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Entre Bkerké et Baabda, un dialogue certain mais peu fructueux jusqu’à présent

Le pont a toujours été maintenu entre Bkerké et Baabda. Mais, souligne un député opposant, sans résultats concrets. Au surlendemain de sa dernière rencontre avec le chef de l’État, le patriarche Sfeir a insisté, dans son sermon dominical, sur une loi électorale juste. Ce qui implique, a-t-il répété, qu’elle doit être prête bien des mois avant l’échéance électorale. Pour que chacun ait vraiment ses chances, les candidats comme les électeurs. Les uns pour avoir le temps de protester éventuellement, et de négocier des alliances, puis de faire campagne. Les autres, pour comprendre à fond les règles du jeu, afin de faire les choix qui leur conviennent vraiment. Autrement dit, la loi devrait être connue avant la fin de l’année. Or le président Karamé précise qu’elle ne serait établie qu’en février. Il y a donc lieu de craindre que, comme la dernière fois, la loi ne constitue une lourde surprise, un fait accompli contre lequel il serait trop tard pour se dresser d’une manière efficace. Ce professionnel, que sa mémoire ne trahit pas, rappelle qu’en 2000, après les élections, le président Hariri avait promis un nouveau code dans un délai d’un an. Autrement dit qu’on serait fixé trois ans avant le prochain scrutin. Parce qu’on se plaignait encore du fait que la loi précédente avait été parachutée en toute dernière minute. Les ministres de l’Intérieur se sont succédé, chacun accumulant les avis recueillis, aux fins de préparer un texte à soumettre au Conseil des ministres puis à la Chambre. Rien n’a été fait. Et maintenant, le gouvernement veut d’abord faire passer le projet de budget 2005. De plus, souligne cette personnalité, si les trois grands blocs (Berry, Hariri, Joumblatt) devaient ne pas être d’accord entre eux, la loi électorale risquerait de capoter à la Chambre. Pour l’heure, en tout cas, on n’a encore aucune idée de ce que le projet va être. La première question qui se pose est de savoir si le vœu du patriarche d’un code laissant vraiment un libre choix aux électeurs, pour la désignation de députés dévoués, va se réaliser. Le prélat préfère, au titre de la représentation de proximité et de l’antiparachutage, la petite circonscription ou le caza. Il n’a pas explicité de position, après sa rencontre avec le président Lahoud, sans doute pour ne pas gêner les mouvements du pouvoir. Qu’il espère positifs. Ce qui constituerait une première. Car le pouvoir n’a jamais pris en compte les desiderata de l’électorat comme de Bkerké. Il a procédé à des découpages tronqués, trahissant les préceptes de Taëf. Selon la même personnalité opposante, il y a lieu de craindre une réédition de tels exploits. En effet, contrairement à ce que l’Assemblée des évêques maronites, ce n’est pas un cabinet des élections neutre que l’on a mis en place. Mais une équipe truffée de candidats, et de chefs de liste, potentiels. Vingt-cinq sur trente-trois ! L’impartialité étatique risque d’en souffrir. Sans compter que le président Karamé refuse les observateurs internationaux, dont la présence aurait constitué une assurance supplémentaire de vraie régularité d’un scrutin complexe. Quoi qu’il en soit, pour en retourner aux relations Bkerké-Baabda, il convient de rappeler sommairement les clivages dans les positions. Le patriarche réclame l’exécution complète de Taëf. Il pense que si le pouvoir l’avait fait, la 1559 ne lui serait pas tombée dessus. Le même Conseil de sécurité qui avait autorisé l’entrée des forces syriennes leur enjoint maintenant de se retirer. Mgr Sfeir veut que l’on réorganise les relations libano-syriennes, afin qu’elles deviennent vraiment fraternelles, traitées sur pied d’égalité et de respect mutuel de la souveraineté comme de l’indépendance. Il souhaite, sur le plan interne, une réconciliation nationale impliquant la libération de Geagea et le retour de Aoun. Il réclame le déploiement de l’armée au Sud. Le patriarche appelle par ailleurs à une lutte véritable, efficace, contre la corruption. À des efforts sensibles pour alléger la dette publique et le déficit budgétaire. Émile KHOURY
Le pont a toujours été maintenu entre Bkerké et Baabda. Mais, souligne un député opposant, sans résultats concrets. Au surlendemain de sa dernière rencontre avec le chef de l’État, le patriarche Sfeir a insisté, dans son sermon dominical, sur une loi électorale juste. Ce qui implique, a-t-il répété, qu’elle doit être prête bien des mois avant l’échéance...