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Actualités - RENCONTRE

Rencontre - La conservatrice en chef du musée des beaux-arts de Montréal prépare un partenariat avec le musée Sursock Nathalie Bondil: L’ouverture aux autres, le partage et la convivialité… dans l’art (photo)

Le musée Sursock est en train de mettre sur pied des projets en partenariat avec le musée des beaux-arts de Montréal. La conservatrice en chef de ce dernier, Nathalie Bondil, est à Beyrouth pour « enfiler les perles du collier » selon ses propres termes, en vue de préparer la venue d’un artiste canadien contemporain rue Sursock et d’organiser, en contrepartie, une exposition d’icônes à Montréal. Historienne de l’art, conservatrice du patrimoine en France, Nathalie Bondil a traversé l’Atlantique pour découvrir de nouveaux horizons, relever de nouveaux défis. Au départ, c’était parti pour deux ans. «L’expérience au musée de Montréal s’est révélée tellement formidable que j’y suis depuis cinq ans», lance-t-elle. La conservatrice précise que tout contribue à rendre son poste enrichissant et épanouissant: «L’harmonie dans le travail d’équipe, la possibilité de monter des expositions diverses, l’ouverture d’esprit du peuple, la facilité avec laquelle les projets sont mis en œuvre.» «Le musée est une institution très dynamique, enthousiaste, motivée, qui fonctionne comme un organisme privé même si nous sommes subventionnés à 50% par la Province. Cela nous confère une très grande liberté d’esprit et d’action», souligne Nathalie Bondil. Premier musée de la capitale culturelle du Canada, le plus ancien et l’un des plus importants, il a bâti sa réputation autant sur ses magnifiques collections que sur ses grandes expositions temporaires au rayonnement international. Au cours de ses cent quarante années d’existence, le musée des beaux-arts de Montréal a rassemblé plus de 30000 objets, peintures, sculptures, dessins, estampes et objets d’art décoratifs, dressant un portrait de l’évolution des arts dans le monde depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. De sorte qu’aujourd’hui, ce musée, qui possède non seulement une importante collection internationale de peintures et de sculptures, mais également une magistrale collection d’arts décoratifs européens et nord-américains, s’impose comme l’un des fleurons du pays, mais également d’Amérique du Nord. Des œuvres de maîtres européens Le musée des beaux-arts de Montréal est en effet réputé pour ses collections d’art québécois et canadien, inuit et amérindien, mais aussi d’œuvres de maîtres européens. Au nombre des artistes représentés, mentionnons Rembrandt, Rubens, Mantegna, Le Greco, Renoir, Monet, Cézanne, Picasso, Matisse, Dali. Les artistes canadiens majeurs tels que Morrice, Borduas, Riopelle, Laliberté y sont présents en grand nombre. Le musée peut aussi s’enorgueillir de posséder l’une des plus importantes collections d’arts décoratifs du Canada et des États-Unis. Dans ce domaine, citons une imposante collection d’argenterie ancienne, de porcelaine anglaise, ainsi que le plus grand ensemble au monde (plus de 3000 pièces ayant appartenu à Georges Clemenceau) de boîtes à encens japonaises. Enfin, en 2000, le musée a bénéficié d’un don exceptionnel: la collection de design contemporain de Liliane et David M. Stewart, qui composait auparavant la collection du musée des arts décoratifs de Montréal. Le musée est également réputé pour ses grandes expositions temporaires internationales. Il a ainsi accueilli en 2001, après la galerie du Jeu de Paume de Paris et avant le musée Picasso de Barcelone, la magnifique exposition «Picasso érotique» qui a attiré 195000 visiteurs. Le musée est également l’initiateur de l’exposition «Hitchcock et l’art», présentée aussi au Centre Georges Pompidou à Paris, et a présenté une grande