Fléchettes Dommages puis hommages

Le protocole est un instrument de paix. Qui étend ses règles jusqu’à la guerre. Sous toutes ses formes. Pour l’avoir ignoré, pour avoir déclenché Pearl Harbor avant une déclaration de guerre, les fils du Soleil levant ont eu droit au double soleil nucléaire de Hiroshima et de Nagasaki. Comme quoi, il peut en coûter très lourd de plaisanter avec l’étiquette. Arafat mort, la République se précipite aux obsèques. Alors que les télés locales ne sont pas tendres pour le souvenir d’un homme qui a voulu s’approprier tout ou partie de cette patrie. L’État peut sans doute considérer, non sans quelque raison, que l’histoire a tout changé, l’homme compris. Comme le couloir de la mort l’avait fait pour le criminel Caryl Chessman, le criminel devenu pendant ses 12 ans de détention un esprit, un écrivain, un juriste, un philosophe de tout premier plan. Et qui a finalement été exécuté aux States, malgré les appels du pape et de toute la planète. On pense donc un peu, toutes proportions heureusement gardées, au prisonnier Geagea. Dont le régime prorogé, tendant la main à tous, aurait pu, s’il l’avait voulu, ordonner la grâce. Politique. Mais restons dans les funérailles. Pour relever, pour rappeler que Hussein de Jordanie, lors de sa disparition, n’a pas eu de notre part la courtoisie rendue au Vieux. Pourquoi ? Parce que le petit roi était l’ami de Chamoun ? Parce qu’il avait balayé les Palestiniens, les précipitant chez nous ? Parce qu’il déplaisait aux Syriens, qui avaient quand même été à ses obsèques ? Parce que cela aurait moins indisposé les gens du Protocole de Sion ? Ou, plus simplement, parce que nous ne savons pas que, par définition, le savoir-vivre veut dire le meilleur plus souvent que le pire. J. I.