Le hasard, comme j’aime ce mot, car il vous met dans des situations que vous n’auriez jamais imaginées.
Voilà que le hasard me conduit à feuilleter un livre de photos de Beyrouth datant des années 60. J’y découvre mon enfance, avec une foule de souvenirs. Et voilà que les images se bousculent dans mon esprit pendant que je dévore tous ces récits sur le Beyrouth d’avant-guerre.
Je ferme les yeux, hume l’atmosphère et comme une machine remontant le temps, je me retrouve enfant puis adolescent à Beyrouth, mon Beyrouth d’avant, le vrai, le seul, l’unique.
Où commencer, il y a tellement de choses et d’anecdotes à raconter…
Enfant, ma mère, suissesse d’origine, m’emmenait tous les samedis au centre-ville. Cela commençait par la Pâtisserie suisse, sise en face de l’église des Capucins, pour y déguster des gâteaux en forme de pomme de terre. L’étape suivante, obligatoire concernant ma mère, passait par l’ABC tout proche, où je m’émerveillais de voir tous ces articles, spécialement les rutilantes billes géantes importées d’Europe. La promenade se poursuivait par un arrêt, tout aussi primordial, chez Donald Duck pour y admirer les derniers modèles de voitures miniature Dinky Toys et Matchbox
Si j’avais été sage et obéissant durant la semaine, j’avais droit à une coupe de fraises nappées de crème fouettée chez Semiramis, en face de l’épicerie fine Émile où l’on achetait des yaourts aux fruits venus en droite ligne de Suisse.
Le parcours s’achevait par un lèche-vitrines nonchalant dans les souks Tawilé et Ayass.
Plus tard, adolescent, il me fut permis de descendre en ville seul. J’en profitais pour arpenter les rues et découvrir toutes ses allées et chemins. Ma première étape était à la librairie Antoine de Maarad, où j’achetais le dernier numéro de Pilote. M. Naufal se trouvait toujours là, accueillant ses clients avec un immense sourire. L’été, je me dirigeais vers la place des Martyrs pour siroter un jus de canne à sucre, puis de là, direction le magasin de Kaïssar Amer, roi des feux d’artifice, pour y admirer les derniers feux de Bengale. La cacophonie qui régnait dans ce quartier était indescriptible, les chauffeurs de taxi hélant les passants, les marchands ambulants vantant leur marchandise, les klaxons et cette foule d’anonymes...
Mes souvenirs pourraient noircir des pages entières, mais voilà que je rouvre les yeux pour découvrir le vide autour de moi, ma ville n’est plus, elle a rendu l’âme. Que deviendra-t-elle, qu’en restera-t-il ? Je ne sais pas, je ne sais plus, il ne me reste que des souvenirs, que la folie des hommes ne pourra pas effacer.
La tâche sera difficile pour nous tous Beyrouthins mais non insurmontable, notre ville retrouvera grâce à la bonne volonté des hommes son visage lumineux d’antan. Je le sais. J’en suis certain.
Dr Riad el-ALAILI
Membre du conseil municipal
de Beyrouth
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Le hasard, comme j’aime ce mot, car il vous met dans des situations que vous n’auriez jamais imaginées.
Voilà que le hasard me conduit à feuilleter un livre de photos de Beyrouth datant des années 60. J’y découvre mon enfance, avec une foule de souvenirs. Et voilà que les images se bousculent dans mon esprit pendant que je dévore tous ces récits sur le Beyrouth d’avant-guerre.
Je ferme les yeux, hume l’atmosphère et comme une machine remontant le temps, je me retrouve enfant puis adolescent à Beyrouth, mon Beyrouth d’avant, le vrai, le seul, l’unique.
Où commencer, il y a tellement de choses et d’anecdotes à raconter…
Enfant, ma mère, suissesse d’origine, m’emmenait tous les samedis au centre-ville. Cela commençait par la Pâtisserie suisse, sise en face de l’église des Capucins, pour y...
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