles avec des emblèmes du système combattu. Le défi est aussi considérable que clair. Un ministre modéré s’inquiète dès lors de l’exacerbation des passions politiques. Tension dangereuse, qui devrait à son sens aller en croissant au fur et à mesure que l’on se rapprochera de l’échéance électorale fixée au prochain printemps. Ce cadre compare la situation actuelle à celle qui prévalait à la fin des années cinquante. Quand le clivage opposait les partisans du pacte de Bagdad aux nassériens. Ce qui avait conduit aux événements sanglants de 1958. Cette personnalité ajoute que le pays n’est pas en mesure aujourd’hui de supporter des secousses. À son avis, le camp loyaliste et l’opposition sont également responsables du climat ambiant empoisonné. Mais, reconnaît-il, l’État en tant que tel est plus fautif. Dans ce sens qu’il est de son devoir, justement, d’apaiser les tensions. Comme de réguler le jeu entre loyalistes et opposants, afin qu’il n’y ait pas de débordements verbaux ou au niveau de la rue. Plusieurs indépendants estiment pour leur part que les dérives présentes sont imputables aux erreurs de trajectoire manifestes du pouvoir en place. Ils relèvent qu’après le coup d’éclat, sinon d’État, de la prorogation, et après la 1559, on aurait dû s’efforcer, du côté des prosyriens, s’empresser de calmer le jeu. Or, tout au contraire, au lieu de donner une suite palpable aux prétendues ouvertures de dialogue initiales, l’on n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Au point qu’un Karamé, pourtant réputé pour sa modération, n’a pas hésité à défier la 1559 et l’opposition. En parlant d’abord de la manifestation du million, et en l’encourageant. En affirmant ensuite que les législatives constitueront un référendum en faveur du pouvoir, contre la résolution et contre les indépendantistes. Pour être juste, ces derniers temps, le chef du gouvernement s’est ressaisi. Et il déploie des efforts, des contacts, pour arrondir les angles, pour que l’affrontement soit moins vif. Pour ces observateurs, les coups de boutoir désordonnés des dirigeants montrent qu’en réalité ils n’ont aucune vision, aucun plan, aucun projet politique de fond. Qu’ils se contentent d’agir et de réagir au coup par coup, en fonction de ce qui pourrait ou non plaire aux décideurs. L’opposition, par contre, a présenté ses vues dans le manifeste du Bristol. Unie, elle sait ce qu’elle veut et où elle va. Elle réclame le départ du cabinet et va, après le Nouvel An, accentuer ses pressions dans ce sens. En exigeant la mise en place d’un gouvernement des élections neutre, formé de non-candidats fiables. Sur le plan électoral pur, malgré les fins de non-recevoir des aounistes et des FL, les loyalistes ne désespèrent pas de contracter des alliances avec ces deux formations populaires, notamment au Mont-Liban. Des voyageurs retour de Paris indiquent que l’ancien président du Conseil tient à ses principes. Mais qu’il étudie toujours le tableau d’ensemble. Parce qu’à son avis, il serait bon d’organiser un congrès vraiment national. Afin de parvenir à une refondation de l’État libanais, au-delà des péripéties électorales, qui ne sont qu’un détail. Au sujet duquel, avant de se prononcer, il attend la loi électorale que le gouvernement va élaborer. Pour lui, on ne saurait outrepasser la décision de la communauté internationale. Il dépêche donc des délégations d’aounistes auprès des forces politiques libanaises pour leur proposer son projet. C’est ainsi que ses émissaires se sont rendus dernièrement auprès du Hezbollah. Il serait même question d’inviter la Syrie à ce congrès. Selon des sources fiables, les dirigeants syriens auraient fait parvenir à l’ancien président du Conseil, dans son exil parisien, des propos d’appréciation. Mais sans rien de concret ou de précis. En tout cas, selon ses proches, le général, qui va aussi conférer avec divers opposants, ne veut rien précipiter dans cette phase. Philippe ABI-AKL
La trêve des confiseurs n’aura duré que quelques jours. Bien que sur un ton moins diffamatoire, les joutes entre loyalistes et opposants, un moment apaisées, reprennent de plus belle. En s’articulant notamment autour des déclarations plutôt abruptes du fer de lance de la contestation, Walid Joumblatt. La bataille devrait atteindre son paroxysme aux alentours du 15 janvier....