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Actualités - OPINION

Présence syrienne - Taëf contourné depuis 1992 Les arguments du pouvoir, objets de vives critiques

Aux termes des accords de Taëf, la Syrie aurait dû retirer ses troupes du Liban dès 1992. Pour en justifier le maintien, les dirigeants du cru soutiennent que cette présence militaire syrienne est toujours nécessaire au maintien de la stabilité et de la sécurité internes. Sans qu’aucun des gouvernements qui se sont succédé en 14 ans n’ait essayé d’élaborer un calendrier-programme de retrait, comme le voudrait le bon sens le plus élémentaire. C’est ce que relève un dignitaire religieux. Les dirigeants ne se sont, visiblement, jamais posé la question. Et ne semblent pas réaliser qu’il est de leur devoir le plus absolu de faire en sorte que ce pays se prenne lui-même en charge. Sur tous les plans, dont le sécuritaire. Une responsabilité d’autant plus évidente qu’en principe le Liban ne manque pas, ne manque plus, des moyens d’assurer l’ordre sur l’ensemble de son territoire par le truchement de ses forces propres. Tout au contraire, et sans fausse honte, ces cadres ne cessent d’affirmer qu’en cas de départ des Syriens, la paix civile s’effondrerait et la sécurité serait balayée. Ainsi, 25 ans de tutelle ne leur suffisent pas. Alors même que, sans crainte de se contredire, ils se félicitent du haut niveau atteint par notre armée nationale. La personnalité religieuse citée répète que si les gouvernements successifs avaient veillé à l’application des clauses de Taëf délimitant les conditions d’une présence militaire syrienne, il n’y aurait pas eu de levée de boucliers locale à ce propos. Ni d’intervention pressante des États-Unis puis du Conseil de sécurité de l’Onu. De plus, le laxisme officiel prolongé a fini par provoquer un clivage entre les Libanais. À la longue, beaucoup de carrières politiques se sont retrouvées liées au maintien de la présence syrienne. Une dérive de dépendance qui atteint des sommets quand les partisans d’une saine indépendance se voient reprocher de se faire les complices des États-Unis, voire d’Israël. Revenant sur l’argument de la stabilité, le dignitaire en question note qu’en l’avançant, on met non seulement le doigt sur l’incapacité des dirigeants locaux, mais aussi sur l’échec de la tutelle syrienne. Censée mener le Liban à maturité, puisqu’ils sont maîtres absolus du jeu, les décideurs n’ont pas su (ou pas voulu) le doter d’institutions lui permettant de se mettre sur pied, pour marcher tout seul. Le fait qu’on considère leur maintien comme toujours indispensable est une honte en soi pour le pouvoir local. Et un aveu d’échec, ou d’incapacité, pour des « éducateurs » dignes de ce nom. Ainsi, au lieu que le retrait soit un thème de jonction entre les Libanais, ce qui aurait été le cas si la procédure avait suivi son cours normal, il les divise. Comme le culte des intérêts peut si facilement le faire. Émettant ensuite un vœu pieux, ce qui est bien normal pour un religieux, cette personnalité invite le chef de l’État à mettre à profit l’excellence de ses relations avec les Syriens pour régler la question de leur présence militaire. En toute compréhension et confiance mutuelle. Cela afin que, munies de ce viatique de chaleureux remerciements mentionné dans Taëf, les troupes en question se retirent. Les forces armées nationales se déployant alors sur l’ensemble du territoire, et neutralisant ces îlots d’insécurité qui couvent en présence des Syriens. Comme un microbe assigné à résidence, pour justifier le recours au médecin syrien, présenté comme étant seul capable d’endiguer le mal. Le dignitaire religieux cité conclut en soulignant que le régime prorogé doit réaliser qu’il faut œuvrer pour le retrait syrien. Car cela constitue une solution et non un problème. Émile KHOURY
Aux termes des accords de Taëf, la Syrie aurait dû retirer ses troupes du Liban dès 1992. Pour en justifier le maintien, les dirigeants du cru soutiennent que cette présence militaire syrienne est toujours nécessaire au maintien de la stabilité et de la sécurité internes. Sans qu’aucun des gouvernements qui se sont succédé en 14 ans n’ait essayé d’élaborer un...