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SOCIAL - Spectacle des élèves de l’Institut père Roberts sur le thème « Voyage autour du monde » La danse, un outil d’expression pédagogique que les jeunes sourds-muets maîtrisent comme des professionnels (photo)

C’est un spectacle de danse qui force l’admiration qu’ont présenté les jeunes élèves sourds-muets de l’Institut père Roberts des sœurs basiliennes choueirites au palais de l’Unesco, la veille de Noël. Synchronisation, sens du rythme, élégance et souplesse... ce spectacle (ayant pour thème « Voyage autour du monde ») avait tous les atouts pour charmer un public sans cesse enchanté par le talent des jeunes danseurs, qui s’en sont donnés à cœur joie sur scène. Dans le cadre de figures souvent complexes, les jeunes élèves de l’institut ont incarné à merveille des personnages différents venus des quatre coins du monde : cow-boys, danseurs espagnols, russes, hawaïens, grecs et, évidemment, libanais... Dans leurs yeux et sur leurs visages, l’expression de personnes épanouies et généreuses... Tout dans leurs gestes respirait un message répercuté par mère Claude Nasr, supérieure de l’institut, dans son allocution de bienvenue : les jeunes sourds-muets n’ont pas besoin de pitié mais de reconnaissance sociale de leurs capacités. Et ce n’est pas un hasard si l’institut a opté pour un exercice tel que la danse, dont les bénéfices psychopédagogiques ont été ressentis auprès des jeunes. Ce spectacle, qui reprend à son compte plusieurs danses du monde, a fait ses débuts à Dubaï, il y a quelque temps, à l’invitation d’une institution libanaise pour handicapés. Il a été réinterprété à l’occasion des fêtes de fin d’année à l’intention d’associations à caractère social et d’amis de l’institut, invités à partager la joie des enfants et des adolescents de l’Institut père Roberts en cette période de fêtes. Les tableaux se sont succédé à un rythme enivrant, avec des costumes tout en couleurs et une chorégraphie bien enlevée et savamment orchestrée. Des bénéfices psychologiques et pédagogiques Certaines danses, comme celle des cow-boys par exemple, ou encore le flamenco ou les Égyptiens ressuscités du temps des pharaons, faisaient preuve d’une réelle inventivité, de beaucoup d’énergie et d’un sens remarquable du spectacle. Les tableaux étaient reliés entre eux par un présentateur, ancien élève de l’Institut père Roberts, qui a mimé avec brio et beaucoup d’humour diverses situations, assurant un contact constant avec un public conquis. Mais pourquoi avoir opté pour la danse, qui représente naturellement un véritable défi pour ces enfants malentendants? Sœur Patrice Moussallem, directrice de l’Institut père Roberts et initiatrice de l’idée, explique que le choix de la danse revêt un intérêt psychopédagogique certain. «Dans l’éducation des enfants sourds, nous prévoyons un grand nombre d’exercices auditifs à l’aide d’appareils spécialisés, explique-t-elle. Dans ce cadre, le rythme devient très important pour les enfants. À partir de là, pourquoi ne pas envisager la danse?» Sœur Patrice souligne que les enfants ont été immédiatement séduits par l’idée, mais ils ne s’en sont pas sentis capables tout de suite. «Nous avons commencé par des exercices d’expression corporelle, poursuit-elle. Dans l’éducation spécialisée, il existe une méthode appelée verbo-tonale, qui se fonde sur le rythme corporel. À partir de cela, nous avons conçu un projet plus professionnel qui a donné naissance à ce spectacle.» Quels changements ont-ils décelé chez les jeunes depuis qu’ils pratiquent la danse ? «Cette activité les a aidés à tous les niveaux, dans le développement de leur personnalité, dans leur désir de mieux s’exprimer... précise sœur Patrice. Ils sont beaucoup plus épanouis et à l’aise, surtout depuis la première représentation à Dubaï.» À noter que les enfants et adolescents choisis pour faire partie du spectacle sont ceux qui ont exprimé le désir d’y participer. Pour faire acquérir aux jeunes cette remarquable technique observée lors du spectacle, les professeurs (dont notamment la professeur de danse de nationalité russe) ont employé une estrade sous laquelle étaient installés des vibrateurs, pour leur faire sentir la musique dans leur corps. «Ils imaginent la musique puisqu’elle ne représente rien pour eux», précise sœur Patrice. Leur mérite est d’autant plus remarquable que leur spectacle les pousse à embrasser des cultures diverses, ce qu’ils réussissent comme des professionnels. Comment un tel spectacle peut-il contribuer à modifier le regard que porte la société sur les enfants et les adultes malentendants? «Il s’agit de la première initiative du genre au Liban, fait remarquer la directrice de l’institut. Or, tout changement de cette ampleur prend beaucoup de temps. Mais on ne peut que ressentir de l’espoir et une foi en l’avenir.» Les jeunes de l’Institut père Roberts préparent un nouveau spectacle pour avril, qui sera placé sous le thème de la paix dans le monde. Une première représentation à Dubaï est prévue, sur invitation, cette fois, d’une institution émiratie. «Nous sommes prêts à nous rendre là où nous serons conviés», indique sœur Patrice. Il faut rappeler que l’institut, fondé en 1959 par le père Ronald Roberts et légué aux soeurs basiliennes choueirites en 1983, un an avant son décès, assure aux jeunes sourds-muets un enseignement spécialisé (gratuit), s’étalant sur tout le cycle scolaire, ainsi qu’une formation professionnelle. Sœur Patrice affirme que les malentendants dotés d’une solide formation ont réussi à percer dans la vie, mais que les difficultés s’avèrent quasi insurmontables pour eux s’ils ne bénéficient pas de la formation adéquate. Le choix des formations est dicté, selon elle, par les besoins et les goûts des jeunes. L’institut accueille 110 élèves en moyenne chaque année, internes et externes, dans son centre à Sehailé (Kesrouan). Le spectacle sera retransmis sur la NTV le samedi 1er janvier à 16h30. Un spectacle émouvant à ne pas manquer pour entamer dans la bonne humeur la nouvelle année. Suzanne BAAKLINI
C’est un spectacle de danse qui force l’admiration qu’ont présenté les jeunes élèves sourds-muets de l’Institut père Roberts des sœurs basiliennes choueirites au palais de l’Unesco, la veille de Noël. Synchronisation, sens du rythme, élégance et souplesse... ce spectacle (ayant pour thème « Voyage autour du monde ») avait tous les atouts pour charmer un public...