rétrospective sur Vuillard, dont son directeur Guy Cogeval, ancien directeur du musée des monuments français au palais de Chaillot à Paris, est un spécialiste. Grâce à une programmation forte et variée, ce grand musée a ainsi vu sa fréquentation annuelle presque doubler en vingt ans, passant de 344384 visiteurs en 1980 à 630926 en 2000. Le partenariat avec le musée Sursock Mais comment est née l’idée de ce partenariat avec un musée libanais? «C’est, en fait, grâce à Élie Chaïb que ce lien a pu se nouer», estime Bondil. Membre du comité ad hoc de financement du musée des beaux-arts de Montréal, l’homme d’affaires d’origine libanaise indique que le déclic a eu lieu dans sa tête lorsqu’il a assisté à une magnifique exposition intitulée Tanagra. «C’est après avoir vu comment le musée de Montréal a su mettre en valeur d’une façon exceptionnelle tous ces objets de l’Antiquité que j’ai tout de suite pensé aux richesses de mon pays qui gagneraient à être exposées de la sorte, souligne Élie Chaïb. Je me suis alors demandé, avec mon collègue Farid Andraos, pourquoi ne pas établir un traité de jumelage, d’amitié ou d’échange entre des musées libanais et le musée de Montréal.» Après avoir rencontré et obtenu l’aval du directeur du musée, M. Cogeval, il propose l’idée à Frédéric Husseini, le directeur de la DGA au Liban. «Ce dernier m’a orienté vers Loutfallah Melki, précise Chaïb. On s’est rencontrés une première fois et il a manifesté un grand enthousiasme. Les échanges entre MM. Melki et Lamare, le président du musée montréalais, se sont ensuite faits par courrier.» Melki souhaite que beaucoup de Libanais à l’étranger prennent l’initiative de Chaïb. «C’est un exemple qu’il faut donner à nos amis expatriés, souligne-t-il. Ils essaient de tisser des liens avec leur pays d’origine, d’enrichir sa culture.» Nathalie Bondil reprend la parole pour souligner que «le musée de Montréal a la réputation d’être éclectique et d’attirer toutes sortes d’expositions, aussi diverses les unes que les autres. Nous avons ainsi organisé des expositions avec le musée Pompidou, le Metropolitan de New York, la National Gallery de Washington, la Royal Academy de Londres, l’Ermitage de Saint-Pétersbourg…» Pourquoi pas à Beyrouth? se sont demandé les Canadiens. «C’est vrai qu’il y a une forte présence libanaise au Canada et qu’il existe ce réseau de la francophonie qui nous unit, précise Nathalie Bondil. Notre musée étant encyclopédique, c’est-à-dire qu’il ne se limite pas à un domaine précis, nous avons envisagé d’une manière favorable la tenue d’une exposition d’icônes dont le propriétaire est libanais. Puis, en contrepartie, la tenue à Beyrouth d’une exposition d’un artiste canadien contemporain.» L’exposition des icônes se tiendrait en 2008. Celle du Canadien au musée Sursock pourrait se faire aussitôt que les modalités administratives et financières auraient été finalisées. «Notre musée privilégie, tout comme le musée Sursock, l’ouverture aux autres, le partage et la convivialité. Véritable état d’esprit, qui conditionne l’ensemble des activités des deux partenaires, cette ouverture au monde constitue aujourd’hui le fondement de la collaboration entre les deux institutions», conclut Nathalie Bondil. Les musées sont des lieux de culture, des lieux de savoir, des lieux d’éducation, des lieux de dialogue et d’intégration. Il faut voir, dans ce partenariat, un bel exemple de cette mission. Maya GHANDOUR HERT
Le musée Sursock est en train de mettre sur pied des projets en partenariat avec le musée des beaux-arts de Montréal. La conservatrice en chef de ce dernier, Nathalie Bondil, est à Beyrouth pour « enfiler les perles du collier » selon ses propres termes, en vue de préparer la venue d’un artiste canadien contemporain rue Sursock et d’organiser, en contrepartie, une exposition...